Agbéyomé Kodjo : « Je reste convaincu que le chemin de l’Alternance est grandement ouvert »

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Exilé, Agbéyomé Messan Kodjo (AMK) était l’espoir du peuple togolais pour l’alternance en 2020. Mais le « hold-up électoral », et l’éternel retour du même dans un pays fermé à toute évolution démocratique, confinent cette alternance à un rêve non encore assouvi. Aujourd’hui, a-t-on des éléments pour recréer l’espoir quant au rêve que demain, il fera beau ? Agbéyomé Kodjo en fait la démonstration dans cet entretien avec la rédaction du journal La Manchette. De l’occasion, il a abordé plusieurs questions qui suscitent polémiques et inquiétudes dans le landerneau politique togolais. Des sujets économiques, notamment le Sommet de Lomé sur le passage du CFA à l’Eco, puis l’actualité politique africaine, le Tchad, le Mali, et les désaccords entre Paris et Bangui… ont été évoqués.

La Manchette : Dr Agbéyomé Messan Kodjo, Bonjour, plus d’un an après la présidentielle du 22 février 2020, la récupération de la victoire tant promise au peuple togolais, tarde à se réaliser. Alors comprenez-vous l’attitude des Togolais qui, progressivement, croient à la fatalité de la lutte politique au Togo ?

AMK : Il n’y a pas de place à la fatalité dans une lutte de Libération nationale d’un pays aussi stratégique comme le nôtre où se jouent de nombreux enjeux géopolitiques et géo-économiques insoupçonnés. Une telle lutte requiert beaucoup d’audace, de courage et de persévérance dans la Foi en Dieu qui a décidé la délivrance du Peuple togolais du joug de l’oppression et de la déshumanisation.

Je comprends le découragement d’aucuns, mais je les rassure que nous faisons le maximum pour que l’Alternance obtenue dans les urnes le 22 février 2020, advienne le plus tôt possible pour l’ouverture d’une nouvelle page de l’Histoire de notre pays.

Les Togolais sont à la fois acteurs et témoins de ce qui s’est passé le 22 février, des irrégularités manifestes ont été observées dans le processus électoral et l’usage il[1]légal des bulletins prévôtés en faveur du président sortant, cependant les résultats sortis des urnes ont donné le vertige et l’affolement général à l’establishment.

Les résultats provisoires ont été publiés par la CENI dans les 24 heures chose inédite, en violation des dispositions du code électoral sans que cela n’émeuve guère personne, la mise sous siège du domicile du véritable vainqueur, tout comme l’arrêt de la Cour constitutionnelle truffé d’énormes irrégularités dues à l’acrobatie arithmétique auxquels les hauts magistrats devraient se livrer pour construire un score improbable de plus 70% frauduleusement attribué au Président sortant.

Pour ce faire, sur la base des chiffres pervertis publiés par la CENI on inventa de nouveaux inscrits, de nouveaux votants, et on multiplie par dix le nombre de bulletins nuls, ce qui sans nul conteste rend la lecture de l’arrêt incohérent, un véritable salmigondis dans lequel l’expert-comptable perd son latin.

Dans cette victoire forcée du naufragé, les 30% de suffrages qui manquaient à l’opposition seraient partis voter pour celui qu’ils combattaient depuis des décennies, tout comme le fort impact du sursaut patriotique suscité par Mgr Kpodzro qui fit bondir le taux de participation de 25%. Ces électeurs auraient ils porté leur suffrage non pas sur le candidat de la DMK mais plutôt sur l’héritier du régime dictatorial cinquantenaire ?

Trêve d’infantilisation des Togolais ! Non content d’avoir dé[1]tourné les suffrages populaires, on fabrique de faux messages de félicitations au nez et à la barbe des diplomates, qui n’ont pas été capables de lever le petit doigt, sachant que dans leur pays respectif, une telle imposture relève du pénal avec de lourdes peines de prison. Au même moment, on criminalise le contentieux électoral, cherchant à éliminer physiquement le Président démocratiquement élu contraint bientôt un an à la clandestinité. Ainsi fut accompli le quadruple coup d’état du siècle au Togo : électoral, militaire, judiciaire et diplomatique !

Vous évoquiez de faux mes[1]sages de félicitations. Mais le Quai d’Orsay soutient que l’Élysée a bel et bien félicité Faure Gnassingbé pour sa réélection…

AMK : Nos enquêtes et les recherches du député français Sébastien Nadot ont amplement démontré l’escroquerie politique et l’hérésie diplomatique. Nous connaissons les auteurs de cette forfaiture et ils répondront de leurs actes en temps opportun.

