Le régime de Faure Gnassingbé est réfractaire au débat contradictoire. Ce n’est plus un secret pour personne. Il a réussi à museler toute la presse togolaise et contraint en exile des journalistes critiques qui essayaient de résister. Les radios notamment sont réduites à des émissions de divertissement, où s’il devait y avoir de débat, les journalistes se renferment dans l’autocensure. Ceux qui osent sortir du cercle tracé par le régime dictatorial, sont convoqués par ce qui reste de l’institution de régulation, la HAAC, cette autre Gestapo de la presse.
Pour avoir reçu Me François Akila-Esso Boko sur ses ondes, une radio sur place à Lomé est convoquée par la HAAC. L’ancien ministre de l’Intérieur était revenu dans le débat sur la dernière attaque terroriste au nord du Togo et la création de Freedom Togo-Mouvement de libération nationale (MLN) qu’il vient de créer avec Kofi Yamgnane et Jean-Sylvanus Olympio.
Jeudi sur les ondes de la radio Victoire FM, l’ancien ministre de l’Intérieur, Me François Boko s’est prononcé sur la dernière attaque djihadiste qui a couté la vie à une plusieurs soldats togolais, le weekend passé à Kpekpakandi, dans la région des Savanes, au nord du pays.
L’avocat au Barreau de Paris n’y est pas allé par quatre chemins pour condamner cette attaque terroriste qui a endeuillé le pays, jetant au passage la responsabilité sur les autorités togolaises. Pour Me François Boko, les errements diplomatiques de Faure Gnassingbé, dans la sous-région, y est pour quelques choses.
« Le problème est que la diplomatie togolaise s’est mêlée dans des affaires sahéliennes. La diplomatie togolaise a même proposé le dialogue avec les djihadistes. Depuis quand on dialogue avec les groupes djihadistes ? Vous voyez ce qui se passe au Togo ? », a demandé l’avocat.
Il a ajouté : « Nous sommes en train de subir les conséquences d’une diplomatie attrape-tout. D’une diplomatie qui se mêle de tout, qui est partie chercher officiellement l’insécurité, un problème qui ne nous concernait pas, et l’a transposée à nos frontières. Il faut que nos autorités arrêtent de faire mazé-mazé (ndlr, faire voir, en Ewé) dans la diplomatie ».
Il cite également l’affaire de la saisine par les autorités togolaises dans le nord du pays, des têtes de bœuf, qui, selon lui, appartiendraient à des groupes djihadiste qui ont décidé de « nous régler des comptes ».
Le Vice-président de Freddeom Togo-Mouvement de libération nationale (MLN) invite l’Etat à revoir le dispositif de sécurité. « Nos forces de défense n’ont pas d’équipement adéquat. Les chars et les équipements blindés qui ont été payés à grands frais par nos impôts, sont stockés à la garde présidentielle. Parce que Faure Gnassingbé craint que s’il les met à la disposition de l’armée, ces équipements peuvent se retourner contre lui », a-t-il analysé.
Me Boko a déclaré en outre que Faure Gnassingbé a disloqué le dispositif sécuritaire mis en place. « Il faut revoir le dispositif. Donné les moyens à ce dispositif. Il faut également un dispositif de renseignements avancés dans l’espace territorial de l’ennemi. On se contente de prendre des jeunes qui n’ont aucune expertise, on les transporte sur les frontières, sans matériels, sans commandement réel », a dénoncé Me Boko.
L’opposant en exil qui dit suivre près l’évolution de la situation sécuritaire au nord du pays, reproche aux autorités togolaises de ne pas rendre des hommages mérités aux soldats tombés sur le champ d’honneur.
« Comment vous pouvez comprendre qu’un petit espace au nord du Togo, nous n’arrivons pas à le sécuriser, malgré les moyens que nous avons ? Ce n’est pas bien d’exposer nos soldats comme ça. Vous vous rendez compte, on ne leur rend jamais hommage. Ils vont encore les enterrer en catimini, alors qu’ils sont partis mourir pour nous. On n’a jamais ramené le corps de nos vaillants soldas dans la capitale comme cela se fait dans tous les pays, pour leur rendre hommage. Ce n’est pas sérieux », a-t-il regretté.
Il a insisté : « Il faut leur rendre hommage et promettre que leur mort ne sera pas une mort vaine. Ils ont pris un arrêté qui stipule que si quelqu’un tombe sur le champ de bataille, sa famille va percevoir 10 000 000 FCFA. 10 millions FCFA c’est quoi ? Je préfère qu’on rende des honneurs sur la place publique à nos braves soldats que de donner de l’argent à leurs familles », a-t-il souligné.
La HAAC suspend le journaliste Joachim Agbétim pour avoir reçu Me Boko
La Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) avait convoqué la radio Victoire FM pour avoir organisé un débat avec Me François Boko. L’institution de régulation vient de rendre sa décision, suspendant l’émission et le journaliste.
L’« émission Audi Actu » de la radio Victoire FM est suspendue pour trois (03) mois. De même que le confrère Joachim Agbétim, l’animateur de l’émission.
« La suspension, pour une durée de trois (03) mois, à compter du 27 juillet 2024, de monsieur Joachim Agbétim de l’animation de toute émission d’actualité ou d’information de quelque radio que ce soit exerçant avec l’autorisation de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) », a décidé l’institution.
Source: lalternative.info
titre original: Togo: Une radio de Lomé convoquée après avoir reçu Me François Boko dans un débat
Source : 27Avril.com