Togo, les à-côtés de la débâcle des Éperviers à la CAN 2017 : Insécurité. Contrefaçon de maillots. Transport. Restauration et hébergement dégueulasses…

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Dernière équipe à se qualifier pour la 31ème édition de la Coupe d’Afrique des Nations de football qui se déroule actuellement au Gabon, le Togo n’a pas surpris les amoureux du football. Trois matchs joués, deux buts marqués, six encaissés, 16eme sur 16 participants, plusieurs centaines de millions dilapidés, tel est le bilan peu élogieux présenté par le Togo lors de cette fête sportive continentale.

Togo, les à-côtés de la débâcle des Éperviers à la CAN 2017 : Insécurité. Contrefaçon de maillots. Transport. Restauration et hébergement dégueulasses…

La délégation togolaise a regagné le bercail les mercredi 25 et jeudi 26 janvier derniers. Et comme l’on pouvait s’y attendre, les langues commencent par se délier pour exprimer ce qui selon beaucoup d’observateurs, aurait concouru à l’élimination précoce des Eperviers.

Le séjour en terre gabonaise, un chemin de croix ?

Si pour les Éperviers et l’ensemble du staff technique, les choses ont été aisées compte tenu de l’organisation de la CAF, le reste de la délégation togolaise ne peut affirmer avoir subi un traitement comme celui auquel elle s’attendait en quittant Lomé. Le samedi 14 janvier 2017, alors que les Éperviers étaient en terre gabonaise depuis 24 heures, le reste de la délégation togolaise devait rallier Oyem au départ de Lomé via Libreville.

Un premier groupe quitte Lomé dans la matinée et était déjà à Oyem quand on annonce au deuxième groupe que le vol Asky réservé sera en retard, comme d’habitude. Bon gré mal gré, le départ a eu lieu et le groupe est arrivé à Libreville vers 17h30. Fait insolite, un supporter du groupe Maman Togo demande à être servi au café chaud, ce qui fut fait. L’instant d’après, il réclama des morceaux de glace à adjoindre au café.

Devant l’impossibilité de le satisfaire, il s’emporta et voulut boxer tous ceux qui essayaient de le raisonner. Il a fallu beaucoup de tact pour le raisonner et se rendre à l’évidence qu’il n’avait pas toutes ses facultés. Hors de l’aéroport, la situation laissait paraître qu’aucune disposition n’était prise en amont pour assurer l’hébergement de la délégation en attendant le lendemain pour se rendre à Oyem sur un vol intérieur puis rallier Bitam par voie terrestre. Seules une dizaine de chambres ont été réservées pour 47 personnes. Les membres de la délégation dont le ministre Lorenzo qui faisait partie de ce groupe n’ont pu trouver un abri que vers 23 heures.

Le lendemain dimanche 15 janvier, le départ en direction de Oyem étant prévu sur 05h30 GMT, la délégation était contrainte d’arriver à l’aéroport sans avoir pris le petit déjeuner. Mais l’attente sera plus qu’infernale, le départ ayant finalement eu lieu après 11 heures, le ventre vide. Claude Le Roy venait de finir sa conférence de presse d’avant compétition. La grogne était perceptible à tous les niveaux. L’arrivée à Bitam par voie terrestre ne sera effective qu’aux environs de 14h30 et l’hébergement dans ce qu’on pourrait appeler à Lomé des « chambres de passage ».

Travaux toujours en cours dans les chambres sans postes-téléviseurs, connexion internet inexistante, lits grinçants au moindre contact… Tout le staff des Éperviers n’a pu trouver de place dans le même hôtel. C’était le deuxième jour de la CAN et les Éperviers devraient livrer leur premier match contre la Cote d’Ivoire le lendemain lundi. Personne ne vendait chère la peau des Éperviers et une humiliation leur était promise.

Si l’ambiance et la fièvre du premier match du Togo ont vite fait de dissiper la colère et les courbatures des uns et des autres, les Togolais n’étaient pas au bout de leurs peines. La cantine a servi des repas togolais à l’heure convenue, ce qui a d’ailleurs permis de quitter Bitam très tôt pour Oyem, lieu du match. La joie d’avoir fait un match nul avec le champion en titre a contrasté avec les réalités sécuritaires en dehors du terrain.

En effet, on a retrouvé en pleine nuit la délégation togolaise et ses supporteurs dans des bus sur une route qui serpente à travers la foret équatoriale connue pour sa densité. Or, l’on sait que le Gabon sort d’un scrutin électoral fortement contesté et la région de Bitam est une zone pro-Ping et donc hostile à l’organisation de la CAN par le Gabon. Malheureusement, en dehors des joueurs dont la CAF assure le transport dans les conditions optimales de sécurité, les organisateurs du séjour de la délégation togolaise ont choisi d’ignorer totalement l’aspect sécuritaire.

