Du 27 juillet au 5 août, quatre mosquées de la capitale togolaise ont été vandalisées : les locaux ont été incendiés et les textes sacrés déchirés. Un acte surprenant dans ce pays où les nombreuses communautés religieuses cohabitent plutôt paisiblement, malgré les tentatives d’instrumentalisation politiques.
Cette série d’actes de vandalisme dure depuis plus d’une semaine. Elle a commencé dans la nuit du 27 au 28 juillet dans la mosquée d’Agoé, un quartier nord de Lomé. Les fidèles y ont retrouvé des copies du Coran déchirées et brûlées. Puis, l’affaire s’est renouvelée entre le 31 juillet et le 5 août : d’autres mosquées du même quartier ont été incendiées.
Mardi 7 août, le ministre togolais de la justice, Pius Agbetomey, s’est exprimé sur le sujet et a fait savoir que les autorités agiraient « sans relâche et avec fermeté contre ces profanateurs ». Il a ajouté que ces « actes criminels » avaient sans doute pour but de « provoquer des conflits interreligieux ». Lors d’une conférence de presse organisée le même jour, l’UMT (Union des Musulmans du Togo) a appuyé les dires du ministre en ajoutant que les auteurs de ces actes de vandalisme « ne verront pas leur objectif atteint ».
Préserver la cohésion nationale
Dans un communiqué, la Conférence des évêques du Togo a quant à elle transmis sa « solidarité à l’ensemble de la communauté musulmane du Togo » en invitant « chaque citoyen et chaque citoyenne, quelle que soit sa religion ou sa croyance (…) à œuvrer pour préserver la cohésion nationale ».
Le Togo traverse une grave crise politique depuis plus d’un an. Les opposants de Faure Gnassingbé, l’actuel président, sont descendus par milliers dans la rue pour demander sa démission. Pendant ces manifestations, des responsables politiques ont accusé des imams d’entretenir le conflit dans le but d’« islamiser » le pays. Un événement qui pourrait faire écho aux actes de vandalisme de la semaine dernière…
Les chrétiens, quant à eux, ne souhaitent pas entrer dans ces tentatives de manipulation politique. Président de la Conférence des évêques du Togo et évêque de Kpalimé, Mgr Benoît Alowonou, s’est dit « surpris et consterné par ces actes de profanation (…) qui sont radicalement aux antipodes de [leurs] valeurs ». Il espère que la justice soit rapide car « la cohabitation pacifique entre les communautés religieuses » pourrait être « sérieusement fragilisée ».
Contacts fraternels et réguliers
L’évêque a assuré que « des contacts fraternels et réguliers existent depuis toujours entre les communautés chrétiennes et musulmanes du Togo » et que « les chrétiens et les musulmans vivent et travaillent ensemble dans la paix et le respect mutuel ». Selon lui, les auteurs de ces actes « ont manifestement voulu dresser les Togolais de diverses croyances ou religions les uns contre les autres » en exploitant le climat de tension qui subsiste depuis un an au Togo.
Il a également chaleureusement félicité les responsables musulmans pour « leur calme et leur retenue, qui ont permis de préserver la paix sociale ». Vendredi 10 août, des évêques, des prêtres et des pasteurs des Églises évangéliques presbytériennes et méthodistes ont rejoint la communauté musulmane de Lomé à la Grande Mosquée pour une prière commune.
Esther Amiot
Source: La Croix Afrique
27Avril.com