Angleterre: la justice maintient son mandat d’arrêt contre julian Assange

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Le fondateur de WikiLeaks a passé plus de cinq ans enfermé dans l’ambassade équatorienne de Londres, craignant que les autorités britanniques décident son extradition vers les États-Unis.

Julian Assange ne pourra pas quitter l’ambassade équatorienne de Londres où il est réfugié depuis plus de cinq ans. C’est ce qu’a décidé la justice britannique ce mardi appelé à se prononcer sur une demande de levée du mandat d’arrêt émis contre le fondateur de WikiLeaks.

Depuis juin 2012, l’Australien de 46 ans s’est réfugié dans l’ambassade londonienne, immeuble aux briques rouges du 3 rue Hans Crescent. Il est, depuis 2010, visé par un mandat d’arrêt européen émis par la Suède qui veut l’entendre dans une affaire de viol qu’il nie. L’Équateur lui a accordé l’asile politique en août 2012. Finalement, le parquet suédois a décidé de classer l’affaire en mai 2017. Pour ses avocats, le mandat d’arrêt britannique émis à son encontre a donc «perdu son objectif et sa fonction». Sa défense invoque également les problèmes de santé de Julian Assange, qui selon elle n’a pas accès aux soins médicaux, et souffrirait de problèmes aux dents, à l’épaule et de dépression.

Dans l’espoir de trouver une solution au casse-tête judiciaro-diplomatique, Quito lui a accordé en décembre la nationalité équatorienne, demandant à Londres de lui reconnaître un statut diplomatique, ce qui lui aurait permis de quitter l’ambassade sans être arrêté par la police britannique. Mais le Royaume-Uni a refusé d’accorder ce statut, et le parquet britannique maintient que le mandat d’arrêt britannique est toujours valide car Julian Assange n’a pas respecté les conditions de la liberté sous caution. Le procureur Aaron Watkins a même qualifié d’«absurdes» les arguments présentés par les avocats d’Assange. La police britannique a, elle, affirmé de son côté qu’elle interpellerait l’Australien s’il quittait de l’ambassade.

«Priorité» de l’administration Trump

De plus, Assange craint aussi une extradition vers les États-Unis, où une enquête a été ouverte sur le site WikiLeaks et son fondateur après la publication de documents secrets de l’armée américaine. Ceux-ci lui avaient été transmis par la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, ancien soldat, analyste du renseignement à Bagdad. Le ministre américain de la Justice, Jeff Sessions, avait assuré en avril dernier que l’arrestation de Julian Assange était une «priorité» pour l’administration Trump.

Enfin, si ces deux pays attendent toujours de pouvoir interpeller Assange, la présence en continue depuis plus de cinq ans dans l’ambassade est «un problème», selon le président équatorien, Lenin Moreno. D’autant plus que s’il ne fait que de très rare apparition publique au balcon de l’ambassade, il continue à commenter la politique et l’actualité internationale de manière assidue sur les réseaux sociaux. Il a notamment apporté son soutien aux indépendantistes catalans en novembre dernier. Des déclarations qui agacent l’Équateur qui lui a demandé d’arrêter les annonces susceptibles «d’affecter» les relations internationales de Quito.

S’il est un jour amené à quitter l’ambassade, l’Australien n’aurait plus forcément l’image du défenseur des libertés qu’il avait pu avoir au moment où il y avait trouvé refuge. Personnage désormais controversé, Julian Assange a été accusé récemment d’être un valet de la Russie pour son influence sur l’élection du républicain Donald Trump à la Maison-Blanche.

En juillet 2016, WikiLeaks avait en effet publié 20.000 courriels piratés du parti démocrate, dont certains très préjudiciables à la campagne de la candidate Hillary Clinton. En octobre, un mois avant le scrutin, ce sont des milliers d’emails du président de l’équipe de campagne de la démocrate, John Podesta, qui étaient publiés par WikiLeaks, suscitant des éloges appuyés du candidat Donald Trump. Face aux accusations, Julian Assange a nié que la Russie ou tout autre État était derrière ces fuites.

Source : www.cameroonweb.com