Affaire «Tiger Révolution»: cris de détresse de détenus oubliés par Faure Gnassingbé?

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L’affaire Tigre de la Révolution, le poison lent qui continue son œuvre. C’était un montage cousu de fil blanc comme une nasse pour prendre les poissons indélicats qui n’ont pas appris à connaître l’idéologie de la nappe d’eau qui les abrite. Souffrez que nous revenions aussi souvent sur le sujet, la vie humaine n’a pas de prix.

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On aurait pu passer si cette tragicomédie n’était pas devenue un poison lent qui ronge des vies innocentes. Pour les prendre dans une nasse comme des crabes indélicats, ils étaient nombreux, ces jeunes assoiffés du changement, à qui on a vendu l’illusion que la politique des mains nues prônée par le PNP n’était pas efficace pour combattre le RPT-UNIR. Il fallait alors affronter le régime sur son terrain, la manière forte. Pour réunir ces jeunes et les prendre au piège, une idée a germé, l’affaire « Tigre de la Révolution ». Un piège à con financé et tendu par des barons RPT-UNIR civiles et militaires afin de prendre en otage une race de jeunes dite trop chaude et obtenir l’accalmie politique.

Dans les toutes premières heures de cet montage, des informations concordantes appuyées des réalités de terrain ont confirmé que les cadres militaires comme Felix Abalo Kadanga, civil comme Atcha Dédji Affoh, à l’époque à la régie financière de Togocel, donc bras financier du montage, sont parmi les acteurs de cette nébuleuse. Le montage a parfaitement marché, l’exécution de la mise en scène a fait tomber quelques profanes. D’un séjour tortionnaire au SRI à la prison civile de Lomé, une kyrielle de jeunes, d’anciens combattants et de cadres politiques est présentement détenue, les uns dans des centres connus, les autres en clandestinité.

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Aussi bien dans la mise en œuvre de ce montage que dans l’exécution de la scène et l’arrestation des victimes, les différentes garnisons de la capital togolaise ont joué un grand rôle et Felix Abalo Kadanga, chef d’État-major général de l’armée togolaise, en sait beaucoup. Il faut relever que, une fois arrêtés, investigations faites, les recoupements liés à la communication et les appartenances aux différents forums WATHAPPS créés à cette fin ont permis de faire un lien entre certains interpellés et la vraie fausse nébuleuse Tiger.

Sur la longue liste des personnes arrêtées, certains ne verront jamais leurs familles. La centaine de personnes détenues dont il est difficile d’avoir une liste complète étant donné que ces deux pôles de commandements qui les arrêtaient juste pour déposer en prison comme des colis, se subdivise en trois groupes : le groupe des jeunes pris la nuit du passage à l’acte sur le feu de l’action ; le groupe de ceux qui sont détenus parce que de leurs communications, une corrélation est faite avec l’activité incriminée. Le troisième groupe, celui des anciens combattants indésirables, toutes ethnies confondues. L’ancien combattant Adjudant-chef Amidou Kinao, connu proche du Gal Memene et toujours détenu est en bonne place. Et enfin, une dernière catégorie, les cadres politiques du parti qui dérange, le PNP. Tout comme les anciens combattants, les interrogations faites et les rapports d’enquêtes n’ont pas permis de trouver un lien de ces hommes politiques avec le Tigre. Au titre des cadres politiques arrêtés en attendant qu’un chef d’accusation leur soit collé, il y a le SG Moutawakilou du PNP à Kpalimé. A lui, il faut ajouter l’un des jeunes responsables du PNP à Lomé, Janvion. L’autre responsable feu Tchamedji Kpendelesi Alilourentré en clandestinité dans cette affaire sans tête ni queue, il est revenu du maquis malade et finira par rendre l’âme le vendredi 12 juin 2020.

L’affaire Tiger est une occasion rêvée pour détenir des jeunes qui bougent trop. Contrairement à l’objectif visé, interrogations des jeunes faites, aucun indice n’a permis de remonter à la responsabilité du parti dans l’existence de ce dinosaure dont la tête est en Belgique, la queue à la direction de Togocel et les pattes dans les garnisons togolaises. Tout ce monde, une centaine aux bas mots est en détention dans l’attente d’un jugement qui n’aura pas lieu. Le contexte d’alors était animé par une volonté de forcer des élections et un marathon politique inédit. En quête d’une accalmie, l’objectif de ce montage est d’avoir des contestataires en moins. Il est atteint, les jeunes tels que Fadel et ses amis dont voici une liste partielle sont détenus les uns dans des endroits conventionnels, les autres dans des lieux irréguliers. Pour un tel montage, les jeunes n’ont pas la chance d’être jugés : nous savons notre justice aux ordres, mais le montage était trop gros pour être crédible devant un jugement. Même les enquêtes étaient obligées d’être menées sur deux pôles, le pôle de ceux qui voulaient une enquête à charge pour étouffer la vérité sur le montage et le pôle de ceux qui voulaient une enquête à charge et à décharge de façon objectif. Finalement, il a existé deux centres de décision et deux unités militaires différentes qui arrêtaient les victimes dans cette affaire, chacun avait sa vérité.

