Au Burkina Faso, les pôles ont la cote

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Pour dynamiser les secteurs clés et doper les investissements, rien de tel que des zones prioritaires de croissance. Le succès de celle de Bagré incite à renouveler l’expérience.

«Le déblocage des ressources de nos partenaires a été suspendu deux ou trois mois en raison de la crise politique, mais dès que le gouvernement de transition a été mis en place, les activités des pôles de croissance ont repris de plus belle, et leur place centrale dans la politique économique a été réaffirmée », explique leur coordinateur national, Wilfried Bakouan. Le Comité national de pilotage des pôles de croissance (CNPPC) s’est d’ailleurs réuni le 2 avril, sous la présidence d’Isaac Zida, le Premier ministre, pour adopter son plan d’actions prioritaires 2015-2017.

Engagée sous l’ère Compaoré pour doper les exportations et attirer de nouveaux investisseurs, la politique des pôles de croissance a pris corps en 2012 avec le projet pilote, le Bagrépôle, inscrit dans la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (Scadd).

À terme, le montant des investissements pour le développement du pôle devrait atteindre 500 milliards de F CFA (762 millions d’euros)

Situé dans le Boulgou (région du Centre-Est), le pôle de croissance de Bagré profite du potentiel agricole de la vallée du fleuve Nakambe (ex-Volta Blanche), déjà mis en valeur par un complexe hydroélectrique de 16 MW inauguré en 1994. Son objectif : dynamiser la création d’emplois (30 000 prévus) et faire quadrupler la production agropastorale (principalement rizicole) et halieutique de la région. D’après les projections, sur la période 2014-2017, il devrait permettre de réduire le taux de pauvreté de 5,3 points de pourcentage et améliorer la croissance de 0,2 point en 2015, de 0,4 en 2016 et de 0,5 en 2017.

Le coût du projet d’aménagement hydroagricole, estimé à 133,7 millions de dollars (environ 120 millions d’euros), est financé à hauteur de 115 millions par la Banque mondiale et de 8,7 millions par l’État burkinabè, le reste relevant de partenaires privés ou multilatéraux, comme le Fonds africain de développement (groupe BAD). À terme, le montant des investissements pour le développement du pôle devrait atteindre 500 milliards de F CFA (762 millions d’euros).

Le financement du premier plan quinquennal, estimé à 141 milliards de F CFA, n’est pas encore bouclé. Déjà équipé d’un centre écotouristique et d’un Institut de formation en développement rural (Ifoder) ouvert en janvier 2014, le Bagrépôle doit encore mobiliser plus de 52 milliards de F CFA pour finir d’aménager les 2 580 hectares de terres agricoles et de construire les infrastructures prioritaires : routes, réseau d’électricité, zone industrielle, marchés, équipements commerciaux, etc. De son côté, la BAD s’est engagée à financer les infrastructures routières du PCS à hauteur de 15 milliards de F CFA.

Le gouvernement réfléchit à la création de deux zones économiques spéciales, l’une à Bobo-Dioulasso, l’autre à Ouagadougou.

Projets à l’étude

Compte tenu des bons résultats obtenus à Bagré, d’autres projets sont à l’étude : les agropôles du Sourou (Nord-Ouest) et du Programme de développement intégré de la vallée de Samendéni (Ouest), le pôle touristique de l’Est et le Pôle de croissance du Sahel (PCS), axé sur le potentiel minier, pastoral et touristique. Le gouvernement réfléchit par ailleurs à la création de deux zones économiques spéciales, l’une à Bobo-Dioulasso, l’autre à Ouagadougou.

La Banque mondiale et l’État burkinabè espèrent lancer le PCS d’ici à la fin de l’année. La préparation du projet (financée pour 1,2 milliard de F CFA par l’institution de Bretton Woods) s’est révélée concluante, et la Banque mondiale a délégué une mission fin mai à Ouagadougou pour apporter son appui technique à l’équipe chargée de la préparation du PCS. L’objectif de ce pôle de croissance est d’accroître les investissements dans le secteur minier dans l’ouest du pays, où cinq sites aurifères doivent entrer en production d’ici à 2020. Il vise aussi à valoriser l’élevage au Sahel, où pâture le plus important cheptel du Faso, soit quelque 5 millions de têtes, bovins, caprins et ovins réunis.

Jeune Afrique