Et il en était ainsi pour les deux matchs du Togo livrés à Oyem. L’on s’est demandé à quoi aurait servi la mission d’inspection envoyée au Gabon plusieurs semaines avant et que le Directeur National des Sports Eloi Salokoffi et le 2ème vice-président de la FTF Tchakondo Sibabé avaient effectuée. Une chose était certaine, la délégation togolaise n’était plus en communion d’esprit avec les Éperviers. Certains n’ont pas hésité à émettre le vœu d’une élimination des Éperviers pour permettre à chacun de repartir au Togo et finir avec cette vie d’enfer qui leur est imposée. Et le troisième match prévu à Port-Gentil leur donnera raison.

Le troisième match prévu à Port-Gentil a encore révélé les tares de l’organisation. En dépit des assurances que le Colonel Gnama Latta donnait à qui veut l’entendre sur la ponctualité des vols pour rallier Port-Gentil, la délégation et les supporteurs togolais arrivés à l’aéroport d’Oyem à 7 heures le ventre vide n’ont embarqué que vers 15 heures en direction de Port-Gentil. La conséquence a été incontestablement le retard accusé par les supporteurs togolais qui n’étaient pas tous dans les tribunes à l’heure du coup d’envoi du match contre la RDC.

L’on imagine comment des individus qui ont passé toute la journée à ne rien mettre sous la dent peuvent souhaiter continuer l’aventure. Dans ces conditions, il est clair que l’élimination du Togo constituait en quelque sorte une délivrance pour plusieurs personnes. Denyo Kodjo, le supporter qui a très tôt dénoncé cette façon de faire dans un message vocal relayé sur les réseaux sociaux n’avait-il pas raison ? L’on ne peut répondre qu’à l’affirmative eu égard aux témoignages recueillis par la suite. Il apparaît donc que son rapatriement manu-militari était une méthode destinée à étouffer toute autre tentative de révolte et d’indignation. C’est donc le prix de son courage qu’il paierait à la Prison Civile de Lomé depuis le vendredi passé.

Par ailleurs, des incidents non moindres méritent d’être relevés pour situer l’opinion sur ce qui se trame souvent sur son dos. Des soupçons de contrefaçon et de commercialisation parallèle des équipements Macron pèsent sur le deuxième Vice Président de la FTF. A Bitam, un ressortissant togolais vêtu d’un maillot de marque Macron contrefait a été appréhendé pour révéler la provenance de sa tenue. Dans sa défense, l’individu mis en cause a affirmé l’avoir reçu en cadeau de la part d’un membre de la FTF dont il a brandi la carte de visite. Interrogé à Bitam sur la situation, Tchakondo Sibabé a nié en bloc.

Mercredi 25 janvier, jour du retour à Lomé, Les autres membres de la délégation sont informés qu’un vol de Asky assurerait leur retour à Lomé 20 heures. Le foker présidentiel venu chercher une partie de la délégation composée des joueurs, du staff, du ministre Lorenzo et des députés Dobou, Affo et Jimongou a déjà repris la direction de Lomé quand on annonce une annulation du vol Asky et le report du départ sur le lendemain.

Ainsi, plusieurs personnes étaient encore obligées de prendre la route de l’aéroport le lendemain avant que le petit déjeuner ne soit prêt. Prévu pour 9 heures, le vol est finalement reporté à 13 heures. Deux avions pour ramener la délégation togolaise : un Boeing et un Bombardier. Grosse frayeur au moment du décollage. Un brusque freinage du Boeing oblige le pilote à retourner au parking. Les membres de la délégation sont priés de redescendre. Après plus d’une heure d’entretien sur l’avion, les passagers se réinstallent pour un décollage qui, cette fois-ci, les amène à Lomé.

Des leçons à tirer de la débâcle togolaise ?

Aucune leçon excepté le gaspillage à outrance des deniers publics auquel on a assisté. Au nom de la CAN, les championnats nationaux sont suspendus. Les financements microscopiques promis aux clubs n’ont en rien suffi à éponger les dettes de la phase aller.

Pendant ce temps, des sommes faramineuses sont dépensées pour financer des partis de plaisir de certaines personnalités qui n’ont rien à voir avec les Éperviers. Le spectacle offert par certaines personnalités démontre suffisamment que ceux qui ont fait le déplacement du Gabon y étaient juste pour faire du tourisme, satisfaire leur gourmandise, se remplir les poches ou encore satisfaire leur appétit libidinal. Et lorsqu’un président de Ligue affirme être au Gabon pour se faire une nouvelle jeunesse, il y a lieu de poser de sérieuses questions sur ce que les gens veulent faire du football togolais.

Source : Le Correcteur N. 744 du 02 février 2017

27Avril.com