« La liberté du peuple togolais est un droit inaliénable et nul n’a le droit de la confisquer indéfiniment pour une quelconque raison » (Brigitte Adjamagbo-Johnson)
Il y a deux ans, il est vrai, la pandémie du Covid-19 avait fait ravage et mis le monde sens dessus dessous. Mais depuis le début de cette année, la pandémie s’est estompée. Le gouvernement a officiellement reconnu mi-mai un ralentissement de la propagation de la maladie et a consenti à la réouverture des frontières terrestres, même si les voyageurs sont astreints à présenter une preuve de vaccination.
Alors que les cas de contamination du Covid-19 sont quasi nuls et que les populations, après le choc subi, se relèvent difficilement de 24 mois de restrictions sanitaires, le régime continue d’étendre une chape de plomp sur les Togolais en maintenant l’état d’urgence sanitaire.
Or à la crise sanitaire est venu se greffer depuis le début de cette année le conflit ukrainien. Les effets conjugués de ces deux crises ont considérablement impacté l’économie mondiale et le pouvoir d’achat des ménages. Les effets sont encore durement ressentis dans les pays africains sinistrés, agonisants comme le nôtre dont l’économie est sous perfusion.
La situation est presqu’intenable pour l’écrasante majorité des Togolais dont le pouvoir d’achat s’est considérablement érodé alors que parallèlement, les prix des produits de première nécessité connaissent une flambée vertigineuse, source de grand malaise social. C’est dans ces conditions déjà éprouvantes pour les populations que le régime de Faure Gnassingbé dont l’unique ambition est de conserver le pouvoir ad vitam aeternam, maintient toujours en place depuis plusieurs mois, l’état d’urgence sanitaire qui empire davantage la précarité économique des Togolais.
Or sur le continent, presque tous les pays ont levé les restrictions sanitaires, sauf le Togo, le seul pays où l’état d’urgence sanitaire est toujours en vigueur. Ce régime d’exception est compréhensible au temps fort de la crise. Le gouvernement devrait procéder dans l’urgence. L’état d’urgence sanitaire conférait à l’équipe de Victoire Dogbé des pouvoirs exceptionnels pour combattre la pandémie, en gouvernant par décrets.
Logiquement, dès lors que le pic de la tempête est derrière nous, l’état d’urgence sanitaire devrait prendre fin. Surtout que de l’avis des experts, on ne pourra jamais éradiquer le coronavirus et qu’on devrait apprendre à vivre avec et le contrôler du mieux qu’on peut. Mais le pouvoir a tellement pris goût à ce régime exceptionnel qui est pourtant pénible pour les populations dont le quotidien est déjà un enfer, qu’il ne veut plus y mettre un terme. Après tout, gouverner par décrets, à son plaisir et à son bon vouloir, c’est tellement plus simple, plus facile et moins transparent. Sans réddition de compte. Le goût de la facilité.
Cependant, les motivations du maintien de l’état d’urgence sanitaire sont ailleurs. Le régime de Faure Gnassingbé s’en sert comme un outil politique de restrictions des espaces de liberté et de musellement des populations puisque depuis l’instauration de l’état d’urgence sanitaire en mars 2020, les rassemblements de plus de 15 personnes sur la voie publique ou dans un lieu public sont interdits. Ainsi par ce régime d’exception, le pouvoir togolais peut taire toute velléité de contestation populaire. Donnant l’impression que le peuple est en phase avec cette forme de gouvernance. Une utopie en réalité.
Médard Ametepe
Source : Liberté / libertetogo.info
Source : 27Avril.com