La partie du grand marché de Lomé communément appelée Atikpodji attise encore l’attention en ces périodes de pluies. L’endroit d’où partent toutes les denrées alimentaires qui finissent dans nos plats est actuellement comparable à un dépotoir boueux malodorant. C’est un véritable terroir de microbes, un marché d’immondices.
A l’entrée du marché, au bord du pavé, un étang de boue, dans lequel baignaient des cartons vides, des bouteilles, des sachets (de tout genre), des boites de conserve et des nourritures périmées, plante le décor. Le cocktail entre la flaque d’eau verdâtre et les déchets, le tout aromatisé d’une désagréable odeur, coupe le souffle.
Faire ses shoppings à Atikpodji en ces moments pluvieux revient à slalomer. Toutes les ruelles de cette partie du grand marché de Lomé sont actuellement sous la boue.
Pour attirer leurs clients, les revendeurs, laissés à leur triste sort, à travers l’indifférence totale des responsables de l’Établissement public autonome des marchés (Epam), se voient obliger d’ériger des pierres sous forme des digues devant leurs hangars. Et ce sont ces petits ponts de fortune qui servent de passage aux clients. Et aussi aux agents collecteurs de taxes.
A défaut des briques (qui parfois sont achetées par ces revendeurs), ce sont des sacs usés en raphia qui servent de pavé à certains endroits du marché. Mais faudrait également marcher sur des œufs pour éviter de ramasser la boue. Le comble, c’est quand les conducteurs en rajoute en éclaboussant les revendeurs et leurs marchandises. Selon certains habitués du marché, c’est dans la soirée aux environs de 17h vers 18h que la situation devient lamentable avec des embouteillages en toile de fond.
« C’est l’enfer à Atikpodji quand il pleut. C’est seulement sur le pavé que la situation est un peu normal. Mais dans les ruelles du marché, il y a des flaques d’eau verdâtre et des boues un peu partout. Et il est difficile de passer devant ces flaques d’eau sans se boucher le nez, histoire de ne pas humer les odeurs de putréfaction. Il n’y a pas de place pour circuler librement. Les revendeurs n’ont même pas de place pour installer leurs marchandises », s’est plaint Dodji, un jeune, la trentaine, rencontré hier dans ce marché.
Toutefois, malgré cette situation désagréable, les agents de l’Établissement public autonome des marchés (Epam), sont toujours à pied d’œuvre pour la collecte des taxes. Chaque jour, ils se baladent dans le marché, tickets entre les mains, et harcelant les revendeurs pour le paiement de taxes qui varient entre 125 FCFA et 250 FCFA par jour.
C’est à croire que l’insalubrité dans laquelle baigne Atikpodji ne préoccupe pas l’Epam et ses collecteurs d’impôts. Ils sont beaucoup plus préoccupés par les taxes et n’ont que faire de l’aménagement du marché. En tout cas, les revendeurs continuent de lancer leur cris de détresse.
« Nous voulons que le gouvernement prenne notre situation en compte. Qu’il réaménage notre marché », a lâché Vénavinon, une revendeuse de poterie à Atikpodji.
Faut-il le rappeler, cela fait quelques années que les médias dénoncent l’état de dégradation avancé de cette partie du grand marché de Lomé. Mais, rien ne semble changer. Toutes les tentatives pour les rencontrer ont été vaines.
On se demande à quoi sert toutes ces collectes quotidiennes. Aussi longtemps que l’Epam courra derrière l’argent des taxes, les pauvres revendeurs resteront dans la boue. Et c’est malheureux!
KG.
Lomechrono.com