Agoro Aboubakar Lopez: Le Militant, l’Ami Et le Frère de Tout le Monde S’en Est Allé…

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« La mort est un malheur prévu » Honoré De Balzac (dans « la condition humaine »)

Oui, ce malheur inéluctable prévu dans la vie de tout un chacun de nous vient de frapper au moment où on l’attendait le moins. Et malheureusement ce sont toujours les êtres qui nous sont le plus chers qui sont arrachés à notre affection. Agoro Aboubakar dit Lopez n’est plus de ce monde depuis mercredi 8 juin 2022, et nous sommes conscients du fait que nous ne soyions pas les premiers à annoncer la triste nouvelle; tant l’homme était tellement populaire que quelques minutes après sa disparition le deuil a envahi la toile et les réseaux sociaux. Tout le monde presque avait connu Lopez avec sa bonne humeur, son allure sportive, son éternel sourire et surtout son attitude optimiste de toujours, comme disent les Allemands « ein Siegertyp »(quelqu’un qui est fait pour gagner). Pour ceux qui ne l’ont plus vu depuis longtemps, ou ne sont pas forcément ses proches, la nouvelle de sa brutale et douloureuse disparition tomba sans crier gare comme un couperet, si bien que beaucoup en sont même arrivés à se demander s’ils n’étaient pas dans un mauvais rêve, avant de finir par commencer à s’accommoder du grand vide que laisse le natif de Kparatao à Tchaoudjo.

Oui, Agoro Aboubakar Lopez était un Mollah de Kparatao et était fier, très fier de ses origines princières; fier d’avoir eu des ancêtres guerriers dont les prouesses d’antan font aujourd’hui encore la fierté des natifs de cette contrée du Togo. Et c’était à juste titre qu’il était légitimement content d’entendre ses nombreux amis le désigner par « Sèmoh », « Mollah », « Ouro », ou encore « Kowouro » (la chefferie elle-même). Son éternelle tasse de café à la main, sachant manier le verbe aussi bien en tem qu’en français, Lopez avait tout pour retenir l’attention de son auditoire. Convaincu que la libération du Togo n’était qu’une question de temps et exigeait de tous un grand sacrifice, il n’avait pas manqué de se faire remarquer parmi les jeunes bouillants des quartiers chauds de Sokodé dans la foulée du vent de l’est avec le début de la démocratisation à l’orée des années ’90. Après la création des partis politiques, il sera le représentant de la Convention Démocratique Des Peuples Africains (CDPA) du Professeur Léopold Gnininvi dans la même localité. Plus tard, quand il s’agira de créer le Parti National Panafricain (PNP),Agoro Aboubakar Lopez sera l’un des tout premiers initiateurs de la mise sur pied de cette formation à l’emblème du cheval.

Doté d’un grand talent d’organisation et de sensibilisation, Lopez jouera le rôle de porte-étendard de ce parti politique dans la diaspora européenne et surtout allemande. C’est ainsi qu’il prendra une part active aux mouvements et différentes marches initiés à la suite du soulèvement populaire du 19 août 2017 par le Parti National Panafricain (PNP) de Salifou Tikpi Atchadam. Agoro Aboubakar Lopez vient rallonger hélas, la liste des combattants, célèbres comme anonymes, morts d’une façon ou d’une autre, sans voir la libération de leur pays pour lequel ils se sont engagés et battus. En dehors du fait que Lopez fût un homme du peuple, l’ami, le cousin, l’oncle et le frère de tout le monde grâce à son éternelle attitude joviale et bon enfant, il était également un père attentionné de deux enfants; une fille et un garçon ayant aujourd’hui largement dépassé la majorité. Les dernières pensées de notre défunt cousin allèrent sans nul doute vers ses deux rejetons, vers ses proches, vers toute la grande famille et vers son Togo tant aimé, au moment où il savait qu’il allait perdre le combat contre la maladie qui le tenallait depuis quelques années. Il avait 58 ans.

Comme nous tous, Lopez avait certainement ses forces et ses faiblesses inhérentes à la nature humaine. Et une loi non écrite veut qu’il soit mis fin après notre mort, aujourd’hui après celle de notre jeune cousin, à toutes les spéculations qui pourraient avoir concerné notre passage sur terre. C’est pourquoi, tout en renouvelant nos sincères condoléances aux deux enfants du défunt, à la famille proche et à tous ceux qui l’ont connu de près ou de loin, nous disons: Aboubakar Lopez, tu es parti au moment où nous avons le plus besoin de toi. Mais sois rassuré, tu n’as pas vécu inutile. Tu as contribué avec les moyens qui étaient les tiens à tenter de faire améliorer la gouvernance politique et les conditions de vie des populations dans ton pays que tu as tant aimé. Nous nous servirons de ton exemple pour continuer la lutte et les jeunes générations s’inspireront également de toi pour mieux faire. Lopez, celui que tu appelais affectueusement et sincèrement « grand-frère »se joint à tous ceux qui te pleurent aujourd’hui pour te dire:

REPOSE EN PAIX; QUE LA TERRE TE SOIT LÉGÈRE!!!

Samari Tchadjobo
(Allemagne)

Source : 27Avril.com