A Lomé, le calvaire des mères célibataires !

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Au Togo, même si le modèle de la famille traditionnelle perdure, les unions sont de plus en plus fragiles, entrainant une forte présence de famille monoparentale.

Nos dernières enquêtes ont révélé une présence considérable des personnes divorcées ou séparées assumant parfois seule la charge d’un ou de plusieurs enfants. Dans 85% des cas, la monoparentalité est essentiellement maternelle.

Elles sont nombreuses, ces jeunes femmes de nos jours avec un, ou plusieurs  enfants sans être mariées ou étant séparées de leurs conjoints : on les appelle mère célibataire.

En effet, dans les quartiers, les familles, villes et villages, il n’est pas surprenant de voir une femme célibataire avec un ou plusieurs enfants. Ce phénomène prend davantage de l’ampleur. Ce qui suscite des interrogations.

La rédaction de  l’Indépendant express a poussé des enquêtes sur le sujet pour en savoir plus sur les causes, les conséquences, et les approches de solutions à la résolution de ce problème, plus qu’un problème devient un fléau qui gangrène la société.

Nous avons  recueillis les  avis divers, donc celui d’un sociologue à ce sujet. Selon, ADABA Koffi Amessou les causes sont multiples : la première, la fragilité des relations de nos jours en est une principale.

Pour lui, « Les couples qui sont souvent dans cette situation, n’ont pas de bases solides. Ils se mettent ensembles sans forcément se projeter sur le long terme puis quand une grossesse survient, ils se heurtent rapidement à des difficultés d’incompréhension ou en encore  financières qui débouchent sur la séparation. Il rajoute, que c’est la grossesse qui révèle la qualité d’une relation de couple.

En effet selon certains témoignages des mères célibataires recueillis, c’est la mauvaise qualité des relations qui conduit parfois à la fuite de responsabilité de certains hommes.

Abla, mère célibataire de 22 ans nous raconte ses déboires : « Je suis mère d’une petite fille de 2 ans. Quand j’ai appris la grossesse de mon enfant, j’ai tenu mon partenaire au courant de la situation. Malheureusement ce dernier a refusé de prendre ses responsabilités et m’a abandonné avec toutes les charges jusqu’à présent. Aujourd’hui mon enfant a deux ans mais j’ai du mal à refaire ma vie car j’ai perdu toute confiance à la gent masculine »

Toutefois, il y a  aussi un autre facteur parfois peu visible mais très déterminant : le rejet de certains couples  par la famille quand survient la grossesse.

La famille du garçon ou de la jeune fille contribue parfois au célibat de la jeune femme. Suite à une grossesse, le rejet du couple par la famille conduit petit à petit à séparer les deux partenaires car ceux-ci ne trouvant pas de soutien.

Parfois, ces couples immatures financièrement (manque d’autonomie) sont obligés d’avoir recours à la famille. Mais quand cette dépendance perdure, la famille finit par s’immiscer dans le couple et ‘imposer son autorité. Le couple reste donc à la merci de la famille. Si entre temps la belle famille n’accepte toujours pas totalement la jeune fille ou le jeune garçon en son sein, elle crée des discordes entre le couple et les deux conjoints finissent par se séparer bien qu’ayant eu un enfant.

Un autre facteur non négligeable reste les relations extra conjugales de certains hommes.

Certains hommes mariés peu honnêtes, entretiennent des relations intimes avec les jeunes femmes. Parfois, ces hommes cachent leur statut d’homme marié. Et quand, une grossesse survient, les discordes naissent et le couple se sépare. Une situation qui laisse la jeune femme au statut de mère célibataire.

Cependant, d’aucuns pensent que ces femmes ne sont pas toujours pas des victimes. Elles sont responsables de leurs situations.

Le choix délibéré de certaines femmes          

Selon certains témoignages, il arrive que certaines femmes choisissent délibérément de vivre la vie de célibat même ayant un enfant. Elles sont souvent nostalgiques de leur jeunesse, et n’arrivent pas à se focaliser sur une seule relation. Elles  se livrent donc à un libertinage sexuel avec plusieurs partenaires. Parfois dans ces aventures, elles contractent des grossesses  sans en connaitre l’auteur. Ces enfants naissent ainsi sans père et ces femmes sans mari.

