Assassinat de Sylvanus Olympio: la version non-dévoilée des faits

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Cinquante-sept (57) ans, les conditions exactes de la disparition de Sylvanus Olympio restent toujours mystérieuses.  Le père de l’Indépendance du Togo avait été retrouvé mort devant le portail de l’ambassade des Etats-Unis le matin du 13 janvier 1963 après que sa résidence ait été attaquée la veille par des militaires Togolais.

Alors que la responsabilité de cette attaque avait été portée à l’époque par des militaires putschistes,  d’autres personnalités à l’instar du sociologue et homme politique français Jacques Serieys livre une version complètement différente des vrais motifs et des vrais commanditaires de cet assassinat. Extrait…

Dès les années 1940, Sylvanus Olympio apparaît comme le principal initiateur d’un courant autochtone soucieux de l’avenir du Togo qui va devenir indépendantiste.

Le 8 décembre 1946, Sylvanus Olympio est élu député et président (cinq ans durant), de la première assemblée représentative du Togo, après que son parti (CUT Comité pour l’Unité Togolaise) ait raflé la presque totalité des sièges.

Pour contrer l’évolution indépendantiste du CUT, l’administration française :

 Fait muter Olympio à Paris par son employeur

 Fomente une scission et un concurrent au CUT

 Traduit Olympius devant la justice qui lui réclame cinq millions de francs d’amende et lui ôte ses droits civiques.

Le 27 avril 1960, l’indépendance du Togo est proclamée.

Le 9 avril 1961, Sylvanus Olympio est élu premier président de la République du Togo.

A Paris, le pouvoir gaulliste craint que l’autonomie politique d’Olympio, peu susceptible de sympathie socialiste mais attaché aux intérêts du Togo lui-même, ne le conduise à mettre en danger les intérêts économiques français.

Le samedi 12 janvier 1963, vers 23 heures, des soldats français démobilisés de la Guerre d’Algérie, pénètrent dans la maison du président. Sa femme ayant entendu le bruit et des tirs ayant raisonné, Sylvanus se cache dans une vieille voiture de l’ambassade américaine, jouxtant sa résidence. Les « soldats » fouillent partout à la recherche du président et emportent tous les objets de valeur. Au petit matin, n’ayant pas trouvé celui-ci, ils en informent l’ambassadeur de France.

En métropole, les medias informés par le pouvoir ont déjà annoncé la mort d’Olympio. Il faut donc le trouver rapidement et l’exécuter sinon le gouvernement va se trouver en position très inconfortable. L’Ambassadeur français appelle son homologue américain pour lui demander si Olympio ne se serait pas réfugié dans ses locaux vu qu’ils jouxtent sa demeure. Les Américains trouvent dans leur ambassade le président togolais et en informent les Français qui envoient aussitôt leurs mercenaires pour récupérer le président, conduit alors dans la caserne du régiment français interarmes où il est rapidement exécuté.

La version officielle impute le meurtre au sous-officier Eyadéma qui remplacera plus tard Olympio comme président.

L’affaire vient de rebondir ce 7 septembre 2011 avec la révélation d’un témoin affirmant que c’est un gendarme français qui a mis fin aux jours du président élu du Togo. Voir ci-dessous…

Communiqué d’ATTAC Togo

Les Togolais exigent la vérité sur le rôle joué par la France dans l’assassinat du père de l’indépendance du Togo.

Le mercredi 07 septembre 2011 dernier, lors des audiences publiques de la Commission Vérité-Justice-Réconciliation (Cvjr) du Togo consacrées aux événements tragiques de l’assassinat du premier président du Togo, un des intervenants qui répondait au nom de Douti et qui se présentait comme ancien cuisinier du feu Sylvanus Olympio a mis en cause la France dans l’assassinat du père de l’indépendance du Togo. Devant les Commissaires de la Cvjr, M. Douti a déclaré que « c’est un gendarme français qui a abattu S. Olympio en 1963, et non pas Eyadèma Gnassingbé, comme on aime à le dire ».

Ces graves déclarations remettent au goût du jour, le sujet polémique sur le rôle que les autorités françaises ont joué, en janvier 1963, dans le crime odieux et crapuleux du premier président du Togo.

La responsabilité de la France dans cette période douloureuse de l’histoire du Togo n’a jamais été sérieusement envisagée malgré de multiples déclarations qui engageaient la France dans cette affaire. Une vraie omerta ayant été instituée sur l’évocation de ces événements qui ont radicalement changé le cours de l’histoire du Togo.

C’est pourquoi, vu les derniers développements dans cette épisode sombre de l’histoire du Togo, Attac Togo demande :

1 – La mise sur pied d’une commission d’enquête internationale sur l’assassinat du président Sylvanus OLYMPIO.

2 – La mise sur pied d’une commission parlementaire française pour faire la lumière sur l’implication de la France dans l’assassinat du président Sylvanus OLYMPIO

3 – La déclassification de tous les dossiers pouvant permettre à l’établissement de la vérité.

4 – A toutes les associations et ONG internationales de se saisir de ce dossier pour qu’une pression internationale soit menées afin que les autorités françaises puissent accomplir un devoir de mémoire vis-à-vis du peuple togolais.

Seule la recherche de la vérité permettra au peuple Togolais de se réapproprier son destin en sortant de la brume épaisse dans laquelle il a été plongé à partir des faits historiques sciemment tronqués qu’on lui a servi depuis des décennies. Et cette libération doit commencer par la vérité historique sur l’assassinat de Sylvanus OLYMPIO, le Père du Togo libre.

Fait à Lomé le 15 septembre 2011 ATTAC TOGO

Source : Togoweb.net