Togo : l’évolution du partenariat commercial Afrique-États-Unis au cœur du dernier forum Agoa

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Le 16e forum de la loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (Agoa) a pris fin jeudi soir à Lomé (Togo). Cette première rencontre économique entre l’Afrique et les États-Unis de Trump a rassemblé des représentants de 38 pays sub-sahariens et des hommes d’affaires américains.

« Les États-Unis et l’Afrique : un partenariat pour la prospérité à travers le commerce ». C’est autour de ce thème que des centaines de délégués venus des États-Unis et de divers pays africains membres du programme Agoa se sont retrouvés du 8 au 10 août à Lomé. Face aux ministres africains en charge du Commerce, le représentant au Commerce extérieur des États-Unis, Robert Lighthizer a présenté le cap fixé par l’administration Trump pour la mise en œuvre de l’Agoa.

La loi sur la croissance et les opportunités économiques en Afrique est la pierre angulaire de la politique commerciale des États-Unis en Afrique subsaharienne depuis 2000. Le programme Agoa, qui a été prolongé jusqu’en en 2025, vise à développer le commerce entre les États-Unis et l’Afrique subsaharienne, afin d’encourager la croissance économique et le développement ainsi que l’intégration de l’Afrique subsaharienne dans l’économie mondiale.

« L’Afrique d’aujourd’hui n’est pas celle d’il y a dix sept ans », a constaté Robert Lighthizer, pour annoncer les nécessaires évolutions du partenariat commercial entre les États-Unis et l’Afrique. La concurrence avec des pays émergent comme la Chine impose aux deux parties de trouver les moyens pour renforcer leur coopération commerciale.

De nouveaux défis

Depuis son introduction, les importations totales de l’Agoa ont augmenté de 13% pour atteindre 9,4 milliards de dollars en 2016. Et les échanges hors pétrole au titre de l’Agoa ont bondi de plus de 300% pour atteindre 4,2 milliards de dollars en 2016, contre 1,3 milliards de dollars en 2001. La croissance de ces secteurs non pétroliers a permis de créer environ 300 000 emplois directs en Afrique.

En 2016, les exportations américaines vers l’Afrique subsaharienne ont atteint 20 milliards de dollars

En 2016, les exportations américaines vers l’Afrique subsaharienne ont atteint 20 milliards de dollars, soit une hausse de 4,8% par rapport à l’année précédente.

La réunion ministérielle a formulé une série de recommandations en vue de renforcer les échanges entre les pays éligibles et les États-Unis. Il s’agit notamment de poursuivre l’industrialisation, pour augmenter la valeur ajoutée et changer la structure des économies africaines. Parmi la vingtaine de recommandations, figure une qui demande expressément au gouvernement de Donald Trump de « ne pas réduire le budget de l’Usaid dans le but de faciliter les ressources pour que les pays maximisent leurs stratégies d’utilisation de l’Agoa ».

Envisager l’après 2025

« Les Africains n’ont pas su profiter de façon optimale de la loi Agoa en vigueur depuis 17 ans. C’est à huit ans de l’échéance que certains pays comme le Togo viennent d’élaborer leur stratégie pour augmenter les exportations sous Agoa », a indiqué Bernadette Legzim-Balouki, ministre togolaise du commerce.

Nous aurions souhaité avoir un message ou un tweet du président Trump

De fait, même si la question de l’après 2025 n’était pas officiellement à l’ordre du jour, dans les couloirs, les participants ont souhaité avoir l’assurance que le programme irait à son terme. « Nous aurions souhaité avoir un message ou un tweet du président Trump », s’est plaint un participant ouest-africain, qui estime qu’il y a de « nombreuses raisons de douter de la volonté du nouveau président de poursuivre le programme engagé par une administration démocrate ». Des craintes dissipées par Robert Lighthizer.

Mais une prolongation en l’état de la loi Agoa après 2025 reste aujourd’hui une équation à plusieurs inconnues. « Les économies africaines deviennent de plus en plus modernes, donc d’ici 2025, on peut imaginer quelques accords de libre échange bilatéraux ou multilatéraux », a indiqué Brian Neubert, porte-parole de langue française du département d’État des États-Unis.

Abidjan 2019

Exclue du programme entre 2004 et 2011 pendant la crise politique, la Côte d’Ivoire s’est portée candidate pour accueillir en 2019 le 18e forum de l’Agoa. Une occasion selon le ministre ivoirien du Commerce Souleymane Diarrassouba de « renforcer la position de leader de la Côte d’Ivoire sur le continent africain vis-à-vis du partenaire américain, mais aussi de donner une opportunité accrue aux PME et artisans ivoiriens de pouvoir tirer un meilleur profit des préférences offertes par l’Agoa et pour bénéficier du vaste potentiel offert par le marché américain ».

Le Togo, pays hôte du forum, a obtenu de son côté un visa textile

Le Togo, hôte de cette 16e édition, a obtenu de son côté un « visa textile ». Ainsi, le textile et les produits à base du textile peuvent désormais être exportés du Togo vers le marché américain en bénéficiant de l’exonération des droits de douanes prévue par la loi Agoa. « Les résultats auxquels nous sommes parvenus me permettent d’affirmer sans me tromper que le forum a tenu toutes ses promesses », s’est félicitée la ministre togolaise du Commerce, en clôturant les travaux d’un forum finalement à l’abri (pour le moment) des mesures protectionnistes de Donald Trump.

Jeune Afrique