« Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, l’accomplir ou la trahir ». Frantz Fanon, Les Damnés de la Terre (1961).
D’abord quelques définitions, puisées dans le New York Times.
Un « activiste » est un individu qui s’organise et agit dans la poursuite d’un objectif en lien avec le changement d’une politique ou d’une loi donnée.
Un « activiste politique » est un individu qui s’implique dans la vie politique afin de promouvoir, de réduire ou d’accroître une prise de conscience autour d’un sujet ou d’un ensemble de sujets.
Un « politicien » est un individu en quête d’un mandat à un poste électif sur la base d’une idéologie ou d’un programme précis qu’il s’engage à mettre en œuvre.
Ensuite le nœud du problème…
Au lendemain des législatives du 20 décembre 2018, l’un des espoirs que l’on avait formulés était que le taux d’abstention record soit traduit (par tous les partisans de l’alternance) en un facteur d’une plus grande mobilisation populaire, étape nécessaire pour l’aboutissement de la lutte pour l’alternance politique.
C’était malheureusement sans compter sur les sempiternelles querelles d’égo entre les responsables politiques, leur recherche des boucs émissaires et leur ridicule fuite de responsabilité. Conséquence : la C14 a implosé, donnant lieu à des affrontements verbaux non seulement entre les responsables politiques et leurs militants, mais aussi entre les activistes qui à un moment ou à un autre, ont défendu des positions favorables à un parti ou à un autre, à un responsable politique ou à un autre. À tel point que l’objectif principal qu’est la mise en commun des efforts pour l’alternance politique a été relégué aux oubliettes.
Lorsqu’on regarde de près les sujets sur lesquels les activistes togolais se déchirent, il s’agit très souvent des sujets qui découlent de la manipulation de tel leader ou tel parti qui cherche à sortir la tête de l’eau, ou le résultat de la désinformation orchestrée par le régime et dont certains activistes se font les relais, volontairement ou pas.
On aurait souhaité que cela n’arrive pas.
Mais puisque cela est arrivé, soyons pragmatiques. Considérons ce type d’affrontement comme une conséquence logique du manque de résultat. Considérons cela comme une pause, une étape nécessaire pour évacuer nos frustrations les uns vis-à-vis des autres en l’absence de tout autre mécanisme adapté pour ce faire.
Mais à un certain moment, il faut reprendre le chemin car la pause n’est pas la destination. Déjà parmi les membres de la C14, ce regroupement de partis qui a suscité tant d’espoir dans nos cœurs meurtris, le Comité d’Action pour le Renouveau (CAR) propose de reprendre la route.
Il est important que les activistes politiques aussi retournent à l’essentiel. Pourquoi ?
Les activistes sont un maillon essentiel pour l’aboutissement de la lutte pour l’alternance au Togo, car sans eux, la lutte serait tout à fait différente et sans doute plus difficile. C’est pourquoi je crois qu’il est important d’aplanir les divergences afin qu’on ne s’éloigne plus de l’essentiel dans la multitude des incompréhensions et des rancœurs qui vont de pair avec trois décennies de lutte.
La dernière élection présidentielle a eu lieu le 25 avril 2015. Aujourd’hui, nous sommes à 12 mois pile de la prochaine élection. C’est donc :
12 mois pour les activistes de faire ce qu’ils n’ont jamais fait, afin d’obtenir ce qu’ils n’ont jamais obtenu pour le Togo.
12 mois pour corriger nos erreurs et remettre sur les rails notre activisme pour l’alternance au Togo.
12 mois pour « accomplir ou trahir la mission de notre génération », pour reprendre Frantz Fanon.
Je convie tous les activistes togolais qui œuvrent pour l’alternance, à la mise en place d’une charte ou d’un code de conduite afin que nos efforts de conscientisation puissent porter des fruits.
Si nous réussissons à relever ce défi de cohérence autour de la lutte pour l’alternance, les responsables politiques suivront sûrement notre exemple. Et il n’y a pas meilleure satisfaction à tirer de l’activisme politique que d’être un exemple.
Si vous adhérez à l’idée, merci d’indiquer votre intérêt. Pour l’alternance au Togo !
Fraternellement.
Aminou Ben Yaya
New York, 24 avril 2019
Source : telegramme228.com