Aujourd’hui, l’objectif est atteint, la dictature est guérie de ses microbes, le calme est venu, le forcing électoral a eu lieu, l’usurpateur, pardon le gagnant vient de faire connaître son gouvernement. Ceux qui ont cru aux élections sont récompensés par l’exil. Félicitations pour le boulot abattu. Mais une centaine de citoyens meurent en détention dans cette affaire. Certains sont déjà morts pendant que leurs familles les croient en clandestinité ou hors du pays. Au-delà de ces détenus au moins 300 jeunes, principalement des zones contestataires de Tchamba et ensuite Sokodé ont quitté le pays. La taupe Abdoul-Madjid alias Master Tiger, l’énergumène du montage, est tranquille dans sa plonge en Belgique, elle a déjà encaissé son argent, une partie des adeptes de ce bluff politique qui s’est laissés emporter est couchée au cimetière, une centaine est en train de mourir à petit cendre dans des lieux de détention.

Les conditions de détention font perdre la vue aux uns, les autres sont enlevés les nuits pour des destinations inconnues de leurs familles. C’est le cas récemment du jeune Batcha Laminou, mécanicien à Agoè, ce petit-fils du réputé chef canton Batcha d’Aléhéridè est introuvable. Après lui à qui le tour ? Va-t-on faire disparaître des êtres humains un à un comme des cabris en cage à dessein ? Atcha Dédji et compagnie qui ont réfléchi et exécuté cette scène, même les hommes politiques, soient-ils des pillons des dictatures, ont une conscience. Que vous dit votre conscience présentement ? Nous savons comment certaines personnalités sont personnellement intervenues pour des Tigres blessés dans la nuit de l’attaque, le cerveau KALABANI Afissou par exemple, SG de la bande au Togo. Lui, il est un disque dur du montage. Blessé d’un accident de moto dans sa fuite vers le Ghana dans la nuit de l’attaque présumée, des barons ont demandé que ce garçon leur soit remis pour qu’ils le soignent en famille. C’est vrai, l’ancien DG de Togocel a personnellement pesé de tout son poids pour faire libérer Monsieur Abraw Samer. Ce dernier est un inconditionnel d’UNIR, un monsieur effacé et sans problème devenu bon an, mal an cerveau présumé de cet montage. On remercie l’ancien DG pour cette diligence, encore qu’il ait rétabli Abraw dans ses fonctions sportives à Tchamba. L’ancien entraîneur s’est-il retrouvé devant le fait accompli d’un montage politique où il est obligé de jouer un rôle au point d’en être une pièce maîtresse ? Les coïncidences sont trop fortes autour du Coach Abraw pour qu’il soit libéré pendant qu’on oublie les joueurs de second rôle dans les geôles où ils meurent l’un après l’autre.

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Le SG des Révolutionnaires de Tiger est un petit frère à Abraw Samer, Kalambani Afissou. Actuellement détenu, il a fleuré la mort suite à un accident, guéri par les autorités, il est déposé au PCL. Le président de la branche togolaise des Tigres s’appelle Abraw Abdoulaye. Il a grandi chez l’entraineur, à sa mort c’est Monsieur Abraw qui a fait le deuil. Atcha Dedji fait libérer ses hommes, soient-ils des acteurs clés d’une nébuleuse, sa conscience est libérée, n’empêche que cette conscience doit encore être lourde car des familles ne cessent de regarder le Ciel devant cette injustice politique sous les Tropiques. C’était du blaguer-tuer qui a fait des victimes. Quand l’ancien entraîneur du haut de sa personnalité, malgré sa réputation et son poids politique aux côtés d’UNIR fut arrêté, humilié et présenté à la TVT pour cette affaire, tout le monde a été choqué de savoir que l’affaire est lourde. Aujourd’hui, il a repris une vie normale. Si les autorités avaient la volonté de faire la lumière sur cette affaire, elles savaient quoi faire pour faire revenir au Togo le président mondial des Tigres. Alors, que tout le monde soit libéré tout simplement car tout le monde n’a pas un baron pour défendre sa cause, la justice a beau être sous ordre, elle va se sentir assez mal à l’aise à vouloir initier une unième parodie pour ce montage de trop.

