Depuis 2018, les Togolais ont été largement matraqués par une nouvelle appellation. Le Plan national de développement (Pnd). A ce titre, il est défini comme un ambitieux programme quinquennal censé transformer structurellement l’économie du pays dans son processus vers l’émergence. Ce projet de Faure, confondu, par concours de circonstances, à la Feuille de Route gouvernementale 2020-2025, n’est visiblement que l’ombre de lui-même, 8 mois après. Et ce, malgré le re-habillage.
Quand le Pnd a drainé passion
De l’Exécutif aux députés en passant par l’administration, dans ses différents démembrements, l’appellation était sur toutes les lèvres. Aucun discours ou speech ne pouvait s’achever sans que les organisateurs ou officiels ne fassent recours au Plan national de développement (Pnd). Adopté par le gouvernement le 3 août 2018 et officiellement lancé le 4 mars 2019, cette vision est, en soi, un document stratégique quinquennal couvrant la période 2018-2022. Sous la conduite du Président de la République, ce plan d’une valeur estimée à plus 4.000 milliards de FCFA a été annoncé pour transformer structurellement l’économie togolaise. Avec les deux tiers (2/3) portés par le secteur privé.
Ainsi donc lancée, une course effrénée aux investisseurs à travers le monde. Que de voyages en pompe des officiels, Faure Gnassingbé au-devant, que de séminaires, que de conférences internationales pour.
Une kyrielle de voyages qui a, par la suite, fini par intriguer nombre d’observateurs sur la pertinence de ces expéditions budgétivores, pourtant sensées récolter des investissements pour la réalisation de ce fameux plan. Dès lors, alors que les jours passent sans que les lignes ne bougent véritablement, beaucoup avaient compris qu’il s’agit beaucoup plus d’une trouvaille du pouvoir cinquantenaire copiée pile-poil chez les voisins de la sous-région, notamment la Côte d’Ivoire et le Sénégal, pour endormir les togolais qui n’aspirent qu’au mieux- être.
Mais l’arrivée de la Covid, il y a un an, aura levé un coin de voile sur ce qu’il convient d’appeler un projet mort né. Se sentant plus que chimérique le Pnd, face à l’épreuve du temps et des réalités propres au Togo qui n’occultent pas l’aspect politique, avec la crise politique qui ne finit point, le gouvernement a vite fait de trouver en la crise sanitaire due à la Covid, un alibi. Ceci, en annonçant de profonds amendements de ce projet.
Exit Pnd, inter Feuille de Route gouvernementale 2020-2025
Depuis février 2020, non seulement l’on assiste à un changement de discours, mais aussi d’orientation. Aujourd’hui, tout semble dire que le gouvernement, constatant l’échec de son projet qui a du mal à prendre corps, à un an de son achèvement, vire à une nouvelle terminologie qu’est la Feuille de route gouvernementale 2020-2025 que l’on semble substituer, subtilement au fameux Pnd, au dos de la COVID.
En témoigne, à juste titre, une rencontre dite de haut niveau tenue en janvier 2021, à Lomé, avec les partenaires techniques et financiers du Togo.
Selon le chef du gouvernement, cette feuille de route, qui porte essentiellement sur trois axes prioritaires, tient compte du contexte actuel marqué par une crise sanitaire. « Cette feuille de route fait, de manière pragmatique, un recentrage de l’action gouvernementale sur les priorités de développement à moyen terme », a expliqué le Premier ministre. Et d’ajouter qu’il s’agit de « travailler sur un nombre réduit de projets intégrés à fort impact et réformes stratégiques pour mieux cibler, mesurer et rendre compte ».
S’agissant des trois axes prioritaires, il s’agit d’abord, du renforcement de l’inclusion, de l’harmonie sociale et de la consolidation de la paix. Ensuite, de la création d’emplois pour les jeunes en s’appuyant sur les forces de l’économie. Et enfin, de la modernisation du Togo et du renforcement de ses structures.
En somme, au travers de sa démarche, a expliqué le Premier ministre Victoire Dogbé, le gouvernement entend définir un cadre de développement mais aussi de partenariat cohérent avec ses logiques et ses priorités.
Bonnet blanc- blanc bonnet…
À l’analyse, on comprend à demi-mot, que le Pnd a vécu. Place désormais à la Feuille de Route gouvernementale, qui se veut plus pragmatique. Et cela semble, à priori, plus rationnel et prometteur, au regard de ses différentes déclinaisons. Mais en réalité, tout porte à croire, qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil, si ce n’est d’entretenir l’espoir d’une aventure à issue hypothéquée. Ceci, en ce sens que le capitalisme, avec la course aux impôts et taxes, a pris le dessus sur le social, avec la vie chère devenue, aujourd’hui, la marque de gouvernance de Faure Gnassingbé et le compagnon des togolais. Et pour cela, qu’il soit le Pnd ou la feuille de route, ce n’est donc que bonnet blanc- blanc bonnet.
Source : icilome.com