Au Togo, tout est merveilleux!

0
483

Au lendemain de la publication du douteux rapport Doing Business classant le Togo premier réformateur en Afrique et troisième dans le monde- on apprendra plus tard que le classement était frauduleux, car entaché d’irrégularités-, Faure Gnassingbé a signé dans le magazine « Jeune Afrique », une tribune pompeuse dans laquelle il s’enthousiasmait sur un non moins hypothétique changement de paradigme dans la stratégie de développement qui d’après lui, serait source de progrès.

Lire aussi:Le Togo et l’affaire Doing Business: quand la Banque mondiale fait paniquer Lomé 2

Une bonne nouvelle rappelant une autre, il a annoncé dans la foulée que le Togo aurait le taux de chômage le plus bas en Afrique de l’Ouest. Qui serait de l’ordre de 3,4% sur une population active de 54% dans un pays de près de 8 millions d’habitants. Indirectement, le fils du père affirmait avoir fait du Togo, un petit paradis sur terre, un pays où tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, où les populations vivent hyper heureuses. Son ministre vuvuzela, Christian Trimua, ne rappelait-il pas au monde entier que quand son mentor avait capté le pouvoir en 2005, il avait « hérité d’un pays socialement délabré, économiquement exsangue et politiquement divisé » ? Comme s’il y avait un autre régime avant l’avènement de Faure Gnassingbé au pouvoir.

En tout cas, le jeune président aurait accompli d’extraordinaires exploits hissant le Togo dans le concert des nations émergentes, grâce notamment à Doing Business et au Programme national de développement (PND). D’après toujours Christian Trimua, le PND aurait permis de créer 200.000 emplois. Notre pays aurait ainsi retrouvé son lustre d’antan de « havre de paix » et de « Suisse de l’Afrique ». On ne peut que donner raison à celui qui disait que Faure Gnassingbé est une chance pour la minorité pilleuse, pardon, pour le Togo.

Lire aussi:Rapports Doing Business/Affaire d’« d’irrégularités » : Quatre pays épinglés

Cependant, à propos de la supposée baisse du taux de chômage, nous rappelions dans notre parution d’hier mercredi le concours de recrutement de l’Office togolais des recettes (OTR) qui a mobilisé un monde fou de 13.420 de candidats pour seulement 300 postes. Si Faure Gnassingbé a besoin d’un baromètre pour mesurer le taux de chômage au Togo, les concours de recrutement en sont une belle illustration.

Dans cet îlot édénique bâti par Faure Gnassingbé où le taux de chômage est presque à néant, le Zémidjan (taxi-moto) constitue un extraordinaire débouché pour les diplômés. C’est le pôle emploi au Togo. A l’université de Lomé, chaque année environ 1000 étudiants finissent leurs cursus universitaire. Sans oublier les centres d’enseignement supérieurs privés. Tous se ruent vers le Zémidjan. Les plus chanceux atterrissent dans les écoles privées où ils sont recrutés comme enseignants.

Lire aussi:Doing Business, PND, où comment Faure tente d’enfumer les Togolais

L’année dernière par exemple, des centaines de jeunes ont fait des pieds de grue pendant des semaines et sous le chaud soleil devant le service de passeport pour pouvoir se faire établir le précieux sésame qui devrait leur permettre de jouer la Loterie Visa. Le rêve de tous est de pouvoir gagner et quitter définitivement l’enfer du Togo des Gnassingbé.

Un pays des merveilles où il n’y aurait presque pas de chômeurs, où la faim ne sévit pas, où les populations sont heureuses…

Médard Ametepe

Source : Liberté

Source : Togoweb.net