Africa CEO Forum : Faure Gnassingbé à la recherche d’investisseurs

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À l’occasion de l’Africa CEO Forum de Kigali, Faure Gnassingbé est venu en personne le 25 mars faire la promotion du plan de développement togolais 2018-2022. Une opération mise en valeur par l’annonce de deux contrats entre l’État et des partenaires privés.

Le chef de l’État togolais a fait le déplacement jusqu’à Kigali pour vendre le programme national de développement de son pays aux représentants du secteur réunis à l’occasion de l’Africa CEO Forum. Dévoilée à Lomé au début du mois, cette feuille de route élaborée en collaboration avec le cabinet McKinsey pour la période 2018-2022 agrège 4 622 milliards de francs CFA d’investissements, dont 65 % devront être financés par les entreprises.

Aux côtés du président, le ministre de l’Économie et des Finances, Sani Yaya, a présenté les grands objectifs du Togo, qui ces dernières années a fait des efforts salués par les bailleurs internationaux en matière de réformes et de gestion des finances publiques. Le niveau d’endettement national redescend progressivement et devrait atteindre environ 70 % du PIB fin 2019. Quant au déficit budgétaire, il a été limité à 0,3 % du PIB en 2018.

Pour le pays, il s’agit de miser avant tout sur sa position de hub logistique en Afrique de l’Ouest. Lomé est devenu en 2018 le premier port de la région devant Lagos et Tema. « Une entreprise qui se positionne à Lomé peut exporter sur l’Afrique grâce à sa position de hub », a abondé lors de la conférence, Grégory Krief, directeur général de l’armateur MSC, qui gère un des terminaux du port togolais. Le groupe italo-suisse, qui a investi 500 millions de dollars à Lomé, a pour l’occasion réaffirmé sa volonté d’accompagner le gouvernement dans ses projets de port sec et de zone logistique.

Mener à bien la privatisation des banques publiques UTB et BTCI

« Mais nous n’oublions pas que tout en encourageant les investissements dans les grands infrastructures, il faut partager la prospérité. C’est pour cette raison que nous faisons aussi beaucoup pour le secteur agricole, notamment pour les exploitations familiales », a insisté le chef de l’État.

En 2017 et en 2018, la population se sentant privée des fruits de la croissance (5 % en moyenne pendant les dix dernières années), a répondu à l’appel de l’opposition en participant massivement à des manifestations à travers le pays. La société civile avait dénombré au moins 11 décès lors d’affrontement avec les forces de l’ordre et de nombreuses atteintes aux libertés de la part du pouvoir. « Il y a un impératif pour le chef de l’État à montrer qu’il a compris ces attentes et que le pays va aller de l’avant », confie une source.


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Le secteur financier fait lui aussi l’objet d’une attention particulière dans le plan de développement. Le gouvernement révise actuellement le code des investissements et discute avec plusieurs États en vue de signer des conventions fiscales. L’objectif est de renforcer la position du Togo comme plateforme financière. L’occasion pour l’État d’affirmer sa volonté de mener à bien la privatisation, plusieurs fois ajournée depuis dix ans, de la Banque togolaise pour le commerce et l’industrie (BTCI) et de l’Union togolaise de banque (UTB), en cédant 85 à 90 % de leur capital.

14 millions d’euros pour un centre de cybersécurité

La cession de l’opérateur Togocom est aussi engagée. Si la part du capital proposée n’est que de 35 % dans un premier temps, un pacte d’actionnaires permettra au partenaire stratégique de prendre dès le départ la direction opérationnelle de l’entreprise. Une source proche du dossier indique que plusieurs groupes sont intéressés et effectuent des due diligences.


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La ministre des Postes, de l’Économie numérique et des Innovations technologiques, Cina Lawson également présente à Kigali, a en outre profité de l’ACF pour dévoiler deux investissements public-privé dans le secteur des nouvelles technologies. Le premier concerne la création à l’horizon 2020 d’un centre de cybersécurité en partenariat avec le groupe polonais Asseco, l’un des leaders européens du secteur. Le montant du projet est évalué à 14 millions d’euros.

« Lomé ne pourra pas renforcer sa position de centre d’affaires sans un environnement sécurisé en matière d’informatique », a-t-elle fait valoir. Le second contrat porte sur la participation de l’État pour un montant de 10 millions d’euros à un fonds géré par la société Bamboo Capital Partners dédié à des projets reposant sur la technologie du blockchain. Lors de la conférence, la ministre a également reçu un soutien inattendu lorsque le groupe Liquid Telecom a publiquement affirmé son intention d’investir dans le pays

Jeune Afrique