ASVITTO condamne les propos de Faure Gnassingbé à Témédja

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Devant les militaires au camp Témédja le vendredi 10 novembre dernier, Faure Gnassingbé a accusé les leaders de l’opposition d’être responsables des répressions que subissent les populations togolaises lors des manifestations pacifiques de rue. Il a ensuite presque appelé les militaires à protéger son fauteuil. Des propos que condamne l’Association des victimes de la torture au Togo (ASVITTO) dans cette déclaration. Lecture !

Déclaration de l’ASVITTO relative au discours du chef de l’Etat adressé aux militaires lors de son passage au camp militaire de Témédja

L’ASVITTO condamne avec fermeté ces propos et convie le Président de la République à tenir des discours d’apaisement dignes d’un père de famille d’une nation en crise.

Dans l’histoire de la nation Togolaise, il est écrit dans l’article 58 de la loi fondamentale relative au Pouvoir Exécutif que : « Le Président de la République est garant de l’unité nationale ». Cette disposition constitutionnelle confère l’obligation au Chef de l’Etat de se mettre au dessus de la mêlée et donc se garder de toute position tendancieuse qui est de nature à apporter des divisions profondes ou dangereuses à la paix sociale entre les différentes composantes de la Nation Togolaise.

Cependant, l’ASVITTO trouve indigne voire dangereux le discours du Chef de l’Etat tenu le vendredi 11 novembre 2017 et relatif à la mort déplorable de deux militaires dans la ville de Sokodé consécutive à l’arrestation de l’Imam de la Mosquée centrale de la ville. Tout en rappelant que c’est dans une grande consternation que l’ASVITTO a accueilli ce douloureux incident qui a occasionné les décès du Sergent HELIM Akle-Esso, du Caporal-chef ATCHAM-NATCHAMBA Simti et de plusieurs autres personnes civiles, elle renouvelle une fois encore ses condoléances à toutes les familles éplorées, aux partis politiques de l’opposition et également aux Forces Armées Togolaises (FAT).

Revenant à cet effet au discours du Chef de l’Etat tenu devant les militaires et faisant allusion exclusivement à la mort des militaires, loin d’apporter l’apaisement et la paix indispensables pour le pays en cette période de crise, il vient aggraver la situation, car en lieu et place des paroles d’union et la réconciliation attendues, le chef de famille de la nation Togolaise par ses propos a semé encore la division pour des fins inavouées et l’on peut se permettre de croire que le Gouvernement tirerait son profit dans la division plutôt que dans l’union et l’entente entre les militaires et les populations civiles, tous membres de la nation Togolaise.

En martelant que « les assassins des deux militaires tués sont activement recherchés et seront châtiés conformément aux lois en vigueur au Togo », ce qui est normal et n’a d’ailleurs pas besoin d’être annoncé dans un pays de droit; le Chef de l’Etat par cette annonce semble disculper et innocenter les auteurs des assassinats des personnalités civiles (au moins 13) décédées sous les balles des militaires depuis le 19 août 2017.

Cette prise de position du Président de la République vis-à-vis de l’évolution actuelle de la crise politique dans le pays est inacceptable et l’ASVITTO condamne avec fermeté ces propos qu’elle juge indignes et belliqueux et qui sont de nature à exacerber la tension actuelle dans le pays.

Eu égard à cela, L’ASVITTO invite le Chef de l’Etat et tous les membres du Gouvernement, ainsi que tous les leaders de l’opposition à la retenue et les convie tous à tenir des propos responsables qui vont dans le sens de l’apaisement et de l’unité nationale. Elle demande également aux forces de l’ordre, de sécurité et de défense à préserver les vies humaines dans l’exercice de leur fonction conformément à la Constitution Togolaise et aux recommandations de l’Examen Périodique Universel (EPU).

Par ailleurs, elle interpelle les autorités judiciaires à œuvrer pour une confiance des populations vis-à-vis de la Justice Togolaise en vue de combattre efficacement la vindicte populaire.

Quant aux circonstances qui ont entrainé le décès des deux militaires et d’autres personnalités civiles, seule une enquête internationale et indépendante peut situer l’opinion car aucun citoyen Togolais ne fait confiance à une justice qui est aux ordres et orientée selon les intérêts d’une minorité de personnes.

L’ASVITTO exige du Gouvernement le retrait réel, total et définitif des miliciens de toutes les activités politiques, la cessation de la torture et des violences orchestrées par les militaires sur les populations de Sokodé, Bafilo et Mango, la protection des Défenseurs des droits de l’homme sur toute l’étendue du territoire national, la libération des trois (3) acteurs de la société civile du Mouvement Nubuéké et aussi la mise en œuvre des mesures sérieuses, populaires et salutaires qui permettront un climat de confiance pour un dialogue franc et sincère entre les acteurs politiques pour une sortie de crise.

Enfin, l’ASVITTO invite toutes les populations Togolaises à rester fortement mobiliser contre l’injustice sociale criarde en vue de défendre les valeurs et causes communes dans l’intérêt des générations présentes et avenirs.

Fait à Lomé, le 12 novembre 2017

Pour l’ASVITTO

Le Président
M. ATCHOLI KAO Monzolouwè

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