Banque privée HSBC / Scandale Swissleaks : Patrice Yao Kanekatoua, le baron togolais planqué derrière le compte secret « 33863 KY » en Suisse

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Banque privée HSBC / Scandale Swissleaks : Patrice Yao Kanekatoua, le baron togolais planqué derrière le compte secret « 33863 KY » en Suisse


Au début des années 2000, la banque privée suisse HSBC a hébergé discrètement des comptes offshores de plus de 100. 000 fortunes parmi les plus grosses du monde. Parmi ces fortunés, le journal Le Monde a identifié « des trafiquants d’armes ou de stupéfiants, des financiers d’organisations terroristes ». Il faudra désormais y compter un Togolais, au cœur du pouvoir de Lomé, qui a aussi dissimulé ses avoirs en Suisse. Enquête !

Février 2005. Le Togo traverse une période très sensible de son histoire. Celui qui avait dirigé d’une main de fer le pays pendant 38 ans venait de décéder le 5 dudit mois, laissant derrière lui un pays en proie à toutes sortes d’incertitudes. Alors que l’armée tente de confier par la force le pouvoir au fils du dictateur, des contestations s’élèvent dans le pays et au niveau international. Jamais le pouvoir n’a autant tangué. Le contexte est explosif. Les cadres dirigeants cherchent à sécuriser leurs biens et avoirs, à l’étranger.

Le pays étant sous de fortes tensions politiques, les funérailles de Gnassingbé Eyadèma n’étant même pas encore organisées, l’un de ses hommes de confiance, Patrice Yao Kanekatoua décide de confier une partie de sa « fortune » à une banque qui offre des services personnalisés en Suisse. Il rencontre discrètement un agent de la banque privée suisse HSBC, à Bamako, au Mali. D’abord le 23 février, puis le 02 mars. Les deux personnes font la situation des mouvements sur le compte secret appartenant au Togolais et procèdent, sur place, à une opération d’une valeur de 300.000 euros, soit près de 200 millions de francs CFA. Au banquier, l’agent public togolais promet « par ailleurs, adresser un virement dans un mois afin de porter son compte à 1 millions d’euros », soit plus de 655 millions de nos francs. L’affaire est conclue. Le Directeur de la Banque Togolaise pour le Commerce et l’Industrie (BTCI), banque d’intérêt public en proie à de sérieuses difficultés, et aussi président du Conseil d’Administration de l’entreprise publique de Télécommunications Togo Telecom, retourne à Lomé, rassuré.

Des mois durant, celui qui, jusqu’en 2004, était aussi membre du Conseil d’Administration d’une « Société Internationale Financière pour les Investissements et le Développement en Afrique », filiale suisse d’une société luxembourgeoise, a du mal à réussir son opération de transfert d’argent en Suisse. Il s’agace. Entre-temps, le fils d’Eyadèma réussit, avec l’appui de l’armée, à s’installer au pouvoir de façon certaine, au prix d’un bain de sang. Ses proches et les anciens collaborateurs de son père sont désormais plus sereins, pour eux-mêmes, et pour leurs biens et avoirs.

En décembre de la même année, Kanekatoua décide de rencontrer à nouveau son banquier. Cette fois, le pays étant plus calme, la rencontre se fait discrètement à Lomé. Ils font le tour de la question et évoquent des entraves à l’opération et des « difficultés » dues à des « restrictions imposées par la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest ». Toutes ces rencontres sont documentées par l’agent de la banque suisse et rapportées dans une base de données conservées très discrètement en Suisse.

Le compte qui était destinataire du transfert à HSBC est secret et porte le nom de « 33863 KY ». Le client, un Togolais, né selon son passeport le 29 mai 1949 à Tchalo dans le Tchaoudjo, s’est bien assuré que rien ne vienne trahir la confidentialité et l’opacité censées couvrir les mouvements sur ce compte. En dehors du discret « KY » qui termine les 5 chiffres, l’identité réelle est soigneusement dissimulée. Les relevés bancaires et correspondances liés aux transactions sur ledit compte, le client Yao Kanekatoua, le détenteur du compte, a choisi de les « bloquer en banque ». Aucune trace ne devrait être aperçue au Togo. Autant de services qu’on ne peut s’offrir qu’avec des banques spécialisées dites « banque privées » et dont les prestations ne sont nullement réservées à des clients ordinaires.

