Libéré en 2018 par grâce présidentielle après cinq (05) années passées derrière les barreaux, Mohammed Loum, pris pour le cerveau des incendies du grand marché de Lomé, en janvier 2013, fait, à nouveau, des révélations. Le jeune activiste sengalo-togolais, insiste que les auteurs des incendies sont dans l’entourage du Chef de l’Etat et que ses aveux fabriqués incriminant des acteurs de l’opposition l’avaient été sous le coup de la torture. De graves révélations qui contrarient le pouvoir de Lomé.
Loum parle à nouveau
Depuis sa libération en février 2018, à la faveur de la grâce présidentielle, l’homme était jusque-là inaudible. Mais ce ne sera que pour quelques mois seulement. En effet, le week-end dernier, Mohammed Loum, ce sacré personnage qui a défrayé la chronique en 2013 est revenu sur le triste feuilleton des incendies des marchés de Lomé et de Kara l’ayant conduit en prison, ensemble d’autres acteurs politiques et camarades d’infortune dont Etiennes Yakanou de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) qui y avait malheureusement laissé sa vie.
Dans son nouvel aveu sous forme de confession à Monseigneur Fanoko Kpodzro, Mohammed Loum écroué à la prison civile de Lomé, puis de Kara persiste et signe qu’il n’en est pour rien dans l’affaire des incendies des marchés. «Monseigneur, avec tout le respect et l’honneur que je vous dois, je vous réitère que je ne suis pas l’auteur des incendies. Ils m’ont tout simplement pris comme bouc émissaire en me proposant un passeport diplomatique, une somme d’argent et une résidence en Malaisie!», s’est il exclamé.
Et de poursuivre en affirmant, avec ferme assurance, que les incendies des grands marchés de Lomé et de Kara sont plutôt l’œuvre «des gens sans foi ni coeur qui sont dans l’entourage du Chef de l’Etat. Il s’agit de ses collaborateurs qui sont prêts à tout crime d’Etat pour permettre à Faure d’être toujours au pouvoir». Les criminels, dit-ils, bénéficient de la protection de l’homme du 05 février 2005 qui «jouit aussi de ce crime». Parmi des noms cités par Mohammed, se trouvent le Chef de l’Etat Major des Forces Armées Togolaises (Fat), Félix Katanga, le Capitaine Akakpo, Solitoki Esso, Ingrid Awade et autre Christian Trimua… pour ce citer que ceux-ci. Bref, Loum a fait de grands déblayages qui ne confortent vraiment pas le pouvoir de Lomé.
Le pouvoir de Lomé dos au mur
Après de telles accusations, tous les regards se tournent vers le régime de Lomé- qui a visiblement dos au mur, contraint de bon à loi à livrer sa part de vérité. En estimant surtout que ses aveux étaient sous le coup de la torture, celui qui a servi de pièces à conviction pour inculper nombre d’acteurs de l’opposition et membres du Cst en rajoute encore à la question du respect des droits humains déjà sur le tapis. Il lève encore le voile sur une partie des techniques d’interrogatoires renforcées des services de renseignements pour obtenir des aveux.
On se rappelle qu’il y a quelques mois, le Togo a été épinglé par le Comité des Nations Unies contre la torture lors de la présentation pays des Droits Humains au Togo. Audience au cours de laquelle, il a été relevé les traitements inhumains et dégradants dont use le défunt Service des Renseignements et d’investigation (Sri) qui outrepasse ses prérogatives de simple service d’enquête de la Gendarmerie.
Aujourd’hui, les nouvelles déclarations de Mohammed remettent au goût du jour ce débat et l’on attend la réaction des organisations internationales de défenses des droits humains déjà en alerte sur le cas du Togo.
Le bémol…et le bénéfice de doute
Toutefois, l’on ne saurait rester sans faire cas de l’inconstance notoire dont fait preuve Mohammed Loum dans le cadre de ce dossier, laquelle voit s’entremêler déclarations et contre déclarations. Un bémol qui n’est pas de nature à croire en la sincérité dans les propos de l’homme qui se dit certes manipulé. Mais qu’à cela ne tienne, la vérité n’étant pas variante, encore moins compromettante, elle ne saurait s’accommoder, sous aucun prétexte, au double langage. Encore moins, à la versatilité.
Cependant, Loum peut compter avec le vent du bénéfice du doute que contrairement à sa toute première déclaration, les deux autres sont concordantes et mettent en minorité la première qui, continue t-il de le dire, l’a été sous le coup de la torture.
Aussi, la démolition du corps du lit qu’est le bâtiment sans que l’enquête diligentée ne soit rendue publique, selon la norme, pourra également être une piste qui pourra ne pas arranger le pouvoir de Lomé que l’on pourrait accusé d’avoir effacer, à dessein, des preuves qui pourront lui être préjudiciable. Encore que l’enquête de l’expert français toujours attendue a fait cas de l’utilisation du kérosène, un carburant qui est pas à la portée de tout le monde, mais plutôt une affaire d’Etat.
Source : Fraternité – N°336 du Mercredi 13 Novembre 2019
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