Sur cet aspect de la chose, les avis sont partagés. Comme  par exemple, le sociologue ADABA Koffi Amessou qui accorde le bénéfice du doute à ces femmes. Pour lui, même si ce choix paraît être réel, il n’en demeure pas moins qu’il soit plutôt dicté par des contraintes sociales subies par ces femmes.

Il peut s’agir des déceptions antérieures, des contraintes économiques entre autres : « Pour preuve, aucune femme n’a préféré une telle option jusqu’au soir de sa vie. La plupart des femmes qui font de telles déclarations sont de la tranche d’âge de 25 à 40 ans » a-t-il souligné.

Le phénomène des mères célibataires au-delà d’être un problème individuel et est un véritable fléau social à de conséquences multiples. Dans en premier sur ces femmes elles-mêmes.

Ces femmes n’ayant pas souvent de soutien financier se lancent dans la prostitution pour pouvoir subvenir à leur besoins et ceux de leurs enfants. Aussi généralement, les femmes célibataires peinent à trouver  un  mari pour de nombreuses raisons. Soit parce que l’homme a peur d’endosser la responsabilité de prise en charge de la femme et de son enfant, soit parce que l’enfant n’accepte pas son futur  beau-père et crée des situations pour séparer ce dernier de sa maman.

Il arrive d’autre part que ces mères ne soient pas à la hauteur de l’éducation de leurs enfants. Ce qui pose plus tard, du côté des enfants un véritable problème d’intégration dans la société. Ces enfants sont souvent haineux envers leur père et ont des troubles comportementaux.

La société, de façon générale, quant à elle est affectée dans la mesure où les mères célibataires sont parfois à la charge de leur famille. Et leurs enfants ont souvent des difficultés à intégrer la société (difficultés d’éducation, de soutien social,..) ce qui conduit certains à la dépravation et à la délinquance.

Des fois, ces enfants souvent non désirés sont abandonnés prématurément par leurs mères, soit dans les caniveaux et / ou sur les dépotoirs. Ceux qui ont la chance sont déposés dans les orphelinats ou sont pris en charge par les centres sociaux.

Par ailleurs, notons qu’une mère célibataire élevant seule sa fille est susceptible d’en créer une autre plus tard.

La jeune fille va nourrir la même haine pour les hommes et ne pourra se focaliser sur une seule relation. Elle tombera ainsi enceinte sans en connaitre l’auteur.

Aussi ces mères sont victimes du rejet social. Elles perdent toute confiance en elles-mêmes puis  en la gent masculine en général. Certaines d’entre elles prennent la décision de rester seules à jamais ce qui affecte l’image de la société.

Une société où le taux de célibat ou des mères célibataires est élevé fait preuve de pathologie sociale parce que le célibat n’est pas un statut bien vu socialement.

En définitive, le phénomène de mères célibataires est un mal qui pèse sur la société. C’est le lieu d’interpeller les conseillers matrimoniaux d’aider les couples en difficulté, à travers leurs conseils à surmonter leurs différends afin de garantir le vivre ensemble. D’autre part, les ONG et associations doivent créer  davantage des programmes pour jeunes visant à les sensibiliser  sur la sexualité afin d’éviter et grossesses précoces et indésirées.

Pour les couples qui n’ont pas encore régularisé leur statut matrimonial (mariage traditionnel et/ou mariage civil), pratiquer le planning familial (PF) pour éviter les grossesses non voulues.

Éviter par-dessus tout, des relations opportunistes, d’intérêt purement économique.

Ces approches de solutions, quoique difficiles à appliquer restent les moyens sûrs pour réduire au mieux ce phénomène qui se démultiplie de jour en jour dans nos sociétés.

Courage à toutes ces mères célibataires qui se battent jours et nuits pour assurer un avenir radieux à leur progéniture ! 

  Independent Express      

Source : Togoweb.net