Bafilo : Ziedhine Traoré, mort dans une « bousculade » ou suite à des bastonnades par des militaires ?

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Ziedhine Traoré, le militant du PNP tué à Bafilo

C’est connu de tous depuis samedi dernier. La répression des manifestations du Parti national panafricain (PNP) par les forces de l’ordre, les militaires et par endroit par des individus à bord de véhicules banalisés, a fait un mort à Bafilo (au nord de Lomé). Dans la soirée de ce samedi, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, Yark Damehame confirme le décès de Ziedhine Traoré, militant du PNP, mais avec des explications sur les circonstances de ce décès, qui diffèrent des versions des témoins de la scène.

Ziedhine Traoré est décédé à la suite des bastonnades des militaires qui sont descendus dans la ville de Bafilo. C’est tout cas l’information qu’on a eue d’un habitant de la ville (contacté par téléphone), témoin de la scène, aux premières heures quand on a appris la nouvelle. Cette information sera confirmée plus tard par les responsables du parti de Tikpi Atchadam dans la soirée, à travers un communiqué qui a fait le bilan de la journée de ce samedi.

« Officiellement un mort. Monsieur Ziedhine Traoré, militant PNP résidant dans la ville de Bafilo, battu à mort par des militaires », a indiqué le parti dans son communiqué. Ceci confirme que ce militant est bien décédé à la suite des bastonnades.

Et le parti de Fulbert Sassou Attisso de renchérir, toujours dans un communiqué condamnant la situation qui a prévalu dans la journée de samedi. « Des villes de l’intérieur, notamment Bafilo où un jeune militant a été frappé jusqu’à ce que mort s’ensuive, Kpalimé et Sokodé ont été le théâtre de scènes de violences inouïes, animées par des hordes de militaires prompts à tout raser sur leur passage », a écrit Fulbert Attisso qui a demandé ensuite qu’une enquête soit ouverte afin de préciser les circonstances et les auteurs de la mort de ce jeune homme.

Ces sorties, en plus des témoignages recueillis auprès des populations de Bafilo et des proches de la victime dont la femme a accouché d’un petit garçon hier dimanche, confirment que Ziedhine Traoré a succombé à la suite des coups reçus des militaires qui ont toujours semé de la désolation dans les manifestations pacifiques. Des témoignages qui contredisent la version de Yark Damehame.

En effet, le ministre en charge de la Sécurité a indiqué dans la soirée de ce samedi que le militant du PNP serait mort à la suite d’une « probable bousculade ». Une hypothèse dont n’est pas sûr Yark Damehame.

« Un groupe de jeunes ayant quitté Soudou se sont lancés dans la rue de Bafilo pour rallier le centre-ville quand ils ont été dispersés par les forces de l’ordre et de sécurité. Malheureusement, on a enregistré un mort. Pour le moment, les circonstances de ce décès ne sont pas encore élucidées. Mais une chose est claire, il n’est pas mort par balle. Il se pourrait qu’il ait succombé dans une bousculade. Seuls les résultats du médecin légiste pourront nous situer », a déclaré Yark Damehame.

On se demande d’ailleurs si ce médecin légiste va donner un jour les résultats de ses expertises pour situer les Togolais. Ce doute persiste, parce qu’on connaît ce que deviennent généralement les enquêtes et autres autopsies des corps des Togolais tués lors des manifestations publiques au Togo.

Dans tous les cas, cet argument selon lequel Ziedhine Traoré serait décédé à la suite d’une « probable bousculade » ne convainc pas les Togolais. Des antécédents dus à des déclarations contradictoires et des communiqués remplis de contrevérités émanant du gouvernement dans de pareilles circonstances, confortent les uns et les autres dans leur doute.

Toutefois, l’on attend de voir si ce sera différent cette fois-ci. On comprend aussi que Yark Damehame veuille dédouaner les militaires, afin de ne pas attirer le mépris des populations à leur égard. Dans tous les cas, tuer un citoyen lors d’une manifestation pacifique a toujours été une violation grave des droits de l’homme.

I.K

Source : www.icilome.com