Djiguidi André, un des porte-paroles des populations de Sika Kondji (préfecture de Yoto) est en détention à la prison civile d’Aného depuis jeudi 25 février 2021. Il a été arrêté dans la journée la veille à Tabligbo et déféré le lendemain. On lui reproche d’avoir critiqué la taxation des marchandises par la mairie de Yoto3. D’autres ressortissants du milieu sont inquiétés.
L’affaire fait grand bruit dans la localité. Depuis le 25 février dernier, l’un des acteurs des revendications des populations de Sika Kondji dans le canton de Tokpli est détenu à la prison civile d’Aného. Selon les informations, le motif de son arrestation est « Outrage à une autorité publique dans l’exercice de ses fonctions ».
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L’infraction collée à ce jeune est d’avoir critiqué la gestion des tickets communaux de Yoto3. Le maire de la localité aurait dit dans sa plainte que Djiguidi André aurait publié des images des tickets payés, des marchandises saisies et du véhicule de commandement de la mairie sur une plate-forme Whatsapp.
Dans nos investigations, nous avons appris qu’avant son arrestation, le jeune Djiguidi avait fait convoyer des marchandises en direction du Bénin voisin. Au poste de contrôle de Tokpli, les agents de la mairie ont exigé une redevance de 12.000 FCFA. Ce montant a été payé, mais surprise, les agents auraient saisi les marchandises, exigeant une somme de 200.000 FCFA, sur instruction du maire Kokou Dégbé.
L’image des tickets premièrement achetés a été publiée dans un groupe Whatsapp sans aucun commentaire ni légende. Pour cette histoire banale, le parquet de Tabligbo a décidé d’envoyer Djiguidi André en prison, sans même attendre la fin des 48 heures de garde à vue, mais aussi en l’absence de son avocat. « Il a été arrêté le mercredi. Le jeudi, son avocat voulait venir le soir, mais on l’envoie en prison à midi », indique une source locale.
Curieusement, d’autres natifs de Sika Kondji seraient dans le collimateur de la justice. Dans la journée de vendredi 26 février, un jeune proche de Djiguidi André a été convoqué au Service central des recherches et d’investigations criminelles (SCRIC). Il y a été convoqué pour répondre d’accusations de faux et usage de faux.
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D’après les informations, cette convocation est consécutive au témoignage d’un conseiller de la commune Yoto3. Mercredi 3 mars, trois autres ressortissants du milieu dont le mandataire de la collectivité Sika, le nommé Sika Kossi Hatta Dansou, et le grand frère d’André Djiguidi étaient devant le parquet de Tabligbo pour répondre d’accusations de diffamation sur un jeune homme présenté comme le petit frère d’un conseiller municipal.
Dans cette affaire, le fait de recourir au service d’un avocat est considéré comme « un affront à la justice et au maire », selon des propos rapportés par les intéressés. Des tractations sont menées depuis, en vain. Le maire aurait demandé d’envoyer dire au détenu de révoquer son avocat. Ce qui aurait été fait. Seulement, André Djiguidi est resté en détention. Toutes les démarches de ses proches se sont heurtées au refus catégorique de l’autorité municipale de retirer sa plainte. Pour l’élu municipal, il ne serait pas le seul concerné, mais que toutes les autorités de la préfecture sont concernées.
Tous ces éléments orientent les populations sur la piste de la thèse du complot. « En réalité, André est visé par les autorités locales et les forces de l’ordre. D’ailleurs, le grand frère nous a confié que c’est grâce à l’intervention de plusieurs personnalités qu’il a été libéré du SCRIC. Mais ce qui choque le plus au sein de la population, c’est qu’un élu local censé défendre nos intérêts a servi de témoin pour tenter d’enfoncer notre grand frère ainsi que les autres personnes persécutées dans le milieu », s’indigne notre source.
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Un autre élément pointé du doigt est le fait que les personnes inquiétées sont toutes des militants du parti au pouvoir, mais auraient été lâchés par la maison, du moins, les représentants et élus locaux du parti. D’après les informations, ces derniers auraient dit ne pas reconnaître les personnes inquiétées comme étant des militants UNIR, certains auraient même contribué à les incriminer.
« On voulait arrêter André et les autres coûte que coûte et cette histoire de tickets a servi de prétexte. Si aujourd’hui on dit qu’André n’est pas un militant UNIR, demain nous aussi nous serons reniés par le parti. Franchement, nous les jeunes qui avons fait campagne avec André pour Faure, nous avons honte. Moi je regrette sincèrement d’avoir suivi nos ainés d’UNIR. Les gens insultent même notre président Faure, mais on ne les emprisonne pas. Si on ne peut plus critiquer nos adversaires politiques et être couverts par nos propres élus, où va le parti ? Nous avons l’impression que le MPDD a pris le dessus dans le Yoto », estime un militant UNIR.
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Nous avons contacté le maire de Yoto3 pour comprendre ce différend. Il a estimé avoir été diffamé à travers un audio et qu’il serait menacé de destitution par le jeune André. « Il a dit dans un message audio qu’il est en train de constituer un dossier pour me destituer », nous a-t-il répondu. Avant de nous raccrocher au nez. Nous avons écouté le message audio en question et, sauf mal d’oreilles, nous n’avons pas entendu le mot « destituer ». Cette affaire a-t-il un lien avec les ressources minières de la préfecture ?
Liberté
Source : Togoweb.net