Avalanche de revendications de statuts particuliers : Après les enseignants et les gardiens de prison, les greffiers menacent

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Avalanche de revendications de statuts particuliers : Après les enseignants et les gardiens de prison,  les greffiers menacent

Les enseignants l’ont revendiqué avec insistance et arraché au moins une promesse de la part du gouvernement. Leur statut particulier serait adopté avant la fin de cette année, si l’on s’en tient aux déclarations du Premier ministre Komi Selom Klassou, dans la foulée de la crise qui a frappé de plein fouet le secteur de l’éducation, ces derniers mois. Et c’est une avalanche de revendications des statuts particuliers qui agite le front social.

Dans la semaine du 1er mai dernier, les surveillants de l’administration pénitentiaire ont exprimé leur ras-le-bol en refusant l’extraction des détenus des prisons pour leur comparution au tribunal. Pendant 72 heures, c’est un service minimum (qui se réduisait à des visites aux détenus, à procéder au déferrement et à la surveillance) qu’ils ont effectué dans les maisons d’arrêt.

Pas de stage de formation, pas d’évolution dans les grades depuis 2012, pas de prime, ils réclamaient de meilleures conditions de vie et de travail. Leur principale réclamation reste leur statut particulier. Les confrères de Rfi croient savoir que lors d’une rencontre, le jeudi 4 mai, avec une délégation des meneurs, le ministre de la Justice Puis Agbétomey a rassuré les grévistes de l’ouverture prochaine d’un dialogue plus inclusif et représentatif devant aboutir à un accord.

Pendant qu’on y est, c’est le Syndicat national des greffiers du Togo (SNGT) qui lance un mot d’ordre de grève de trois jours, les 22, 23 et 24 mai 2017, « reconductible si aucune solution idoine n’est trouvée » à leurs revendications portées depuis « plus de deux décennies ».

Les greffiers du Togo réclament aussi leur statut particulier et l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Le lundi 10 avril 2017, le SNGT et l’AGT (Association des greffiers du Togo) disent avoir adressé conjointement une plateforme revendicative au ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Réforme administrative et celui de la Justice chargé des relations avec les institutions de la République. De la part du gouvernement, c’est toujours le silence, bien qu’il ait été relancé le mardi 02 mai sur le même sujet. De quoi attiser la colère des hommes en toge qui décident de débrayer jusqu’à satisfaction.

A l’ordre de leurs revendications, l’adoption du texte portant leur statut spécial avec une revalorisation des primes et indemnités de rendement, de judicature, d’astreinte, de bibliothèque, de logement, de transport, de risques et de responsabilités et son décret d’application. Ils demandent que leur effectif «soit renforcé par des recrutements réguliers et à court terme, tout en assurant également la formation continue, pour un travail efficient et une justice performante ».

En conseil des ministres le 11 décembre 2015, le gouvernement a adopté un projet de loi portant Statut spécial des greffiers du Togo, qui a été soumis à l’étude à la commission des lois de l’Assemblée nationale. Mais, après bientôt deux ans, ce texte spécial qui devait régir leur corporation n’est toujours pas voté, obligeant ces auxiliaires de Justice à ravaler leur espoir.

« Malheureusement, à la célérité salutaire avec laquelle le gouvernement puis la commission des lois de l’Assemblée nationale ont traité ce projet de loi, a succédé un soudain coup d’arrêt, prolongeant ainsi le calvaire des greffiers du Togo », lit-on dans leur plateforme revendicative adressée au gouvernement. En sous-effectif, les greffiers qui sont au nombre de 194, retracent leur calvaire.« Ce chiffre comprend aussi bien les greffiers que les administrateurs des greffes. Le sous-effectif, le manque de locaux, l’insalubrité des locaux dans lesquels ils sont contraints de travailler, sont aujourd’hui à l’origine de la dégradation certaine des conditions de travail dans tous les greffes du Togo. A cela, il faut ajouter la surcharge de travail due à l’afflux important des contentieux ces dernières années. Le temps de travail, qui est aujourd’hui bien au-delà des 40h par semaine, accentue leurs peines sur le plan professionnel et la misère dans laquelle ils végètent. Ils travaillent aussi bien au bureau (plus de 50 heures par semaine) qu’à la maison et très souvent les week-ends. Cette situation perdure dans tous les greffes des Cours et Tribunaux du Togo, quand bien même certaines améliorations sont observables dans certaines juridictions. Les Greffiers œuvrent à ce que les tâches qui leur sont assignées soient exécutées dans un délai raisonnable et contribuent ardemment au bon fonctionnement du service public de la justice, ce au prix de lourds sacrifices voire aux dépens de leur famille. Fonctionnaires assermentés, ils accomplissent leurs tâches avec les faibles moyens mis à leur disposition, dans un cadre de travail en constante dégradation. Aussi, est-il important de renforcer les effectifs des Greffiers par des recrutements et assurer également de façon périodique la formation continue, pour un travail efficient et une justice performante. A ce jour, les Greffiers du Togo vivent dans des conditions difficiles en se battant corps et âme pour une meilleure satisfaction des usagers du service public de la justice. Cependant, ils ne bénéficient d’aucune prime liée aux contraintes inhérentes à leur profession. Leur traitement reste dérisoire, malgré leurs lourdes attributions, les heures de travail non-stop, les contraintes relatives à leurs prestations dans certaines sections sensibles où le travail journalier dépasse largement les 8 heures ; et au vu du coût de la vie sans cesse grandissant, il urge d’améliorer leurs conditions de vie en revalorisant leur traitement », pestent-ils.

Techniciens de la procédure et garants de l’authenticité des actes de justice, les greffiers et administrateurs de greffe sont des maillons incontournables de l’appareil judiciaire. Mais leurs conditions de vie et de travail très précaires sont loin d’interpeller les autorités.

Comme les enseignants, les gardiens des prisons et les greffiers, les agents de l’administration générale, la santé, la Police… bref, d’autres secteurs attendent leurs statuts particuliers. Et il n’est pas exclu qu’eux aussi se fassent entendre dans les jours à venir.

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