Le Président sortant n’a donc aucune légitimité, et son premier missi dominici l’a ouvertement confessé. Nous avons volé ta victoire mais tu ne peux nous envoyer en prison, car nous avons le contrôle des forces de défense et de sécurité.

Dans votre dernière parution, vous avez titré à la Une que le Député Nadot a poussé Jean Yves Le Drian à la faute. En effet, après le passage du Président sortant à l’Élysée en quête de légitimité internationale, qui ne supplée en aucun cas la légitimité des urnes, l’élu de la haute Garonne interpella à nouveau le 13 avril 2021 le locataire du Quai d’Orsay afin qu’il rende public le prétendu courrier de courtoisie qu’aurait envoyé Emmanuel Macron au Président sortant.

Pour toute réponse, il débita des contrevérités et des inepties à faire pouffer de rire, arguant que ces courriers sont frappés du sceau de la confidentialité. Rappelons que la réaction d’Emmanuel Macron, au lendemain de la diffusion sur les ondes de RFI de ces faux messages de félicitations est claire et implacable, témoignant ainsi du degré de délinquance, et d’indignité de nos gouvernants dépourvus d’Éthique et de vertus républicaines.

C’est vous dire que le peuple a obtenu l’Alternance mais qu’à tous les étages, le pouvoir eut recours à la terreur, à la corruption, au faux et usage de faux pour se maintenir illégitimement avec une légalité factice. La légitimité d’un élu se trouve au fond des urnes, et non entre les mains des institutions caporalisées, dans des médias dévoyés, des chancelleries ou des capitales occidentales. Tous les complices à cette forfaiture contre la Souveraineté du Peuple togolais le regretteront.

C’est-à-dire ?

AMK : Il y a un beau procès qui attend Faure Gnassingbé et sa coterie, pour toutes les actions illégales dont ils sont coupables pour conserver illégitimement le pouvoir au détriment du souverain choix du Peuple togolais.

Seule solution, transmettre pacifiquement le pouvoir à l’élu du Peuple togolais. Organiser une diabolisation médiatique, la persécution contre le Président démocratiquement élu et ses proches en cette période post-électorale, c’est peine perdue, car les urnes ont déjà livré leur verdict.

 Vous parlez de verdict des urnes, et d’autres vous par[1]lent de preuves de votre victoire…

AMK : On oppose souvent à la DMK l’absence de preuves au soutien de sa revendication, cet argument n’a jamais été opposé au faussaire et les actes criminels qu’il pose démontrent suffisamment l’ampleur de son naufrage dans l’océan des bulletins de vote sanction de la révolution électorale pacifique du 22 février 2020.

Que le Peuple togolais soit confiant en Dieu et résolument mobilisé à répondre aux mots d’ordre du Gouvernement légitime du Togo et de la DMK qui s’emploient activement sur le plan diplomatique à l’international en vue de la matérialisation effective de l’Alternance !

« L’usurpateur va capituler », dites-vous souvent. Oui, vous nourrissez le peuple d’espoir, mais beaucoup craignent un remake de 2010 avec Jean[1]Pierre Fabre de l’ANC qui, pendant 5 années, (2010-2015), a contesté la victoire de Faure Gnassingbé sans parvenir à exercer l’effectivité du pourvoir. N’êtes-vous pas en train de marcher à la suite de M. Fabre ?

AMK : La seule certitude que j’ai est que l’Alternance va se concrétiser. Elle aurait pu l’être plus tôt si nous n’avions pas assisté à une subornation d’acteurs civils et politiques, qui au lieu de s’attaquer à l’usurpateur, au prédateur des libertés publiques, se sont ligués, acharnés contre la DMK et son candidat qui eurent pour seul tort d’avoir pulvérisé tous les records électoraux depuis le référendum de 1958 organisé par les Nations Unies sur l’indépendance du Togo.

Ce faisant, ces acteurs ont joué contre leur camp, et re[1]tardent la libération du peuple pour laquelle plusieurs décennies durant ils ont semblé œuvrer. La répression qui s’abat sur le pays doit les questionner sur la méprise qu’ils ont de l’adversaire, de l’ennemi, et la misère qui étreint les familles, sans oublier notre jeunesse déboussolée avec une montée fort préoccupante des suicides dans notre pays et de la dépravation des mœurs en raison de la précarité ambiante Pour autant, aucun d’eux n’ignore la réalité, ils le confessent en privé, rédigèrent des communiqués saluant la victoire du Peuple togolais conférée à la DMK, mais dont la plupart gisent au fond de leurs archives, et ne furent jamais publiés. La politique du jeu à somme nulle continue de régner au sein de l’opposition, au grand malheur du peuple meurtri.

