Foussena Djagba, Coordinatrice du Parti National Panafricain (PNP) section Ghana, a choisi de commémorer les événements du 19 août 2017 sur sa page Facebook. Dans son message adressé au peuple togolais, elle revisite le parcours de son parti, et de l’opposition togolaise en général depuis le 19 août dernier, et dresse un bilan. Selon elle, la feuille de route de la CEDEAO n’a pas comblé toutes les attentes du peuple togolais, mais « si nous savons analyser cette feuille de route la tête froide, sans passion et de manière désintéressée, nous pourrons trouver une issue heureuse, dans l’intérêt supérieur de notre nation ». Optimiste pour la suite, elle conclut son message en déclarant : « L’espoir est permis ». Cette sortie intervient après l’annulation in extremis de la « journée de réflexion » organisée par le PNP section Ghana, pour commémorer les événements du 19 août 2017… Lecture!
Mes chers compatriotes,
Laissez-moi commencer ce message en rendant un vibrant hommage à un grand homme, celui-là même qui est à l’origine de l’événement que nous commémorons en ce jour. Cet homme c’est Tikpi Salifou Atchadam, président de mon parti, le Parti National Panafricain (PNP).
Je tiens à lui témoigner ma profonde gratitude pour l’éveil qu’il a suscité en moi. C’est lui qui a réveillé la femme politique qui dormait en moi depuis plusieurs années.
Il y a de cela un an, jour pour jour, ayant pris conscience que notre pays le Togo ne saurait indéfiniment rester une curiosité en matière de démocratie dans notre espace communautaire, le Parti National Panafricain, mon parti, lança de gigantesques manifestations pacifiques dans le but de revendiquer des réformes constitutionnelles et institutionnelles, sans lesquelles aucune démocratie véritable et durable n’est possible.
Ces manifestions, bien que pacifiques, ont purement et simplement été réprimées dans le feu et dans le sang, par l’armée tribale du régime dictatorial de la famille Gnassingbé.
Au lendemain de cette barbarie inouïe, 13 autres partis politiques, outrés par cette violence d’Etat, se sont joint à nous, afin de défendre ensemble, ce qui avait poussé le PNP dans la rue ce 19 août 2017, à savoir : le retour à la constitution de 1992, et le vote des Togolais vivant à l’étranger. C’est ainsi qu’est née la coalition des 14 partis politiques de l’opposition, qui porte la lutte du peuple à ce jour.
Mes chers compatriotes, en dépit des mobilisations record à travers tout le pays, et de la noblesse de la cause que nous défendons, le régime anachronique de Faure Gnassingbé, éternel réfractaire à la démocratie, n’a fait qu’accentuer la répression, faisant une vingtaine de morts dont je m’incline devant la mémoire, des dizaines de blessés graves et des exilés par centaines. Les villes de Sokodé, de Bafilo, de Mango et tout dernièrement Agoè ont particulièrement souffert le martyre, avec des bastonnades et des rafles au quotidien. Le sort des habitants de ces villes est fort semblable à celui réservé aux Juifs sous le règne nazi de Hitler.
Malgré la barbarie militaire, le peuple togolais est resté debout jusqu’à ce jour. Comment aurait-il pu en être autrement quand nous savons que c’est la peur, le découragement et la résignation qui font le lit de la dictature ?
Mes chers compatriotes, nous avons une mission ; un devoir sacré envers les générations futures. Ce devoir est de leur laisser un Togo où l’anarchie, la mauvaise gouvernance et le désordre n’auront plus droit de cité. Nous sommes convaincus, comme l’illustre Frantz Fanon qu’« à chaque époque de l’histoire d’une nation, il y a des circonstances qui déterminent la mission des générations qui se succèdent. Chaque génération doit non seulement déterminer sa mission dans une relative opacité, mais aussi et surtout choisir entre l’accomplir ou la trahir ».
Oui; nous avons mesdames et messieurs, l’obligation d’accomplir notre mission : celle d’instaurer définitivement la démocratie dans notre pays ; de sorte que nos enfants et petits-enfants ne soient pas obligés demain, de mener une lutte que nous aurions dû mener de longue date.
Mes chers compatriotes, nous avons aujourd’hui une formidable occasion d’en finir une fois pour toutes avec cette crise qui n’a que trop duré. Cette occasion nous est offerte par la récente feuille de route que la CEDEAO nous a proposée en vue d’une sortie de crise. Elle ne comble peut-être pas entièrement les attentes des Togolais, mais elle n’est pas non plus à jeter aux orties. Néanmoins nous sommes tous d’accord que les réformes doivent se faire avant toute élection au Togo. Nous sommes aussi unanime que pour une décrispation de l’atmosphère politique, tous les prisonniers politiques doivent être libérés sans délai et sans condition, et que la sécurité de tous les acteurs soit garantie, en l’occurrence celle de monsieur Tikpi Atchadam.
Je profite de l’occasion pour saluer les Chefs d’Etats et de gouvernements de la CEDEAO qui ont su saisir la portée de la crise qui secoue le Togo depuis maintenant un an et qui en ont fait leur priorité lors du 53ème sommet des Chefs d’Etat et de gouvernements, qui s’est tenu le 31 juillet dernier à Lomé. Je remercie également les deux présidents facilitateurs dans la crise togolaise : son Excellence Nana Addo Danquah Akufo-Addo du Ghana et son Excellence Alpha Condé de la Guinée, pour leur implication et leur dévouement, afin d’aider le peuple togolais à sortir des sentiers battus.
Mesdames et messieurs, j’ai l’intime conviction, que si nous savons analyser cette feuille de route la tête froide, sans passion et de manière désintéressée, nous pourrons trouver une issue heureuse, dans l’intérêt supérieur de notre nation.
Car, Il faut en finir avec cette crise, qui a causé trop de souffrances à nos concitoyens.
Il faut en finir avec cette crise, pour que le jeune étudiant togolais de Kara, que j’ai rencontré récemment ici à Accra, qui a dû fuir les miliciens, puisse rentrer chez lui pour continuer ses études de géographie.
Il faut en finir avec cette crise, pour que le père de famille qui a dû abandonner sa femme et ses quatre enfants à Sokodé pour trouver refuge ici au Ghana, puisse rentrer chez lui et retrouver sa famille.
Il faut en finir avec cette crise, pour que la jeune mère de famille de Mango, à qui j’ai rendu visite le mois dernier à Chéréponi, et qui m’a confié vouloir élever ses trois enfants dans leur patrie, puisse rentrer chez elle.
Mesdames et messieurs, il faut en finir avec cette crise, afin de redonner vie à l’économie de notre pays, qui a été étouffée pendant trop longtemps.
Pour finir, j’émets le vœu que lorsque nous nous retrouverons le 19 août prochain (si Dieu le veut et il le voudra), que ce soit pour célébrer la démocratie, et non pour évoquer, une fois encore, nos sempiternelles querelles politiciennes.
L’espoir est permis.
Je vous remercie
Source : www.icilome.com