« La banque privée propose une gestion personnalisée haut de gamme aux particuliers, aux familles et aux entrepreneurs qui détiennent des avoirs financiers ou un patrimoine importants », renseigne le site spécialisé www.cbanque.com. La banque privée HSBC compte au sein de sa clientèle les plus grosses fortunes du monde. Parmi elles, le journal Le Monde cite « des trafiquants d’armes ou de stupéfiants, des financiers d’organisations terroristes ». A ce lot, il faudra ajouter le Togolais Yao Kanekatoua.

Contacté au sujet de ce compte, le banquier togolais de 69 ans nie tout, se présentant blanc comme neige. « On n’était pas des banquiers millionnaires ou milliardaires pour avoir des comptes ici et là. On était des banquiers salariés », se défend-t-il, depuis Paris où il dit séjourner pour des soins.

« Je n’ai jamais eu cette restriction (Ndlr : de la Banque centrale), je n’ai jamais rencontré personne de HSBC. Je n’ai rien à cacher. Je suis transparent », a ajouté l’actuel directeur de l’Office du patrimoine immobilier du Togo à l’étranger. Il ne reconnait qu’un ancien compte à Paris sur lequel il déposait « des économies personnelles… pour des séjours en France ».

Et pourtant, les documents retrouvés dans la base de données de la très sélecte banque suisse attestent le contraire des propos du baron togolais qui n’a jamais daigné répondre au questionnaire introduit à son bureau de Lomé par le journal L’ALTERNATIVE. Mais, surpris par un coup de fil venant des USA, depuis les bureaux du Consortium International des Journalistes d’Investigation (ICIJ), Kanekatoua s’est plutôt réfugié derrière une négation noyée dans une série de réponses confuses, préférant prendre une posture de nécessiteux : « D’ailleurs aujourd’hui, j’ai de graves besoins financiers, je tire la langue ».

Toutes les informations relatives aux transactions financières de celui qu’on présente, au Togo, comme « le banquier du pouvoir » resteraient secrètes si, en 2008, l’informaticien franco-italien, ex-agent de la banque suisse HSBC, Hervé Falciani, n’avait pas décidé de faire fuiter plus de 60.000 documents très soigneusement conservés jusque-là par l’établissement financier. Ces documents, il les remet d’abord aux autorités françaises, puis au journal français Le Monde, qui à son tour va les partager avec le Consortium International des Journalistes d’Investigation (ICIJ) basé aux Etats-Unis mais dont les membres et partenaires (dont L’Alternative) sont situés partout dans le monde.

Le scandale lié à la banque privée suisse HSBC a choqué le monde. « La banque suisse fournit une couverture pour conspirer contre le bien public, exacerbant le risque de corruption », analyse Alex Cobham, PDG de l’organisation internationale Tax Justice Network, et d’ajouter que « le secret offert par des comptes en Suisse n’attire pas les gens qui font des affaires légitimes».

Baptisé de « Swissleaks », le scandale est révélé en 2015 par ICIJ et ses partenaires. « Les Swissleaks ont révélé que la HSBC Private Bank en Suisse avait systématiquement fermé les yeux sur toutes sortes de règles et de normes bancaires pour des suspects criminels internationaux et des kleptocrates nationaux, ainsi que des politiciens de plus de 15 pays dans chaque région du monde, tout en offrant explicitement des services pour contourner les exigences normales de transparence et de déclaration », s’indigne Alex Cobham de Tax Justice Network.

Si Kanetakoua préfère recourir à la stratégie de la dénégation, de son côté la banque HSBC, plus contrite tout de même, se refuse à tout commentaire sur ses clients et activités de début des années 2000. Laissant transparaître un aveu de culpabilité, elle se contente de promettre que ses pratiques ont désormais changé. « Depuis 2011, HSBC a radicalement remodelé ses activités de banque privée mondiale et a mis en œuvre des réformes visant à empêcher que ses services bancaires privés ne soient détournés à des fins de criminalité financière. Entre autres étapes, la banque privée a renforcé ses capacités de lutte contre le blanchiment d’argent, y compris les procédures de meilleure connaissance du client, et les clients qui ne respectent pas nos normes élevées sont éjectés », déclare Gillian James, un porte-parole de la banque contacté depuis son siège, à Londres.