Je ne suis qu’un simple humain, mais je reste convaincu que le chemin de l’Alternance est grandement ouvert pour le Peuple togolais cette fois ci. Pour preuve, l’engagement résolu des Patriotes de tous horizons et la combativité remarquable du Gouvernement légitime du Togo et de tout l’écosystème DMK depuis bientôt 16 mois !

Les événements se suivent mais ne se ressemblent pas et à chaque saison ses fruits. Comprenez donc que l’issue de 2010 peut être différente de celle de 2020. Elle est déjà différente dans son approche et nous attendons avec confiance les résultats car Dieu est à l’œuvre !

De la récente sortie du Groupe des 5, beaucoup estiment que c’est fini : la DMK est lâchée par la communauté internationale. Que répondez-vous, M. Agbéyomé ?

AMK : La pression qu’ils subis[1]sent de la part du pouvoir les amène à dire une chose et son contraire, c’est courant dans notre landerneau politique. Je puis affirmer qu’on observe un désert de sincérité dans leur déclaration.

Dans tous les cas le G5 ne peut suppléer le Souverain Peuple togolais et donc n’est pas la source de la légitimité. Par obligation morale et diplomatique, ses représentants se doivent d’être des acteurs impartiaux.

A leur actif notons qu’ils reconnaissent cependant l’existence d’une grave crise politique dans notre pays, et ont sollicité la DMK pour une proposition de sortie de crise qui a fait l’objet d’un mémorandum du Gouvernement légitime du Togo et de la DMK qui leur a été transmis tout comme au Parlement européen, au Conseil européen, à la Commission européenne et au Cabinet du Secrétaire général de l’ONU.

Notre diplomatie est à pied d’œuvre et nous sommes confiants pour la suite. De surcroît nous avons Dieu de notre côté, et le peuple est résolument debout ouvrant ainsi la perspective à tous les possibles et donc le chemin de l’espérance.

Vous avez une fois déclaré avoir eu au téléphone le président Faure Gnassingbé lors du contentieux électoral ayant suivi la présidentielle du 22 Février 2020. Qu’est-ce que vous vous êtes dit ?

AMK : Dans le courant du mois d’avril 2020, lorsque mon quartier fut transformé en un champ de bataille, et après le passage de ses émissaires avec les différentes offres, j’avais décidé de l’appeler pour une rencontre d’homme à homme pour mettre fin à cette scène insolite qui décrédibilise et abîme l’image de notre pays.

Après avoir franchi toutes les étapes pour atteindre son appartement, un de ses agents me répond qu’il est occupé, et qu’il a promis de me rappeler aussitôt. Je n’ai jamais été rappelé. Si je l’avais rencontré je lui aurais proposé les garanties nécessaires pour vaincre sa peur de quitter le pouvoir après une cinglante défaite.

Lors d’une conférence de presse à Lomé, vos cama[1]rades de la DMK exigent l’abandon des charges judiciaires contre vous et l’ouverture d’un dialogue sous l’égide des Nations unies. Sur quoi vous voulez échanger avec le régime en place ? Les contenus de ce dialogue ?

AMK : En réalité aucune charge sérieuse au fonde[1]ment juridique ne pèse sur ma personne pas plus que sur mes camarades d’infortune de la DMK. J’ai été convoqué chez le Doyen des Juges d’instruction pour une prise de parole publique, et désobéi ainsi à une des contraintes scélérates de ma libération conditionnelle, celle de ne plus jamais réclamer la victoire du 22 février 2020. Est-ce concevable dans un pays dont la démocratie est en construction ? Quelle loi interdit à un acteur politique d’exprimer ses récriminations s’il s’estime lésé ? Feu Me Yaovi Agboyibo avait vigoureusement dénoncé cette mesure, et évoqué l’article 20 de la Constitution togolaise qui stipule que « Nul ne peut être soumis à des me[1]sures de contrôle et de sûreté en dehors des cas prévus par la loi » et, aucune disposition des lois en vigueur au Togo, n’impose le silence à un acteur politique qui à bon droit crie au scandale.

