Qu’on se le dise : j’ai toujours compris, et même des fois défendu nos compatriotes togolais, jeunes et adultes, qui vivent et travaillent au Togo, et qui ont décidé de ne pas s’exprimer contre la dictature des Gnassingbé, mais qui se cachent chaque fois pour venir te dire inbox ou dans des discussions privées « Tu sais, comprenez-nous, nous détestons aussi ce régime, mais que faire ? Nous sommes dedans, nous, et nous ne pouvons rien. » Je les ai toujours compris.
Parce que dans un pays conditionné de telle sorte que pour pouvoir manger il faut faire allégeance à des criminels fieffés, il faut avoir une sacrée dose de courage et un peu de folie, comme Foly Satchivi par exemple, pour se rebeller. Et ce courage n’est pas donné à n’importe qui. Je les comprends.
Mais ce que je n’accepte pas, c’est quand ces gens-là commencent à railler leurs compatriotes de la diaspora qui se battent pour qu’enfin ce pays change, les traitant de désœuvrés, de chômeurs, d’ouvriers, de nettoyeurs des toilettes des Blancs… qui cherchent à déstabiliser le pays et qui les empêchent, eux, de vaquer à leurs occupations.
Je ne sais pas si c’est ces boulots de 90 000 FCFA qu’ils font au Togo, dont la consécration suprême consiste à contracter un prêt de 3000 000 FCFA payable en 55 ans à FUCEC-TOGO pour s’acheter un demi-lot dans la brousse de Zanguéra et une moto Haoujoe, moto sur laquelle, chaque matin, boudinés dans de la friperie bon marché, ils exposent leur gros ventre rempli d’une graisse cancérigène et diabétique qui le tuera à 51 ans, je ne sais pas si c’est ces machins-là qu’ils appellent boulots qui leur montent à la tête, mais ce qu’ils doivent comprendre est que le Togo a cette particularité de miroiter à ceux qui y vivent des ambitions à sa propre taille, ses 56 600 Km2, et c’est quand on en sort qu’on comprend réellement combien il nous a étouffés.
David Kpelly
27Avril.com