Togo : fragile retour au calme après plusieurs semaines de grève dans l’enseignement

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Le gouvernement togolais a annoncé vendredi dernier une série de mesures pour améliorer les conditions de vie et de travail des enseignants. Conséquence, les cours ont repris normalement en début de semaine sur toute l’étendue du territoire.

C’est Komi Selom Klassou, le Premier ministre togolais en personne, qui a présenté le 17 mars les mesures d’apaisement du gouvernement à l’endroit des enseignants. Ces derniers observent sporadiquement des grèves depuis le début de l’année scolaire 2016-2017 pour réclamer une amélioration de leurs conditions salariales. Conséquence, un peu partout dans le pays, des élèves ont, début mars, manifesté parfois violemment, pour exiger le retour des enseignants et la reprise des cours non dispensés pendant les grèves.

Principale mesure annoncée, la revalorisation de la prime d’incitation à la fonction enseignante qui « sera doublée dès le 1er avril », selon le chef du gouvernement. Sur l’épineuse question du statut particulier des enseignants, un comité de rédaction élargi aux partenaires en développement sera mis en place à la fin du mois de mars. Ce statut particulier consacrera l’instauration d’une prime unique regroupant la prime d’incitation revalorisée et les autres primes existantes.

À ce jour, le manque du nombre d’enseignants au Togo est estimé à 12 893. Le gouvernement envisage un recrutement intensif jusqu’en 2022. Concernant l’intégration des enseignants auxiliaires, les 12 747 actes de nomination délivrés par le gouvernement devront être complétés. Une cellule ad hoc se chargera aussi de régler la question des cotisations ou prélèvements opérés sur le salaire de certains enseignants auxiliaires avant leur intégration dans le corps des fonctionnaires.

Accalmie durable ?

Les principaux syndicats grévistes semblent décidés à jouer le jeu de l’apaisement, même si selon certains responsables, « la pression doit être maintenue sur le gouvernement qui par le passé a manqué d’honorer ses promesses ». La Coordination des syndicats de l’éducation du Togo (CSET) et la Fédération des syndicats de l’éducation (FESEN) ont donc décidé une « suspension provisoire de la grève ». Mais « les choses ne sont peut-être pas si simples », explique Paulin Kokou, membre de la FESEN, qui reconnaît qu’il est « difficile de convaincre la base d’accepter les mesures annoncées par le gouvernement et donc de suspendre complètement les mouvements ».

Sur la question des précomptes à l’origine de la décision de considérer les cours des jours de grèves comme faits, les enseignants réclament « un reversement intégral des sommes retenues ». Ils exigent également la libération de certains élèves emprisonnés durant les manifestations. Autant de points qui rendent le calme précaire.

Mais du côté du gouvernement, on explique que les mesures annoncées ne sont pas figées et que « le dialogue continue pour trouver des solutions durables pour tous les acteurs du secteur de l’enseignement ». Un réajustement de l’année scolaire devrait intervenir rapidement pour atténuer les effets des perturbations intervenues ces derniers mois.

Jeune Afrique