Quelqu’un gagne une élection de manière indiscutable, un véritable plébiscite, que vous-même vous reconnaissez, vous confisquez sa victoire et vous lui demandez de se taire à jamais sur ce hold-up et des magistrats se font complices de ces mesures après que d’autres dans la corporation pour leur carrière assumant les fonctions de Président de CELI gardent le silence sur l’inversion des résultats électoraux du scrutin du 22 février 2020, la violation des dispositions de la loi électorale, et l’embastillement pour des futilités des proches du Président que les togolais se sont don[1]nés librement, tels que le Prophète Ésaïe, et Paul Missiagbéto.

J’ai été informé du plan mis en place pour m’enlever la vie par des personnes bien introduites dans le sérail. Le Colonel Madjoula qui devrait m’assassiner a été assassiné, le Colonel Bataba a connu le même sort, et bien d’autres anonymes. Qui suis-je pour m’imaginer un autre sort ? Je fais quoi en homme prévoyant et conscient de la barbarie du système ? J’ai pris la sage décision.

Les temps arrivent où on ne parlera plus de charge retenue contre ma personne, car elle n’a aucune raison d’être. Ce serait un mauvais souvenir et les exécutants de ces basses besognes feront amende honorable au peuple togolais. Quant au dia[1]logue avec les instances de l’ONU et de l’UE, la DMK attend un transfert pacifique du pouvoir au réel vainqueur du scrutin du 22 Février 2020.

M. Fulbert Attisso, votre ancien directeur de cam[1]pagne, disait il y a quelques mois que la DMK doit revoir l’orientation actuelle de la lutte politique. Comment avez-vous apprécié cette sortie de Fulbert Attisso, qui avait suscité assez de polémiques au sein de l’opinion ?

AMK : J’ai écouté sa réaction, mais il ferait mieux pour faire œuvre utile d’exposer ses idées à la conférence des Présidents, puis au comité mixte DMK/CIDMK pour faire émerger une ligne d’orientation dont les acteurs de l’écosystème DMK pourront s’en inspirer pour renforcer la lutte en vue d’une accélération de l’alternance.

« …j’accorde mon pardon au président sortant Faure Gnassingbé pour toutes les avanies et les torts qu’il a causé à ma personne, à la DMK, à ma famille et aux victimes de sa politique de terreur et d’injustice aggravée ». C’est bien votre déclaration. Est-ce une manière de préparer votre retour d’exil ?

AMK : Nous sommes tous candidats à un même scrutin, nous partons avec une égalité de chance, et de traitement, c’est ainsi que dispose la loi. Vous me privez de la sécurité et des fonds légaux pendant la cam[1]pagne, et lorsque c’est de[1]venu une évidence que nous sommes vainqueurs vous envoyez l’armée encercler ma maison, et celle de l’Archevêque émérite de Lomé. Que faut-il comprendre de ce comportement ?

Les prétendus observateurs des organismes sous régionaux du continent, et le corps diplomatique accrédité au Togo bien que présents sur le territoire national n’ont élevé la moindre protestation. Nous sommes dans une jungle qui ne dit pas son nom au Togo.

Non content de cette grave méprise de la loi et des dispositions réglementaires règles en la matière, vous engagez une procédure de levée de mon immunité, sous de fallacieux prétextes, avec quelle légitimité ? Les irrégularités procédurales ont été relevées, mes conseils ont interjeté appel, la Cour de Justice de la CEDAO, a demandé une suspension de la procédure, mais au Togo c’est la loi de plus Faure, puis vous envoyez une équipe d’élite de l’armée pour m’enlever brutalement en mon domicile alors que j’étais réellement souffrant, molester ma femme mes enfants et la maisonnée, saccager la maison, et placer mon quartier sous état de siège pendant 70 jours et déposer en prison la vingtaine de patriotes qui assuraient ma sécurité. Deux sont aujourd’hui atteints de folie à leur sortie. Les diplomates occidentaux étaient où ? Absents de Lomé ?

Du jamais vu dans l’histoire politique de notre pays sans oublier les multiples tentatives d’assassinat dont je fus l’objet, et surtout la nuit du 20 avril 2020 où le Prélat véritable bouclier humain, fut obligé de lancer un cri de détresse sur les médias sociaux pour que cette aventure criminelle obtienne un répit.

Je me dois de pardonner le Président sortant, pour toutes ces violences gratuites et ces injustices délibérées dont je suis victime de sa part, pour que je sois même en paix avec moi-même, car le pardon libère. Sans cela, il me serait difficile de réconcilier la nation, construire une société de paix, de solidarité et de justice à laquelle aspire le peuple togolais.