Si les associations de défense des droits humains soient-elles nationales ou internationales continuent d’exister au Togo, elles doivent s’intéresser à ce crime à ciel ouvert contre des citoyens. Nous reprenons à votre attention un des articles où nous dénoncions depuis 2018, ce montage qui ne convainc qu’une race de forces de l’ordre togolaises, de juges et de barons prêts à toutes folies éthiques pour que vive la dictature. Le Tigre est un redoutable félin qui se connaît dans l’art du camouflage, mais quand on l’apprivoise à des fins politiques, pour qu’il ne soit pas un couteau à double lame, on doit savoir le débusquer de sa cachette au bout de la mise en scène. Où se trouve donc le Tigre de la Révolution ?

Liste partielle des détenus du Tiger

1- FADEL Ouattara (Artiste engagé), né le 12 mai 1994, arrêté le 25 novembre 2019
2 -Moussa Fousseni
3- Kpadja Moutadiou
4 -Fofana Baba-Sani,
5-YACOUBOU Moutawakilou, SG Pnp Kpalimé
6- Alassani Moutala, né en 1986, arrêté le 29 novembre 2019
7- Abevi Abdoul Razak, né le 22 juillet 1975, arrêté le 05 décembre 2019
8- Sebabe Esso Baba Daro, né le 21 mars 1983, arrêté le 30 novembre 2019
9- Ali Amedjoa Aboudou Kerim né le 31 décembre 1985, arrêté le 28 novembre 2019
10- Issaka Ganiou né le 26 mars 1981, arrêté le 26 novembre 2019
11- Salifou Moustafa, né le 09 juillet 1979, arrêté le 28 novembre 2019
12 -ATI Razak, né en 1995, arrêté le 02 décembre 2019
13- Ouro Gouni Moutala
14 – Ouro-longan Abdel né en 1979, arrêté le 25 novembre 2019
15 – Alassani awali né le 08 août 1994, arrêté le 25 novembre 2019
16 – Domassi Yaovi né en 2020, arrêté le 28 novembre 2019
17- Gokoyou Roufayi, dit one day, né en 1965, arrêté le 01 décembre 2019
18 -Kerim Gafarou, né le 31 décembre 1991, arrêté le 29 novembre 2019
19 -ABOUBAKAR Nazif, né le 06 juillet 1986, arrêté le 28 novembre 2019
20 -AZOUMA Foudou, né le 10 Juillet 1981, arrêté le 05 décembre 2019
21 – Ouro Gnao Bassirou, né le 28 septembre 1990, arrêté le 03 décembre 2019

22 – Agokpa Ezi, né le 07 janvier 1973, arrêté le 04 décembre 2019
23-Djima Massahoudou, né en 1982, arrêté le 03décembre 2019
24- Keliba kassimou, né le 04 avril 1975, arrêté le 06 décembre 2019
25- Boukari Gawilou né en 1981, arrêté le 06 décembre 2019
26- Sidi Touré Abdoulaye né en 1984, arrêté le 07 décembre 2019
27 – Adrigna Rachid ne le 21 octobre 1995, arrêté le 10 décembre 2019
28- Tchagnaou Abou Bakar, né en 1996, arrêté le 4 novembre 2019
29- Inoussa Housseni, né en 1992, arrêté le 10 décembre 2019
30- Traore housseni Alpha soudou, né en 1980, arrêté le 23 décembre 2019
31- Tchabana Mounirou né le 18 Juillet 1974, arrêté le 18 décembre 2019
32- Amidou idrissou dit kinaou
33- Djokoto Komlan, né le 21 juillet 1992, arrêté le 06 décembre 2019
34- Sékou kossi né en 1988, arrêté le 11 décembre 2019
35- Kalambani Affissou, né le 31 décembre 1993, arrêté le 26 novembre 2019
36- Tchatacora Aboudoubaki, né le 23Aout 1983, arrêté le 5 Janvier 2020.
37- Tagba Djafarou. né le 06 octobre 1981, arrêté le 23 novembre 2019
38- Ouro Atchounou Assoumanou, né le 31 décembre 1986, arrêté le 23 novembre 2019*
39-Bouraima kamilou ne le 22 Février 1981, arrêté le 16 janvier 2020
40- Abrangaou Youssaou, né en 1983, arrêté le 21 janvier 2020
41- Tchatikpi Aboubakar, un responssable du PNP
42- Zakariyaou Amidou
43- Tchawissi Rafiou, né en 1990, arrêté le 24 novembre 2019
44- Zayini kassimou arrêté le 24 novembre 2019
45- Adam Abdul Manaf, en 1978, arrêté le 04 février 2020
46- Koriko Nouridine, né le 31 décembre 2019
47- Ouro Mou Rahim né en 1977, arrêté le 05 février 2020
48- Alidou Alassani, né en 1985, arrêté le 25 Janvier 2020
49- TRAORÉ Leyla
50- BATCHA Laminou

Dossier de Banzam

Source : Le Rendez-Vous N°352 du mercredi 07 octobre 2020

Source : Togoweb.net