Yao Kanekatoua et le contexte socio-politique de 2003 et 2005 au Togo

En décembre 2003, quand Yao Kanekatoua créait ce compte secret avec la HSBC, il venait d’être nommé, Directeur Général de la BTCI, et un an plus tôt, Président du Conseil d’administration de Togo Telecom. Au niveau national, le contexte politique est marqué, en ce temps-là, par des bruits d’une santé de plus en plus chancelante du président dictateur Gnassingbé Eyadéma, après 36 ans déjà de pouvoir sans partage.

En août 2003, quatre mois seulement avant l’ouverture du compte « 33863 KY », Kanekatoua fait partie d’un voyage dont l’issue est redoutée par les partisans du régime. Eyadema est atteint par une tumeur et, cette fois, il est particulièrement fragilisé au point d’être évacué dans un hôpital à Milan, en Italie. Le magazine Jeune Afrique, très introduit au palais présidentiel de Lomé 2, rapporte ce voyage sur son site : « Pour ce voyage qu’il (Ndrl : Gnassingbé père) a voulu discret, seuls l’accompagnent une poignée de fidèles : Moussa Barry Barqué, son conseiller spécial, PitangTchalla, son ministre de la Communication, le général Gnonfam, vieux grognard devant l’Éternel, et Yao Patrice Kanekatoua, le patron de la Banque togolaise pour le commerce et l’industrie (BTCI). Deux de ses fils sont également du voyage : Faure, nouveau ministre de l’Équipement, des Mines et des Postes(Ndlr : actuellement au pouvoir), et Kpatcha, Directeur Général de la zone franche de Lomé. »

La présence dans ce lot de très proches fidèles de Yao Kanekatoua indique le rôle qui était le sien, lui économiste, autour d’Eyadema. D’ailleurs, il restera patron de la banque publique BTCI jusqu’à la mort de ce dernier en 2005, sans que son poste ne soit inquiété malgré l’effondrement de l’institution sous sa gestion. Kanetakoua est bien évidemment un fidèle des fidèles autour des Gnassingbé et cadre du parti au pouvoir, autrefois Rassemblement du Peuple Togolais (RPT) devenu Union Pour la République (Unir). Mais, aujourd’hui, quand on lui pose la question sur ses relations avec la famille Gnassingbé qui dirige le pays depuis plus d’un demi-siècle, l’homme a du mal à assumer, refusant carrément de répondre.

Le séjour d’Eyadema dans un hôpital italien en 2003 a duré une dizaine de jours et sera suivi d’un retour discret à Kara, puis d’une reprise en mains progressive du gouvernail du pays. Le 05 février 2005, moins de deux ans après, il va rendre l’âme, après 38 ans de règne de fer. Sa disparition plonge le pays dans une crise politique sans précédent. Apeurés, les siens paniquent dans un premier temps avant de reprendre confiance, après s’être assurés d’avoir réussi à conserver les affaires.

La gestion et les affaires Kanekatoua

En 2005, pendant que Kanekatoua cherchait à transférer plus de 650 millions de franc CFA en Suisse, il était Directeur de la Banque Togolaise pour le Commerce et l’Industrie. Il était aussi Président du Conseil d’Administration de Togo Telecom, deux sociétés d’Etat qui, sous lui, ont sombré. La BTCI, faute de repreneur privé, est actuellement sur le point d’être fusionnée à l’Union Togolaise de Banque (UTB), comme l’a déjà été, l’année dernière, Togo Telecom avec sa filiale du mobile Togocel pour devenir Togocom. Les deux importantes entreprises publiques ont connu le même sort : mauvaise gestion et faillite !

Pendant que Kanekatoua planquait des centaines de millions sur un compte en Suisse, la banque publique dont il avait la direction sombrait sous le poids d’une mauvaise gestion. «Mauvaise gouvernance d’entreprise, recrutements d’incompétents, octroi de crédit sans prise de mesure, détournement de fonds, création de société écran », résume Thomas Koumoun, économiste et président du think-thank togolais « Veille économique ».

