Les échos des plaintes, des cris de détresse et des gémissements des populations de la commune d’Agoè et ses environs nous parviennent depuis le début de la semaine. Ils sont d’ailleurs répandus sur les réseaux sociaux. La violence exercée par les forces de sécurité et de défense sur ces populations fait froid dans le dos.
A la veille de l’élection présidentielle de 2020, nombreux sont ces hommes et femmes, responsables d’organisations de défense des droits de l’Homme, qui appellent à un scrutin apaisé et non violent. Ces appels sont lancés en ces moments, parce que tout le monde sait ce qu’est une période électorale au Togo. 2005, 2010 et même 2015 sont encore vivaces dans les mémoires.
Pendant que ces appels à la non-violence sont lancé çà et là, dans certains quartiers de la capitale et à Sokodé, les hommes en uniforme exercent des exactions sur les populations, les obligeant à fuir leur domicile pour se réfugier dans la brousse ou dans les pays voisins. C’est le cas des populations d’Agoè et de Togblékopé qui, depuis samedi dernier, vivent une situation particulière.
En effet, les forces de l’ordre et de défense ont pris d’assaut ces quartiers. Selon les informations, ils seraient à la recherche des armes perdues.
Samedi dernier, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le Général Yark Damehame informait l’opinion de ce qu’un groupe d’individus habillés en noir aurait tenté une insurrection armée, avec des gourdins et des machettes. Ces individus auraient attaqué une patrouille et retiré des fusils AK47 aux gendarmes qui seraient tabassés et blessés. Les événements se passaient à Agoè, a indiqué le ministre. Et depuis, les populations de ce quartier vivent l’enfer.
Selon les informations rapportées par les victimes, les forces de l’ordre et de défense, à la recherche des armes volées, dit-on, rentrent dans les maisons, tapent sur tous ceux qui s’y trouvent. C’est ainsi que des gens sont battus jusqu’à sang. Il y en a qui portent des hématomes partout sur leur corps.
Le comble, c’est ce que les patrouilles font subir aux habitants de ce quartier la nuit. Même après avoir présenté une carte d’identité, on est battu comme des bêtes. « Je suis tombé sur une patrouille quand j’allais voir la femme de mon frère à l’hôpital. Ils m’ont demandé ma carte, je la leur ai présentée. Soudain, ils m’ont entouré et ont commencé par me battre. Regardez mes fesses et tout mon corps », confie un jeune homme qui a subi la violence des militaires à Togblékopé.
Une jeune femme a été sauvagement battue (voir photo) et a même perdu connaissance. « Allez leur dire que les armes ne sont pas avec nous. Qu’ils nous laissent tranquille. Nous n’avons jamais vu une arme dans notre quartier. Pourquoi ils nous traitent comme ça ? Nous ne sommes pas des animaux », se lamente la sœur de la victime.
La situation dans la commune d’Agoè et à Sokodé doit interpeller les défenseurs des droits de l’Homme. Jusqu’à présent, c’est comme si tout est normal.
Source : www.icilome.com