Officiellement entré en fonction le 02 avril 2024 après son élection en mars, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a rendu publique sa déclaration de patrimoine. Les biens et avoirs du président sénégalais ont été détaillés dans le journal officiel comme prévu par la constitution sénégalaise. Encore une leçon de bonne gouvernance donnée au président togolais Faure Gnassingbé et sa bande qui rechignent à se plier à la législation en vigueur au Togo.
Tous les Sénégalais ont désormais connaissance du patrimoine de leur président avant son arrivée au pouvoir. Comme avant ses prédécesseurs Abdoulaye Wade et Macky Sall, Bassirou Diomaye Faye a respecté la décision du Conseil constitutionnel ordonnant la publication officielle du patrimoine du chef de l’Etat.
Diomaye Faye ne déroge pas à l’obligation légale
Après le remplissage de la fiche de déclaration, le patrimoine du président Faye a été publié dans l’édition spéciale n°7750 du 25 juillet 2024 du Journal Officiel de la République du Sénégal. Selon la déclaration, l’ancien Inspecteur des impôts et domaines devenu aujourd’hui président possède deux comptes bancaires courants avec un solde de 22 millions 234 257 CFA. Il a déclaré aussi un véhicule Ford Explorer Platinum acheté d’occasion en 2022 à 19 millions CFA.
En termes de biens immobiliers, le président Faye détient une maison bâtie sur une parcelle de 200 m² à Mermoz, Dakar, d’une valeur vénale du terrain nu de 140 millions CFA et des constructions évaluées à 134 millions 976 000 CFA.
Le président Faye possède également plusieurs terrains non bâtis, dont un terrain de 80m x 40m à Ndiaganiao acquis pour 3 millions CFA, un terrain agricole de 4,3 ha à Sandiara acquis pour 15 millions 050 000 CFA avec un investissement supplémentaire de 29 millions CFA, et un terrain nu de 202 m² à Keur Moussa évalué à 1 million 700 000 CFA.
En ce qui concerne les dettes, Bassirou Diomaye Faye a contracté un prêt auprès de la BICIS avec un solde restant de 6 478 451 FCFA, ainsi qu’un prêt auprès de l’UBA avec un solde de 24 486 162 FCFA.
Au Sénégal, la déclaration du patrimoine est une obligation légale inscrite dans la Constitution depuis 2001. Depuis, les présidents successifs Abdoulaye Wade (2000-2012), Macky Sall (2012-2024) et Bassirou Diomaye Faye n’ont pas dérogé à la règle. Un bon exemple de transparence pour leurs concitoyens appelés à des fonctions étatiques.
A l’image du Sénégal, le Togo aussi a fait de la déclaration des biens une obligation depuis quelques années. Mais les assujettis, à commencer par le premier magistrat du pays, Faure Gnassingbé ne semblent pas très motivés à dévoiler leurs patrimoines.
La législation foulée aux pieds au Togo
Depuis 2019, l’Assemblée nationale a adopté le projet de loi fixant les conditions de déclaration des biens et avoirs des représentants des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, les membres des institutions de la République et des autorités administratives indépendantes, les élus locaux, les autorités politiques, militaires ainsi que tous les fonctionnaires impliqués dans la gestion des deniers publics et exposés à des risques de corruption et d’infractions assimilées.
En effet, depuis plusieurs années, la corruption est devenue endémique au Togo. Du petit employé de bureau aux hauts fonctionnaires, les agents de l’Etat font de cette pratique leurs sports favoris. La justice, l’administration et la police sont souvent pointées du doigt dans les rapports internationaux. Mises sous pression par les partenaires en développement, les autorités togolaises se sont lancées dans un vaste chantier de réformes et de législations. C’est ainsi qu’une loi a été votée en 2019. Cette loi sera modifiée en 2021.
Mais à ce jour, seuls le médiateur de la République et le président de la Haute autorité de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HAPLUCIA) ont officiellement déclaré leurs biens et avoirs. Le Chef de l’Etat, Faure Gnassingbé au pouvoir depuis 2005 qui devrait donner l’exemple, fait la sourde oreille aux interpellations du médiateur de la République, habileté à recueillir les déclarations. « Dès le 1er mars, nous commençons avec le gouvernement », avait déclaré Médiateur de la République, Mme Awa Nana-Daboya en février 2023 après une rencontre d’échange avec les membres du gouvernement sur la déclaration des biens et avoirs. Mais que nenni. Conséquence, les autres assujettis ne se pressent pas non plus pour déclarer leurs biens.
« L’introduction de ce projet de loi vise à éviter dans la mesure du possible le phénomène de corruption dans le secteur public et d’assainir les finances », peut-on lire dans le rapport d’étude qui a précédé le vote de la loi en 2019. Outil important pour la transparence de la vie publique, la déclaration du patrimoine est un passage obligé dans la lutte contre la fraude, la corruption et l’enrichissement illicite. Sachant que la corruption est un véritablement frein au développement, l’on se demande comment peut-on prétendre vouloir développer un pays en foulant au pied les textes qui combattent ce phénomène ?
En réalité, l’obligation de déclaration de biens et avoirs de tous les hauts fonctionnaires et agents publics a déjà été instituée dans la constitution du 14 octobre 1992. De fait, l’adoption d’une nouvelle loi n’était donc pas une nécessité. Et visiblement, la loi adoptée en 2019 et modifiée en 2021 semble donc plus une diversion qu’une réelle volonté de lutter contre la corruption dans le pays. La preuve, elle n’est pas respectée.
Pendant ce temps, la corruption qui s’est même amplifiée ces dernières années continue de miner la vie socio-économique du pays. Dans le dernier classement de Transparency International datant de février 2024, le Togo est logé dans la catégorie des pays fortement corrompus à la 126ème place.
AKMA
Source: Le Correcteur / lecorrecteur.tg
Source : 27Avril.com