Partons de ce principe simple qui veut que des pays n’aient que des intérêts à défendre, leurs atouts à vendre. Ainsi donc la tournée, cette semaine, du Président français Emmanuel Macron au Cameroun, au Bénin et en Guinée Bissau, vise essentiellement à commercialiser les atouts de la France en Afrique, à rafraîchir les deals séculaires scellés entre la France et ses colonies du continent, afin d’éviter toute tentative d’évasion des États africains vers d’autres prédateurs.
La preuve de cette assertion en a été la charge magistrale que le nouvel élu de la France a eu contre la Russie, la traitant sans gangs, de dernière puissance impérialiste de notre siècle. L’objectif, de toute évidence, est de rappeler aux pays de l’espace francophone, que la France est la meilleure destination pour eux, le partenaire idéal, le bon parrain dont ils n’ont aucun intérêt à se détourner, surtout en ces périodes où la Russie lorgne sérieusement le terrain juteux de l’Afrique.
Pour défendre une telle cause, qui permet ainsi à l’État français de circonscrire son espace d’influence en Afrique lui donnant droit à toutes les ouvertures à l’ONU et portant plus haut sa voix en tant que puissance incontournable partout où besoin est, il a fallu que le président Macron mette en berne, les questions des droits de l’homme, de l’alternance politique, des libertés publiques dont son pays s’est pourtant fait verbalement le chantre depuis des années, pour ne s’appesantir que sur l’économie, la sécurité et la culture.
Il est donc clair qu’au regard des enjeux urgents du moment, de la crise qui secoue tous les pays du monde et notamment, européens fortement fragilisés, à tous points de vue, à la fois par la pandémie à coronavirus et aujourd’hui, par les opérations militaires en Ukraine, il importe de sortir de l’habituelle propagande sur ces questions pour adopter rigoureusement la real politique, afin d’assurer la survie des pays européens, de la France en l’occurrence.
L’exercice a visiblement marché, du moins à l’analyse des discours, de l’excitation et de l’enthousiasme que les dirigeants africains et leur peuple, ont manifestés vis-à-vis du bon samaritain français.
Mais alors, que retenir?
Que tous les pays du monde, versent dans la propagande quand il est question de polir leur image à l’international et violent toutes les règles d’éthique quand ils font face à un besoin de survie de leur peuple. Ni la France, ni la Russie et encore moins les USA ne peuvent faire l’exception.
Il ne devrait d’ailleurs en être autrement du Mali ou de tout autre pays en Afrique. Cela dit, que doivent alors faire les États africains pour tirer leurs marrons du feu?
D’abord comprendre que leur sort ne peut aucunement dépendre d’un autre pays, si puissant qu’il puisse être. Ensuite se donner l’audace d’entreprendre le chantier de s’assumer par eux-mêmes quelles que soient les ronces, les épines et les épreuves par lesquelles ils devront passer.
Enfin, que nos dirigeants en Afrique s’avisent de ce que, leur entrée dans l’histoire ne dépendra aucunement de leur puissance personnelle qui sert à brimer leur peuple, mais de celle qu’ils sauront construire pour leurs citoyens dont l’action engendre la puissance du pays lui-même.
Sans quoi, les plaintes que nous continuons de formuler, après plus de six décennies de pseudos indépendances, et qui sont liées à l’hégémonie du colonisateur, seront toujours d’actualité, même des siècles plus tard.
Luc Abaki
Source : icilome.com