Dans la feuille de route de la CEDEAO du 31 juillet 2018 relative à la crise togolaise, il a été préconisé comme mesure d’apaisement, la libération des personnes arrêtées lors des manifestations de la coalition des 14 partis politiques de l’opposition (C14). Pendant que certains sont élargis, on y ajoute d’autres au cours des manifestations suivantes.
Curieusement, en milieu de semaine dernière, la plupart des personnes arrêtées ont été jugées à la hussarde sur l’ensemble du territoire sans que leurs conseils soient avisés. Les peines collées à ces Togolais dont la culpabilité reste à démontrer varie de 12 à 60 mois. Des gens incarcérés depuis plus d’un an, on les réveille un matin dans leur cellule pour leur demander de se présenter au procès. On les a présentés aux juges en réalité pour leur signifier qu’ils ne sont pas encore au bout de leurs peines.
Fait étonnant et cocasse dans cette comédie juridicopolitique, Me Claude Amegan, avocat de plusieurs prévenus, s’est rendu au Tribunal de Lomé le jeudi 13 décembre dernier pour un dossier, le voilà en face de ces prévenus. Il s’est précipité pour faire leur défense. Fort heureusement, sur les 20 que Me Amegan a assisté, dans la Grande Chambre Correctionnelle, 14 ont été libérés et 6 condamnés. La seconde vague de 14 personnes dont le procès s’est déroulé au même moment dans la Petite Chambre sans avocat, 2 seulement ont été acquittées. Ailleurs à Dapaong, à Kara et à Vogan tous les prévenus sans avocat ont été condamnés.
L’importance de la présence de la défense lors d’un procès n’est plus à démontrer. Comment peut-on alors organiser ces procès expéditifs dans cette grande pagaille judiciaire ? Comment peut-on blaguer avec la liberté des gens jusqu’à ce point ? La justice reste le dernier rempart dans un monde d’arbitraires et d’injustices.
C’est un pouvoir à part entière tout comme l’Exécutif et le Législatif. En cette période de crise et de tension, comment les juges peuvent se prêter à cette comédie loufoque ? En ce moment où tout le pays retient son souffle, il revient aux magistrats de dire au moins le droit pour éviter d’aggraver la situation.
La centaine de Togolais injustement emprisonnée pendant que ceux qui ont tué et continuent de tuer courent librement les rues, cela montre à quel titre, le Togo a besoin de profondes réformes. Au lieu des mesures d’apaisement, le pouvoir en complicité avec la justice, a décidé d’enfoncer le clou. De quel Togo finalement veulent Faure Gnassingbé et son monde de jouisseurs du pouvoir ? La Rédaction
Source : www.icilome.com