Une tribune publiée par Monsieur Axel van Trotsenburg (Vice-président du Groupe de la Banque mondiale pour le financement du développement) suite à sa visite au Togo du 3 au 6 juin 2017
Il y a deux semaines, j’étais à Lomé où j’ai rencontré plusieurs hauts responsables du gouvernement. Le Togo est clairement et profondément déterminé à accélérer la lutte contre la pauvreté et, avec le soutien du Groupe de la Banque mondiale, à passer à la vitesse supérieure. Nos échanges ont porté principalement sur l’amélioration des services essentiels, mais également sur l’ouverture de nouvelles perspectives. Le Togo va en effet bénéficier d’une aide financière sensiblement accrue de la part de l’Association internationale de développement (IDA), le fonds du Groupe de la Banque mondiale pour les pays les plus pauvres.
L’IDA sera un partenaire décisif dans ce combat contre la pauvreté. En décembre 2016, une soixantaine de pays donateurs et bénéficiaires sont convenus d’intensifier significativement la lutte contre l’extrême pauvreté, avec un engagement record de 75 milliards de dollars au profit de l’IDA. Cette décision témoigne de la solidarité de la communauté mondiale et de sa volonté d’agir pour améliorer la vie de plusieurs milliards de personnes.
Sur place au Togo, j’ai pu constater combien les interventions de la Banque mondiale faisaient la différence. Dans la région des Plateaux, par exemple, les habitants du village d’Adrakpo et de ses alentours ont été enclavés et privés pendant 17 ans de tout débouché économique, les routes étant impraticables, en particulier pendant les saisons de pluies et les inondations récurrentes. Les marchés étaient inaccessibles pour les agriculteurs et les jeunes devaient faire des kilomètres à pied pour aller à l’école.
En 2015, le village a reçu une aide de la Banque mondiale pour construire une piste rurale et des ponts pour remédier à ce problème d’accès, installer quatre points d’eau potable et un éclairage solaire et valoriser deux hectares de terres pour les fermiers locaux. Tous ces projets ont été choisis et réalisés par les membres de la communauté, qui ont été rémunérés pour leur travail.
Ce n’est là qu’un exemple de l’action de la Banque mondiale sur le terrain, au Togo comme partout ailleurs en Afrique, pour améliorer le quotidien des populations. Au cours des trois prochaines années, l’IDA entend doubler son aide au Togo, jusqu’à 230 millions de dollars, dans le but de créer des emplois et d’installer les conditions d’une économie inclusive, promouvoir la bonne gouvernance et édifier de solides institutions, mais également, parmi d’autres enjeux de développement urgents, s’atteler aux effets du changement climatique et de la dégradation de l’environnement.
Ce financement aidera le pays à progresser, mais il ne sera pas suffisant. Pour que le changement soit porteur de transformations, il faudra mobiliser tous les partenaires, depuis les habitants des villages reculés comme Adrakpo jusqu’aux organisations internationales, en passant par les gouvernements nationaux. Cela exige également de disposer d’un secteur privé dynamique, créateur d’emplois et de débouchés et investissant dans les infrastructures qui forment le socle d’une économie viable.
Dans de nombreux pays en développement, le secteur privé est l’un des piliers du développement durable qui assure une majorité d’emplois. Pour les populations pauvres et vulnérables, qui souvent ne possèdent pas de terres et n’ont guère de capital, l’emploi reste la principale voie de sortie de la pauvreté.
Or, les entreprises nationales et étrangères rechignent souvent à investir dans les pays en développement, à cause des risques perçus. C’est la raison d’être du nouveau dispositif de financement dédié au secteur privé de l’IDA, le PSW (pour Private Sector Window) : ce guichet apportera 2,5 milliards de dollars d’appui aux investissements à fort impact sur le développement dans des pays où, surtout s’ils sont en situation de fragilité, le secteur privé s’aventure peu. Il offre un arsenal de solutions pour garantir les projets d’infrastructure, rééquilibrer le profil risque-rendement dans les petites et moyennes entreprises, l’agroindustrie et d’autres secteurs, ou octroyer des prêts libellés dans la monnaie locale. Ces initiatives sont censées mobiliser les investissements privés qui ne se sont pas matérialisés dans le passé. Dans des pays comme le Togo par exemple, le nouveau dispositif pourrait permettre de développer l’électricité solaire ou d’étendre le raccordement au réseau en levant des fonds privés en direction de projets qui s’appuieraient sur les résultats obtenus par des opérations de l’IDA.
Le PSW sera mis en place par les deux branches du Groupe de la Banque mondiale qui se consacrent au secteur privé — la Société financière internationale (IFC) et l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA) — en partenariat avec des opérateurs privés et des gouvernements, afin de contribuer au démarrage de projets à fort impact sur le développement.
Il s’inscrit dans la continuité des efforts constants déployés par l’IDA, IFC et la MIGA au profit du secteur privé : au cours des dix dernières années, les trois institutions ont appuyé ensemble des interventions visant à mettre en place des politiques et un cadre réglementaire porteurs ou à financer des investissements complémentaires et nécessaires, par exemple dans les infrastructures, mais aussi des investissements directs dans des entreprises privées.
Ce nouveau guichet est plus qu’un simple canal de financement, il est conçu comme une plateforme pour l’action. À travers lui, nous voulons modifier la perception du risque face à des pays comme le Togo, en prouvant que des investissements peuvent y être rentables et que les entreprises y sont les bienvenues.
L’objectif de créer un secteur privé prospère, solidaire et viable, à même de créer des emplois et des opportunités pour tous, est à notre portée. Avec l’IDA et son nouveau mécanisme de financement pour le secteur privé, nous misons sur l’avenir en aidant le Togo à améliorer la vie quotidienne de ses habitants.
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Axel van Trotsenburg est le Vice-président du Groupe de la Banque mondiale pour le financement du développement.
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