Yao Kanekatoua a été muté de la tête de la BTCI en 2008, année à laquelle l’établissement a été immédiatement engagé dans un processus de privatisation. Dix ans après, le processus n’a toujours pas abouti. En quittant la direction de la banque, l’économiste a laissé derrière lui un établissement totalement en ruine. Tellement en ruine que, contrairement aux autres banques publiques qui ont pu, elles, trouver repreneurs privés ces dernières années, les tentatives de sa privatisation n’ont intéressé aucun investisseur. Conséquence, l’Etat et le Fonds Monétaire International (FMI) ont convenu, en 2017, de la fusionner avec l’Union Togolaise de Banque (UTB), une autre banque publique, pour créer une nouvelle entité.

Mais avant la poursuite du processus de fusion, le FMI exige un audit de ces deux banques et une étude sur l’évasion fiscale. « En ce qui concerne l’évasion fiscale, plus besoin d’audit coûteux, les pistes sont là, claires pour remonter directement aux fraudeurs et renflouer immédiatement les caisses de l’État. Tous les marchés publics sont connus, mêmes ceux qui n’ont pas fait l’objet d’appels d’offres. Tous les attributaires sont donc connus, les paiements qu’ils ont reçus au titre de ces marchés peuvent facilement être retracés sur les comptes du Trésor Public ou dans les banques domiciliataires de ces marchés. On peut donc ainsi connaître ces attributaires de marchés aussi bien publics que privés qui n’ont pas payé les taxes et impôts sur les marchés ainsi que tous les fonds qui ont fait l’objet de transferts frauduleux à l’étranger », a commenté en août 2017, dans une tribune publiée sur Internet, Blaise AyaoAmoussou-Kpeto, expert togolais en Banque et Finances.

De la tête de la BTCI, Yao Kanekatoua a trouvé un autre point de chute. Il est nommé à un autre poste stratégique pour la famille Gnassingbé. Malgré les résultats de ses gestions précédentes, il est désormais fait Directeur d’un curieux Office du Patrimoine Immobilier du Togo à l’Étranger (OPITE). Cette nomination, l’ancien ministre des Affaires étrangères du Togo en ce moment, le Professeur Léopold Gnininvi, cité dans L’Alternative, s’en souvient. Plusieurs diplomates étrangers en poste à Lomé s’étaient offusqués du fait qu’on parachute l’homme des mauvaises gestions et faillites à un autre poste sensible, en toute impunité. Mais rien n’y fit, le « banquier des Gnassingbé» a conservé, et ce jusqu’à ce jour, le poste, qui lui permet de tenir un répertoire des biens immobiliers du pays (et/ou des Gnassingbé) à l’extérieur. Et de les gérer probablement dans l’intérêt de ceux qui l’ont nommé.

Pendant qu’il était à la tête de la BTCI, Kanekatoua était au carrefour des intérêts de plusieurs sociétés d’Etat. La banque avait pour principaux actionnaires, en dehors de la participation directe de l’Etat et de quelques personnes physiques privées, la Société togolaise du Coton (Sotoco) et l’Office Togolais des Phosphates (OTP). Ces deux sociétés étaient aussi les gros clients de l’établissement. Elles ont, elles aussi, toutes sombré, tout comme la BTCI. Elles ont d’ailleurs été dissoutes pour créer de nouvelles sociétés.

A la tête du Conseil d’Administration de Togo Telecom, de 2002 à 2013, Kanekatoua ne s’est pas privé, là aussi, de prendre des libertés avec les fonds publics, avec comme résultats, les mêmes dégâts. Togo Telecom a aussi connu sa faillite et, aujourd’hui, est fusionnée avec son ex-filiale Togocel pour former une nouvelle entité appelée Togocom.

Nommé le 22 novembre 2002 pour un mandat de 4 ans qui courrait jusqu’en novembre 2006, année à laquelle le mandat devait être renouvelé, Yao Kanekatoua a plutôt passé 11 ans à la tête du Conseil d’Administration de Togo Telecom. Non sans faire de dégâts, là aussi.