Vous suivez l’actualité d’ici et d’ailleurs, le Sommet de Lomé sur le passage du CFA à l’Eco, la transition politique au Tchad, au Mali, et les désaccords entre Paris et Ban[1]gui. Quel regard portez-vous sur tous ces sujets ?

AMK : Tout d’abord, je voudrais exprimer ma solidarité et ma compassion au peuple du Burkina pour cette épreuve très difficile qu’il traverse en ce moment en raison de l’attaque la plus meurtrière des djihadistes qu’il subit et qui eut pour théâtre la zone des trois frontières le Burkina, le Niger et le Mali. Mes condoléances aux familles éplorées, et prompt rétablissement aux blessés.

S’agissant du Sommet de Lomé sur le passage du franc CFA à l’Eco, en dépit des controverses qu’il suscite dans la presse en raison de l’aversion de la jeunesse en[1]vers la monnaie de servitude, a eu le mérite de faire l’état des lieux et de construire une projection de l’avenir de la monnaie unique couvrant les 15 pays de la CEDEAO, une monnaie commune pour une population de près de 350 millions d’âmes, devrait permettre de définir une politique monétaire commune avec des critères de convergence claire et souple dans la solidarité pour l’émergence de l’économie africaine.

Il est donc temps d’éviter des diversions tapageuses stériles et d’établir un agenda strict à observer pour faire avancer le projet. C’est un acte de souveraineté qui doit être soutenu par une forte volonté des dirigeants de la zone.

Quant aux évènements tragiques que connaît le Tchad après la mort du Maréchal Idriss DEBY, la succession dynastique adoubée avec célérité pose problème au regard des textes fonda[1]mentaux qui régissent le fonctionnement des institutions de ce pays.

Selon la constitution, la succession en cas de vacance du pouvoir est dévolu au Président de l’Assemblée nationale. Ce dernier était pré[1]sent sur le territoire national, à l’inverse d’un cas similaire connu de nous tous, mais on nous fit comprendre qu’il avait décliné l’offre, pour justifier le coup d’Etat. C’est pathétique. Nous devons quoique cela nous en coûte avoir l’obligation de respecter nos constitutions.

Le Mali, est un scandale géologique par son sous-sol et attise toutes les convoi[1]tises, ce qui exacerbe les luttes entre les forces rivales sur le terrain. Je souhaite que le Colonel Goïta réussisse la transition pour faire émerger un gouvernement civil au service du peuple malien. Il a besoin de fermeté et du soutien du peuple malien. L’Afrique a besoin de partenariat digne et responsable, gagnant-gagnant mais les diktats extérieurs qui obéissent à des intérêts étrangers aliénant ceux du peuple malien sont rédhibitoires.

Enfin, la RCA (la Centrafrique, ndlr) est un pays très riche mais avec une population exposée à la grande pauvreté. C’est un pays souverain qui mérite le respect.

Depuis longtemps, elle a été pillée. J’ai personnellement assisté à scènes surréalistes au cours d’une visite officielle dans ce pays sur le trafic du diamant par des étrangers. Les puissances présentes sur le terrain devraient trouver un accord pour des partenariats gagnant-gagnant avec le pays hôte, au lieu de s’épuiser dans une concurrence qui risque de leur faire tout perdre, car le jugement de la jeunesse africaine et centrafricaine en particulier en ce moment de la marche de l’histoire sur la coopération internationale, est plein de sens et de lucidité : Nous prenons notre destin en main, car finalement qui aide qui ?

Jusqu’à quand, resterez-vous en exil ?

AMK : La nuit est longue, mais l’aube du jour est là.

A quand le retour de Mgr. Kpodzro au pays ?

AMK : Très bientôt pour ce nonagénaire qui aura impressionné le monde entier pour son patriotisme, son engagement pour la liberté, son combat pour les pauvres et les vulnérables et la grâce de sa santé robuste.

M. Agbéyomé Kodjo. Au nom de votre foi, que promettez-vous au peuple togolais ?

AMK : L’alternance est actée et elle se matérialisera indubitablement avec le concours des Vaillantes populations engagées et déterminées avec le secours de la main puissante de Dieu. Soyons confiants et dans l’allégresse, et rendons hommage au Saint Esprit.

Entretien Réalisé

par Sylvestre BENI

Source: La Manchette N° 0157

Source : icilome.com