En plus de la culture de l’excellence, la conscience professionnelle doit en principe être ancrée dans les mœurs du fonctionnaire togolais. Le fonctionnaire doit savoir qu’il est au service du peuple et non le contraire. Comme l’a si bien dit Albert Tovoedjre, dans son ouvrage « Le bonheur de servir» en s’adressant particulièrement à l’élite africaine qui méconnaît son devoir qui consiste à éclairer le peuple, mieux encore à être un modèle pour la société, on comprend aisément que ce politologue et médiateur béninois interpelle les universitaires qui travaillent dans l’administration à cultiver l’honnêteté intellectuelle qui garantit la délicatesse.
Au Togo, l’administration souffre terriblement de cette vertu professionnelle qui permet aux citoyens de jouir du service de l’Etat. De la mairie, en passant par les centres hospitaliers régionaux et même universitaires, des spectacles désolants sont observés. En effet, il ne se passe pas un jour où les pauvres citoyens décrient l’accueil discourtois que ces agents de l’administration leur réservent. Pour être mieux servis ou accueillis, le citoyen est obligé de se plier au diktat de ces agents qui réclament des pots de vin moyennant des services rendus. Pourtant, ils touchent leur salaire à chaque fin du mois.
Par ailleurs, au niveau des péages, particulièrement celui de Vodougbé (préfecture des Lacs), des agents pour la plupart des femmes qui se glorifient de leur insolence se comportent comme des mal éduquées. Il suffit qu’un conducteur leur glisse un billet de cinq mille (5000) ou dix mille (10. 000) francs, pour qu’elles affichent leur insolence, en arguant qu’elles n’ont pas de pièce de monnaie. Or, cette situation ne devrait pas se produire, car la Société SAFER est censée prendre des dispositions pour avoir des pièces de monnaies en fonds de caisse. Il ne revient pas aux conducteurs de chercher des monnaies. Il faut avouer que cette situation crée parfois de l’embouteillage à ce poste de péage. Passons (…).
Des agents indélicats pullulent dans l’administration publique et dérangent les citoyens au point que certains observateurs qualifient l’administration togolaise de « corrompue ». Elle sert mieux les plus offrants et laisse les citoyens vulnérables sur le carreau. Le délai de retrait des pièces d’identité et dossiers légalisés dépend de la largesse ou de la générosité des citoyens. Les délais de retrait sont longs quand il s’agit des citoyens qui refusent de « mettre la pierre sur leur dossier à légaliser », c’est – à – dire de céder à la corruption.
« La conscience professionnelle, qu’est ce qu’ils en font»? Se demandent les gens qui rappellent que ces agents indélicats oublient qu’ils sont payés par le contribuable togolais dont ils sont redevables.
Malgré les séminaires, ateliers et colloques sanctionnés par des guides, il existe encore des brebis galeuses dans l’administration dont certains se servent pour s’enrichir frauduleusement. Le pire, c’est que la culture de l’excellence et de la probité morale tardent à rentrer dans les habitudes professionnelles. Comme à l’époque du feu Eyadema, les jeunes cadres sortis de l’École Nationale d’Administration (ENA) une fois dans la vie active privilégient l’intérêt personnel aux dépens de l’intérêt général. Ainsi, un jeune cadre a tendance à renflouer rapidement ses poches. Ce qui le pousse généralement à détourner les deniers publics pour se réaliser en vivant une vie flamboyante que son salaire seul ne peut couvrir.
Toutefois, il faut reconnaître aussi qu’une catégorie de cadres togolais est en quelque sorte poussés au détournement parce que le poids familial pèse sur eux. En effet ces derniers sont contraints de se souvenir de la solidarité légendaire dont ils ont bénéficié lorsqu’ils fréquentaient, car un cadre, étant l’enfant de tout le monde, bénéficie des aides des grands parents, des tantes, des oncles dont il est redevable. Par conséquent, Il doit en retour aider tout ce beau monde. Comment s’y prendre si son salaire n’arrive pas à l’assumer ? Une situation qui oblige le cadre à poser des actes indélicats caractérisés par les détournements de fonds. La conscience professionnelle est mise à côté.
Alors la question se pose de savoir si le cadre togolais privilégiera la conscience professionnelle?
Il va sans dire que la pourriture de l’administration togolaise porte atteinte à la croissance économique. Il faut que les autorités trouvent les moyens d’assainir l’administration publique au profit des usagers.
Le Ministre de la Fonction Publique et de la Réforme administrative, Gilbert Bawara est interpellé.
Source : Corps Diplomatic Togo
Titre : 27avril.com
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