Dans un article publié le 28 octobre 2015 sur Togo Télécom, le journal Liberté commentait quelques constats d’un rapport d’audit de la Cour des Comptes : « Le conseil d’administration et son président (Ndlr : Yao Kanekatoua) ont péché dans le fonctionnement de la société. Dans le rapport d’audit (Ndlr : de la Cour des Comptes), les membres du CA devraient être remplacés le 21 novembre 2006, puisqu’élus pour un mandat de quatre ans. Ce qui n’a pas été fait. Le rapport fait cas de dépenses n’ayant aucun rapport avec l’objet de la société mais qui ont été autorisées. Le laxisme du président du Conseil d’Administration a permis à Sam Bikassam (Directeur Général de la société) de prendre des actes normalement soumis à l’autorisation préalable du CA, comme certaines commandes et le règlement de dépenses réalisées par d’autres administrations. Bien que Bikassam et les cadres de la société émargent au même titre que les membres du CA, ce qui est contraire aux textes, et que le commissaire aux comptes ait touché des jetons de présence le 3 septembre 2007, les montants de ces jetons ont été multipliés par deux aux séances du 19 avril et 3 septembre sans aucune justification, et sans que le président du CA y trouve à redire. Après tout, ce n’est pas l’argent de son père et peu importe qui en usent et en abusent ».

En juin 2015, pour se défendre des accusations de mauvaise gestion portées contre lui, Sam Bikassam, l’ex-DG, publie un droit de réponse dans la presse qui n’épargne pas le président du Conseil d’Administration, Yao Kanekatoua. Il révèle que ce dernier a même, en complicité avec le Directeur Financier, engagé des dépenses dans son dos. Au décès du père de Bikassam, Directeur de la société, selon ce dernier, le président du Conseil d’Administration et le Directeur Financier ont engagé des dépenses, prétendument attribuées à l’organisation des funérailles. L’ex-DG affirme que ces opérations étaient réalisées à son insu, et lorsqu’il en était informé, il s’était proposé de rembourser ces frais, mais qu’il en est dissuadé par les deux auteurs de la curieuse dépense.

La « minorité » et les « véritables hold-up financiers »

« Lorsque le plus petit nombre accapare les ressources au détriment du plus grand nombre, alors s’instaure un déséquilibre nuisible qui menace jusqu’en ses tréfonds la démocratie et le progrès », cet extrait du discours de Faure Gnassingbé datant du 26 avril 2012 restera l’une de ses citations les plus reprises dans l’opinion. Cette portion de phrase est perçue comme un aveu du premier magistrat du pays face au pillage des ressources publiques pays par une « minorité ».

Sous Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 13 ans, après 38 ans de son père, plusieurs scandales économiques engageant plusieurs milliards de francs CFA ont éclaté, impliquant plusieurs de ses proches collaborateurs. Mais jamais, ces derniers n’ont été tenus à rendre compte. A la rigueur, quelques-uns se voient changer de postes. Sans aucune sanction, ni administrative ni pénale.

« Saignée Financière : Flux financiers illicites en provenance de l’Afrique », c’est le titre d’une tribune de l’économiste togolais Yves ÉkouéAmaïzo publiée en mars 2017 sur la question des flux financiers illicites en Afrique et particulièrement au Togo. Le Directeur d’ « AfrocentricityThink Tank » fait une description sans complaisance de la situation des flux financiers illicites au Togo.

« Par sa politique ultralibérale et d’impunités offertes aux principaux fraudeurs et escrocs de tous genres dès lors que le régime y trouve un intérêt direct ou indirect, ce petit pays (Ndrl : Togo) arrive à générer en moyenne annuellement 59,51 milliards de $EU, à conserver en moyenne plus ou moins 2,7 milliards de $EU pour la gestion officielle (ou la mauvaise gestion, c’est selon) de l’Etat et moins du pays. Alors, il ne s’agit plus d’affirmer que les 56,81 milliards de $EU de flux financiers illicites annuels quittant le Togo sont des manque-à-gagner pour le développement du pays et le mieux-être de sa population », analyse-t-il avant d’asséner un : « Non, il s’agit d’un véritable hold-up financier ».

Heureusement, les Swissleaks ont dévoilé le nom caché de l’un des barons du Togo qui utilise un compte secret pour envoyer clandestinement ses « avoirs » à l’étranger, lui qui a eu accès à d’énormes sommes d’argent public et qui est au cœur du régime des Gnassingbé, d’Eyadema à son fils Faure. C’est sans surprise que Yao Kanekatoua, entre-temps devenu député de Unir, nie les faits. Mais qui d’autre aurait pu les commettre en son nom ? Le scandale #KanekatouaGate est désormais là !

Source : www.icilome.com