En Algérie, nouveau coup de théâtre dans la crise politique. La télévision nationale a annoncé en milieu de journée qu’un mandat d’arrêt international avait été lancé contre l’ancien chef d’état-major et ancien ministre de la Défense, Khaled Nezzar. Il est poursuivi par le tribunal militaire pour complot et atteinte à l’ordre public.
C’est le troisième haut responsable sécuritaire à être poursuivi pour les mêmes chefs d’inculpation.
Comme Saïd Bouteflika, le frère de l’ancien président, comme Mohamed Médiène et Athmane Tartag, les anciens responsables des services de renseignement, Khaled Nezzar est poursuivi pour « complot ayant pour but de porter atteinte à l’autorité du commandement d’une formation militaire » mais aussi « atteinte à l’autorité de l’État ». Comme eux, il est passible de la prison à perpétuité.
Khaled Nezzar avait été convoqué par le tribunal militaire au mois de mai dernier dans le cadre de l’enquête sur Saïd Bouteflika. L’audition concernait plusieurs échanges que l’ancien ministre de la Défense avait eus avec le frère du président. À l’époque, il était ressorti libre.
L’ancien ministre de la Défense et ancien chef d’état-major est en Espagne. Le tribunal militaire a donc lancé un mandat d’arrêt international.
Poursuivi en Suisse pour « crime de guerre »
Khaled Nezzar était l’un des hommes forts de l’armée algérienne de la fin des années 1980 au début des années 1990. Il est d’ailleurs poursuivi par la justice suisse pour « crime de guerre », accusé d’avoir utilisé la torture à grande échelle.
Avec ce mandat d’arrêt, l’ancien ministre semble payer sa proximité avec la famille Bouteflika, ses rencontres avec Saïd Bouteflika alors que le mouvement de contestation avait débuté, ainsi que ses critiques, au cours des dernières semaines, contre le chef d’état-major Ahmed Gaïd Salah.
Son fils, Lotfi Nezzar, dont la société de télécommunication s’est vu retirer les autorisations nécessaires pour travailler, dénonçait également depuis plusieurs semaines des pressions de la part des proches de la famille Bouteflika.
Ce mandat d’arrêt international a peu de chance d’aboutir. C’est ce qui laisse penser que cette décision est une nouvelle étape dans la bataille que mène Ahmed Gaïd Salah contre ceux qui étaient proches du président Abdelaziz Bouteflika. Comme pour Mohamed Mediène et Athmane Tartag, cette décision est très symbolique, car on s’attaque à un homme jugé intouchable. Un moyen, peut-être, de s’assurer le soutien populaire.
Source : www.cameroonweb.com