Albert Kate : Merci, beaucoup de Togolais ont suivi ce week-end sur les réseaux sociaux la présentation du Professeur Richard Aboki qui a fait un peu l’historique des violences politiques au Togo. Permettez-moi d’abord de lui rendre hommage pour son enseignement, la sincérité démontrée en partageant de son mieux sa part de vérité sur l’histoire du Togo de l’époque coloniale, après ses recherches et les faits vécus pendant sa jeunesse. Il y a d’autres historiens togolais et de simples citoyens qui ont certes précédé le Professeur Aboki en rendant publics certains faits de l’histoire que je remercie aussi au passage. Notre jeunesse saura en prendre compte.
Le point d’orgue est qu’il y a une émotion qui emballe toute personne intéressée par la recherche de solution définitive au problème togolais, lorsqu’elle entend les injustices sociales ayant émaillé la nation Togolaise avant et après l’indépendance par la force des choses, et qui se sont perpétuées par la suite avec une petite métamorphose. L’une des choses révélées à plusieurs reprises est la déplorable rivalité ethnique nord-sud, quand bien-même il y en a d’autres plus séculaires, enclavées ou régionales faisant partie aussi de l’histoire du Togo. Selon le Prof. Aboki, la particularité est que les traumatismes ethnoculturels affligés aux peuples Kabyès et Lossos se sont traduites dans le pouvoir politique Togolais par l’avènement du feu président Eyadema. Les séquelles ont et continuent d’envenimer la vie de la nation par les violences et divergences politiques interminables mais aussi datant de l’époque coloniale.
Je viens humblement porter la voix de plusieurs Togolais demander pardon aux Kabyes et Lossos pour les traumatises ethnoculturelles subies, pardon aux autres ethnies qui ne sont pas citees, un grand pardon dont l’histoire a besoin pour reconstruire la nation. J’en appelle aux élites de ces ethnies, en l’occurrence le Chef de l’Etat Faure Gnassingbe qui est d’une jeune génération, aux élites, aux religieux qui nous éclairent de montrer le chemin de ce pardon qui manque dans l’histoire du Togo.
Info Diaspo : D’aucuns diraient que votre seule voix ne suffit pas.
Albert Kate : Beaucoup de Togolais donnaient l’alarme depuis et n’étaient pas écoutés mais, si nos petites voix tombent dans de bonnes oreilles cette fois-ci nous allons écrire ensemble une nouvelle page de l’histoire du Togo. Ceux qui conviennent avec moi que le pardon des vieilles disputes de l’époque coloniale n’est jamais réalisé et reste un mystère qui hante la quiétude des togolais depuis les années 60 doivent commencer par faire quelque chose.
Info Diaspo : Les politiciens vous diraient que le pardon c’est l’alternance, que leur répondrez-vous ?
Albert Kate : C’est une hypothèse qui n’est pas exclue mais quand et comment réussir le pardon dans le contexte politique reste l’énigme. L’approche de certains politiciens depuis les années 1990 à 2020, c’est qu’ils vont prendre le pouvoir, c’est-à-dire réaliser l’alternance et après ils vont parler du pardon. Pour d’autres citoyens ordinaires, réaliser le pardon ouvrira la voie à l’alternance. Ce qui est bien est qu’aujourd’hui il y à la génération de 1960 et la génération de 1990 qui s’intéressent au sujet du pardon et au sujet de la politique. Le débat doit être ouvert pour voir quelle serait la meilleure approche pour aider la nation à circonscrire le mal et se relever définitivement sur de bons pieds. Si le pardon prôné par tout le monde n’a pas été fait à ce jour c’est certes parce que le pardon est très difficile dans tous les contextes, cela rend malade et c’est pourquoi le tissu politique et social est désintégré tout comme un être humain qui ne pardonne pas en souffre.
Info Diaspo: D’autres vous diront que la CVJR a déjà essayé et rien n’est fait après ses conclusions
Albert Kate : Je rends hommage a ceux qui ont fait le travail de pardon et continuent d’œuvrer dans ce sens sans se lasser. Le travail de la CVJR nous affecte tous car c’est ensemble que nous avions décidé de son utilité. Aujourd’hui nous devons parfaire, aller au-delà des vieilles approches et reprendre ensemble les choses qui sont par terre pour avancer au risque d’en payer les frais.
Info Diaspo : Votre dernier mot
Albert Kate : Je dirai, levons-nous ensemble pour panser les plaies et réaliser le pardon qui n’a jamais été réalisé.
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Source : icilome.com