Le monde fait face aujourd’hui à une grave crise de santé publique. « Un mal, parti de la Chine, qui répand la terreur, mal que le Ciel en sa fureur, inventa pour punir les crimes de la terre. Le coronavirus, puisqu’il faut l’appeler par son nom, capable d’enrichir un jour l’Achéron, fait aux humains la guerre».
Presque tous les pays sont touchés. Des plus grands aux plus petits, aucun Etat n’est épargné. Le Togo, notre nation, l’or de l’humanité vient d’enregistrer son premier cas de coronavirus.
« Une dame, reçue en consultation, présentait des signes évoquant une grippe au coronavirus, à savoir une fièvre, un mal de gorge et des maux de tête. Les prélèvements effectués et analysés au laboratoire national de référence le 05 mars 2020, ont révélé un résultat positif au coronavirus », a indiqué le gouvernement samedi 6 mars 2020.
Chose incroyable, cette annonce, au lieu de susciter angoisses et appréhensions au sein de la population, produit plutôt l’effet contraire: pessimisme et doute. Une grande majorité des Togolais en effet ne croient pas en la sincérité du régime de Faure Gnassingbé quant au cas du virus apparu dans notre pays. Un fait qui confirme le caractère singulier, atypique de ce pays pris en otage par une seule famille depuis 53 ans.
Ce déni de la réalité d’une crise de portée pourtant mondiale, a choqué dans certains milieux. Pourtant cette réaction des Togolais est prévisible et même compréhensible.
Et pour cause, il règne au sommet de l’Etat togolais de l’étique éthique, une crise de moralité, en somme. La vérité, la franchise, la sincérité ne sont pas des qualités essentielles chez les thuriféraires du régime.
Depuis des années, le pouvoir a habitué les Togolais aux contrevérités. Le mensonge, l’altération, la déformation des faits sont devenus le mode de gouvernance au Togo. Ceux qui ont en charge la conduite des affaires publiques ont cette fâcheuse manie de mentir en tout et sur tout, que plus personne ne les croit. Un Etat mythomane.
La première hypothèse qui conforte les Togolais dans leur doute est liée à la défaillance du système de santé. On le sait, au Togo, le système de santé est embryonnaire. Les hôpitaux manquent de tout, d’infrastructures et d’équipements à même de détecter le virus. Comment et dans quelle structure sanitaire le virus a été diagnostiqué? C’est la question que se posent nombre de Togolais.
Secundo, l’appel de pied, très intéressé, lancé expressément par le gouvernement à l’endroit de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a accru le doute chez les populations. « Je remercie l’OMS pour ses appuis multiformes et les dispositions qu’elle prendra pour soutenir le Togo à faire face efficacement à cette épidémie », écrit le ministre de la Santé, Prof Moustafa Mijiyawa.
Pour un gouvernementqui, moins d’une semaine plus tôt, clamait sa souveraineté et fustigeait la vassalisation du Togo et l’ingérence extérieure dans le processus électoral, il n’en fallait pas plus pour crier haro sur le Baudet.
Très vite, l’annonce officielle du virus vire à l’ironie sur les réseaux sociaux. « Le 04 mars, la Banque Mondiale annonce un soutien de 12 milliards USD aux pays concernés par le coronavirus. Le lendemain, un cas est détecté au Togo », raillent des internautes.
Il a fallu l’intervention d’un opposant au régime pour calmer les ardeurs et rendre cette affaire plus sérieuse. Comme le dit si bien Jean-Baptiste Placca, « aucun peuple ne supporte durablement les menteurs. » Faure Gnassingbé et son régime apprennent à leurs dépens à bricoler avec le destin des Togolais et à leur mentir effrontément.
Liberté
Thousands of people protested in Togo in the next phase of a campaign to force out President Faure Gnassingbe, whose dynasty has ruled the West African state for more than 50 years. / AFP PHOTO / Matteo FRASCHINI KOFFI
Source : Togoweb.net