La partie septentrionale serait-elle coupée du Togo ? A priori non, mais des faits tendent à faire croire que certaines parties du pays sont des « républiques autonomes » régies par d’autres lois. Les manifestations politiques y sont autorisées selon la couleur du parti. De Komi Wolou du Pacte socialiste pour le renouveau (PSR) à Aimé Gogué de l’Alliance pour la démocratie et le développement intégral (ADDI), les opposants au régime continuent de subir des actes liberticides dans la région des Savanes.
Selon Aimé Gogué, toutes les formalités administratives ont été remplies. Mais le préfet YouaYacoubou a interdit la tournée de sensibilisation dans les localités, de Borgou, Mandouri et Koudjoaré prévue par l’ADDI. Le représentant local du pouvoir n’a pas autorisé la manifestation dont le démarrage devait commencer dimanche dernier. Ce refus traduit une fois de plus que le régime cinquantenaire à travers certains de ses représentants pétris de zèle, ne supporte pas que les populations qu’ils assujettissent, entendent d’autres voix. Ils préfèrent opter pour le maintien de leurs administrés sous le joug de la dictature. Quiconque veut sensibiliser les populations de l’hinterland sur les vertus de l’alternance au pouvoir fait face à des manœuvres d’intimidation. Les opposants au régime dynastique sont interdits d’éveiller les consciences des populations de la région septentrionale.
Bien avant Aimé Gogué, c’est le Prof Komi Wolou du PSR qui s’est vu interdit de manifestation à Kara en avril dernier. Il avait été empêché de tenir une rencontre qui s’inscrivait dans le cadre du projet « Ambassadeurs de la démocratie et de la citoyenneté ». Son malheur est de ne pas s’acoquiner avec le pouvoir en place obtus au changement. Tout comme le président de l’ADDI, tous les deux font-ils partie de la Coalition des 14 partis de l’opposition qui, depuis le 19 août 2017, réclame le retour à la Constitution de 1992 et le vote de la diaspora. C’est ce regroupement politique qui donne du tournis au régime qui n’hésite pas à réprimer les manifestations pacifiques de l’opposition.
Déjà les échauffourées sont à craindre les 09 et 13 mai prochains. La Coalition annonce de nouvelles marches mais PayadowaBoukpessi, le ministre de l’Administration impose d’autres itinéraires aux manifestants. Ce que la Coalition n’entend pas respecter.
Ces interdictions de manifestations de l’opposition ont connu un point d’orgue l’année passée. En effet, il s’en est fallu de peu pour que le meeting de TikpiAtchadam ne tourne à l’affrontement. C’était à Kara. Le leader du Parti national panafricain (PNP) a été interdit de tenir une réunion alors que les démarches administratives avaient été remplies. Quelques minutes avant, les forces de l’ordre ont fait une entrée fracassante en emportant le groupe électrogène et empêché la manifestation. Mais, elles n’ont pas curieusement empêché une milice qui était entrée en jeu et intimidait la délégation du parti à l’emblème du cheval.
Tout cela ressemble à la même méthode opératoire qui a cours dans cette partie du Togo.
Dans ces régions, les préfets font leur loi. Il y a aussi une certaine milice qui est à l’œuvre et bénéficie de l’onction tacite des autorités locales pour intimider les opposants qui veulent tenir des meetings politiques. Jamais, elle ne s’est vu réprimander par les autorités. La milice à l’œuvre dans ces localités semble plutôt adoubée dans ses actes à relent identitaire.
Source : www.icilome.com