Afin de contourner l’avertissement donné par l’ambassadeur des Usa au président du parlement, début octobre, sur la violente gestion qui est faite jusque-là des manifestations, le pouvoir togolais a cru malin d’interdire carrément, par simple communiqué, les processions de rue en semaine. Le comble a été la parade des milices de terreur qu’a parrainé le pouvoir togolais, les 18 et 19 Octobre derniers pour étouffer la détermination de l’opposition à exprimer le droit de procession. On en était là quand les USA et la France ont tapé sur la table pour ramener le régime de Lomé au respect du droit de la rue.
Votre journal Fraternité dans sa parut ion 244 du 11 Octobre 2017 avait trouvé utile d’analyser et de tirer des conclusions pratiques de la démarche que l’ambassadeur des Usa au Togo, David Gilmour, avait mené à l’endroit du président du parlement Togolais, le 29 Septembre 2017, pour lui signifier combien les USA tiennent au respect de la liberté et de la sécurité des manifestations de rue. « Et certainement que la gestion très professionnelle qui a été faite des poses de barricades par les manifestants le 05 Octobre dernier est une résultante de la démarche de M. Gilmour », avions nous alors écrit. Une façon pour nous de signaler au gouvernement que son communiqué du 10 Octobre 2017, qui interdit arbitrairement les manifestations les jours ouvrables, est une voie sans issue. Mais que nenni ! La suite a été plus décevant qu’on ne pouvait l’imaginer. La réponse au maintien de la marche des 18 et 19 octobre par l’opposition a été 7 morts et 60 blessés à la suite des descentes dans les maisons des chasse-à-l’homme et autres voies de faits.
Les USA et la France disent Non…
Les occidentaux n’ont pas tardé à réagir face à cette escalade de la culture de la violence et la restriction des libertés au Togo. «Les Etats Unis sont profondément préoccupés par l’escalade de la violence et les restrictions de la liberté d’expression et de réunion au Togo liées aux manifestations sur les réformes constitutionnelles », a fait comprendre le porte-parole du Département d’Etat Americain, Heather Nauert. A cet effet, ils appellent le gouvernement togolais « à défendre les droits humains de ses citoyens, notamment leur liberté d’expression, de réunion pacifique et de liberté sur Internet, et à faire en sorte que toutes les personnes arrêtées lors des manifestations bénéficient du droit à une procédure régulière », a-t-il ajouté.
Dans la foulée, l’ancienne métropole, la France va renchérir. « Nous souhaitons que le gouvernement togolais respecte le droit de manifester. Les manifestations doivent s’exprimer de façon pacifique », a déclaré la porte-parole du Quai d’Orsay, Agnès Romatet-Espagne en marge d’un point sur la crise togolaise.
Sur le plan sous régional, le président Ivoirien, Alassane Ouattara a également plaidé pour la levée des restrictions des manifestations. Ces « soutiens » aux manifestations vont faire sortir le gouvernement.
Enfin le caid se plie
Le vendredi 27 Octobre 2017, s’est tenu un Conseil des ministres inédits. Dans le communiqué final, lu par le ministre de la communication dans une édition spéciale de 14h sur la Télé- vision togolaise, on peut facilement comprendre que le pouvoir togolais a préféré ne pas se mettre à dos les pays occidentaux. « Le gouvernement a de nouveau déploré, à l’occasion de l’hommage rendu aux victimes civils et militaires ce jour, les graves violences et les dégâts considérables qui ont été enregistrés depuis le 19 août 2017. Il réaffirme son profond attachement au respect des libertés fondamentales, particulièrement la liberté de réunion et de manifestation pacifique publique. Il est cependant primordial que ces manifestations se déroulent dans le respect de la loi et de la préservation de l’ordre public », a lu le ministre Guy Lorenzo avant d’ajouter que « Dans cette optique, le gouvernement engagera sans délai, les initiatives idoines afin d’évaluer ensemble avec tous les acteurs politiques, les conséquences des débordements et incidents constatés suite aux manifestations afin de prendre les mesures appropriées pour préserver la liberté de manifestation pacifique publique mais aussi promouvoir une atmosphère de sérénité indispensable à la recherche de solutions durables à la question des réformes politiques ».
Subtilement, l’exécutif togolais va revoir sa copie par rapport aux manifestations. Un rétropédalage qui lève encore un peu plus la lumière sur la vraie position de Paris et de Washington la crise actuelle sur les réformes politiques au Togo. Les, 7 8 et 9 novembre prochains les rues seront donc ouvertes pour l’expression libre des dénonciations sur le pouvoir togolais. A l’occasion de ces nouvelles manifestations de l’opposition, l’on verra si effectivement les autorités de Lomé ont obtempéré.
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