Affaire de truquage des compteurs de la CEET: comprendre la nécessité d’enquêter

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La semaine écoulée a été marquée par un remue-ménage dans la sphère des stars togolaises. Deux artistes, l’un humoriste et l’autre chanteur, ont été arrêtés, gardés à vue et déférés, puis relâchés. Il s’agit de Nutsuley Koffi alias Gogoligo et Papson Moutité (Midodji Amoussou à l’état civil). Ils ont été trainés devant la justice par la star togolaise du football Sheyi Emmanuel Adebayor qui les accuse de diffamation. L’affaire est devenue virale sur les réseaux sociaux. Au-delà, la CEET doit faire ouvrir une enquête sur le truquage de ses compteurs, un acte pénal.

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Pendant une semaine, Sheyi Emmanuel Adebayor, Gogoligo et Papson Moutité ont été au cœur des discussions, mais au finish, on est arrivé à la conclusion qu’ils servaient simplement de la comédie à ceux qui les écoutaient, comme ils en avaient l’habitude. Adebayor à porté plainte, Gogoligo et Papson Moutité ont été arrêtés, l’humoriste a fait un malaise ou a fait semblant de faire un malaise, c’est selon. Ce qui a décuplé leur popularité. Ils ont été ensuite gardés et déférés devant les caméras. Et pour mettre fin au spectacle, Adebayor décide de demander leur libération. Aussitôt la demande faite, les accusés sont libérés. Le rideau est donc tombé sur ce spectacle qui révèle encore une fois que la justice togolaise s’amuse.

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Une chose est à relever : le parquet s’est montré très coopératif dans ce jeu entre anciens et futurs amis. La demande de libération introduite par Adebayor est passée comme une lettre à la poste. Si le procureur de la République, Essolizam Poyodi pouvait être si réceptif dans la majorité des affaires, les prisons seraient moins peuplées. On n’y retrouverait pas voleurs de poules et de pintades.

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Le spectacle est fini, mais comme l’avait indiqué Adebayor dans sa demande de libération, la justice doit suivre son cours. Pas dans le sens où la star du football l’entend. Il nous souvient que dans la vidéo enregistrée par Gogoligo, il était question de truquage des compteurs de la Compagnie énergie électrique du Togo (CEET). « On me dit de ne pas parler, que si je parle, des têtes vont tomber. Que les têtes tombent. Les gens ont la climatisation dans leur garage, leur WC… et à la fin du mois, ils paient 22.000 francs comme facture d’électricité », dénonçait en substance Gogoligo.

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Il faut dire d’emblée que cette affaire ne concerne pas le bas peuple qui peine à manger à sa faim et qui ne rêve même pas d’avoir la climatisation dans sa chambre qui n’est confortable qu’en saison sèche. Il ne s’agit pas non plus des personnalités gênantes pour le pouvoir et qui risquent la prison à vie pour des peccadilles. Ceux qui font ce trafic parce disposant d’appareils électroménagers de toutes sortes pour satisfaire leur vie de luxe sans dépenser le moindre franc CFA sont ailleurs. On ne sait pas si Sheyi Emmanuel Adebayor fait partie de ces trafiquants. D’ailleurs, cela importe peu. Ce qui est importe, c’est de savoir l’étendue de cette affaire. Qui sont ces personnalités qui paient moins que ce qu’elles consomment en termes d’énergie électrique ? Comment opèrent-elles ? Qui sont leurs complices ? Combien ce trafic représente-t-il comme perte pour la CEET ? Cette dernière a-t-elle connaissance de ce trafic ? Des réponses doivent être trouvées à ces questions et toutes les autres qui se posent au sujet de cette affaire. C’est sûrement à cause du manque à gagner occasionné par les truquages de compteurs que la CEET ne cesse d’augmenter ses tarifs.

Sous d’autres cieux, on peut espérer que la justice se saisisse du dossier et traque toutes les personnes impliquées. Mais vu la sollicitude du Procureur de la République, il vaudrait mieux ne rien espérer de sa part. Nombreux sont les Togolais qui peuvent parier qu’aucune enquête ne sera ouverte au sujet du truquage des compteurs. La balle est donc dans le camp de la CEET qui a l’obligation de porter plainte afin qu’une enquête soit ouverte. Il nous revient même que suite à la vidéo de Gogoligo, ce dernier a été reçu par les responsables de la CEET et se serait dit prêt à donner des noms. C’est déjà un bon début. Mais si la CEET se tait, ce serait de sa part un aveu de complicité.

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Seulement, on sait comment fonctionne le parquet de Lomé. Des victimes portent plainte, mais le parquetier décide de s’asseoir sur la plainte et ne pas l’instruire.

G.A.

Source : Liberté N°3433 du Mardi 27 Juillet 2021

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Source : Togoweb.net