Basile Amenuveve : ‘l’étudiant Togolais est mature et comprend la nécessité des infrastructures’

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Les escalades de violences sur fonds d’arrestations d’étudiants se font récurrents ces derniers jours à l’Université de Lomé. Pendant que tous les yeux sont braqués sur l’actualité politique, le front social est également agité. La jeunesse est l’avenir de la nation, scandent très souvent les Hommes politiques. Basile Amenuveve, Secrétaire Général de la Synergie des Élèves et Étudiants du Togo(SEET), étudiant à l’Université de Lomé nous éclaire sur la plateforme revendicative de cette jeunesse universitaire, des réclamations de longue date qui n’en finissent pas avec des lots victimes tout le long de l’histoire du pays.

Bonjour, pouvez-vous décliner votre identité à nos lecteurs?

Bonjour, je réponds au nom de Basile AMENUVEVE, je suis le Secrétaire général de la Synergie des Élèves et Étudiants du Togo(SEET). C’est une organisation estudiantine à caractère syndical qui a pour but d’œuvrer à l’amélioration des conditions de vie et d’études de la jeunesse estudiantine et scolaire du Togo. Dans le but d’éviter des amalgames autours de l’association, les membres du bureau exécutif ont en première position constitué les dossiers pour se faire enregistrer au ministère de l’Administration territoriale de la Décentralisation et de Collectivités locales le 10 septembre 2018.

Comment la SEET perçoit l’éducation en général au Togo?

L’éducation Togolaise est en panne. C’est pourquoi il faut une véritable réforme dans ce secteur clé.

Faites-nous le point sur la situation à l’Université de Lomé

Il faut noter qu’il y a urgence de répondre aux légitimes revendications des étudiants: la reprogrammation des examens dans chaque faculté, l’augmentation des allocations et bourses, accélération de la construction des amphis, l’offre des stages à tous les étudiants en fin de parcours, la mise à la disposition de deux bus par artère.

Et tout récemment, la police universitaire a assiégé le campus de Lomé avec une barbarie sans précédente. Deux (2) étudiants toujours en détention à un endroit inconnu. Et une intervention musclée de la police et de la gendarmerie nationale. Ce qui explique une énième violation de la franchise universitaire

L’intervention des forces de l’ordre (police et gendarmerie) n’est-elle pas nécessaire pour éviter des escalades de violence et la destruction des infrastructures universitaires par des étudiants mécontents?

Non pas du tout, l’étudiant Togolais est mature et comprend la nécessité des infrastructures. C’est la provocation policière et la volonté manifeste des autorités qui occasionne des mécontentements. Quand on ne répond pas aux besoins de la jeunesse, au moins qu’elle manifeste librement son mécontentement ! C’est aussi ça la démocratie et l’état de droit.

L’équipe dirigeante actuelle de l’Université de Lomé, sous l’égide du prof. Dodzi Kokoroko brandit néanmoins un certain nombre d’acquis et pense mieux faire avec le temps. Est-ce que les syndicats et mouvement estudiantins n’en feraient pas de trop?

Depuis l’arrivée du Prof Dodzi KOKOROKO, on note effectivement des avancées que nous saluons de passage. Cependant les besoins restent énormes et nous, en tant que syndicat, revendiquons les besoins les plus urgents. Nous n’avons aucune intention d’en faire de trop. Nous restons juste soucieux des meilleures conditions d’études.

Quels sont exactement ces besoins urgents? Faites en liste détaillée

Il est question de la reprogrammation des examens dans chaque unité d’enseignement, l’offre des stages à tous les étudiants en fin de parcours, l’augmentation des allocations et bourses respectivement à 22.000f et 32.000f par mois suivi de la suppression des critères d’âge pour leur obtention. Il faut aussi parler de l’équivalence entre la licence du système LMD à celle du classique, la mise à la disposition de deux bus par artère, la construction des amphis et cités conformément aux besoins de l’heure. La levée des mesures allant à l’encontre des libertés de manifestations et regroupement sur le campus de Lomé, la réduction du frais de l’ordinateur du projet Galilée à 80.000f CFA.

De même, la reprise des dispositions nécessaires pour éviter les agressions physiques et psychologique envers les étudiants par la police et la gendarmerie

Que disent l’administration universitaire et le gouvernement face à cette plateforme?

Les autorités se disent disponible à toutes discussions, mais restent irréalistes devant les faits. Il faut donc s’afficher plus positif pour assurer la sérénité et la bonne continuité des activités. C’est également l’occasion pour moi d’inviter expressément les autorités universitaires et gouvernementales à ouvrir dans un bref délai des discussions sérieuses envers les syndicats des étudiants et des enseignants pour une sortie définitive de cette crise qui constitue une honte pour notre pays.

Comment avez-vous ressenti la grève des enseignant-chercheurs?

Oui légèrement. Et ça constitue une autre revendication des étudiants. Que les autorités réagissent à temps. Les étudiants vont décider de la conduite à tenir ce mardi à l’auditorium de l’Université. Nous n’allons pas tomber dans ce jeu de faire dormir les revendications de autorités. On sera plus stratégique et plus diplomatique.

Nous, nous demandons la libération des camarades arrêtés car ils ont tous droit à l’examen tout comme nous. Et la SEET réaffirme sa préoccupation pour leur libération.

Je félicite les étudiants pour leur détermination et j’invite les autres associations à des actions convergentes. Aux autorités de donner satisfaction aux revendications et respecter la franchise universitaire.

Propos recueillis par A. Lemou

Source : www.icilome.com