Togo / Atchadam: L’espoir du peuple, le cauchemar du pouvoir.

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« Ma haine de l’injustice a décidé de mon engagement politique », dixit le président du PNP, Parti national panafricain de Tikpi Salifou Atchadam. Une…
 
« Ma haine de l’injustice a décidé de mon engagement politique », dixit le président du PNP, Parti national panafricain de Tikpi Salifou Atchadam. Une déclaration qui devait justifier cette fougue politique engagée dans la lutte démocratique au Togo par la nouvelle coqueluche des togolais, le « guerrier de Tchaoudjo » comme le surnomme la presse togolaise. De la cohérence dans son combat démocratique à ses convictions politiques dictées par les aspirations profondes des populations, le peuple togolais semble trouver en lui son « messie » et beaucoup lui disent déjà merci bien que la lutte pour l’alternance et le changement en sont encore aux balbutiements. Tikpi Atchadam, un sauveur est-il né ?
 
« Dites à Sylvanus Olympio que le jour se fait toujours attendre. Quel messager pourra porter au président que la deuxième nuit qui s’est abattue sur le Togo est plus incertaine parce que plus obscure… C’est la nuit des superlatifs négatifs… La deuxième nuit, celle qui nous a opposés, la nuit de l’éclipse est artificielle. Elle se révèle sous les traits typiques d’une nuit voilée. Il suffit de déchirer ce voile qui nous empêche de voir le soleil qui brille sur nos têtes et autour de nous. Et nous en sommes capables… ». Voici, disons-le ainsi, les premiers mots de l’homme qui vient sauver les togolais. Sauver ? Le terme n’est ni gratuit ni fortuit. Puisqu’il est illustratif de cet engouement généralisé autour de Tikpi Atchadam, tout esprit épris des desseins politiques d’un « jeune » en qui chaque togolais se reconnaît. Anthropologue de formation, Tikpi Atchadam se serait peut-être servi de sa formation pour mieux connaître l’homme, connaître le togolais, ses aspirations et ses convictions, ses souhaits ou désirs, aussi bien que ses qualités et ses défauts. Alors, en l’appelant pour la défense d’une cause commune et le tout dans un projet clair et qui séduit, le peuple ne s’est pas posé mille et une questions avant de le suivre. « Tout peuple debout arrive à bout de n’importe quel dictateur. Mais avant de dire que vous êtes fatigués, rassurez-vous que vous êtes capables de porter pire que ce que nous avons porté, mais encore pendant quarante ans ». Oui, le discours est on ne peut plus clair. Aujourd’hui, la lassitude a fui le rang des togolais qui, pendant près de deux heures d’horloge, ont cessé leurs activités professionnelles ne serait-ce que pour suivre le passage du leader du PNP sur une station radio. « Maintenant, retournons à nos casseroles », déclare un togolais à la fin de l’émission. Les réseaux sociaux s’enflamment, chacun venant mettre des extraits ou des bouts de phrase prononcés au cours de l’émission. Une manière de prouver à tous qu’il a aussi écouté Tikpi parler. C’était dans une ferveur généralisée, à la limite d’une contagion.
 
Tikpi Atchadam, la cohérence de bout en bout
 
« Pour le Parti national panafricain, après avoir lutté pour obtenir les réformes, après avoir exigé les réformes, et comme aujourd’hui le pouvoir ne parle plus de réformes, et parle de la 5ème République, pour le PNP, il ne s’agit plus de réformes. Nous ne parlons donc plus de réformes, mais nous exigeons le retour à la Constitution de 1992 et le vote de la diaspora ou bien le départ de la minorité au pouvoir. Voilà notre position et elle est claire ».
 
Ce discours est un extrait de l’interview que la rédaction de l’Indépendant express a réalisée avec le leader du PNP, le 30 Mai 2017. Aujourd’hui, le discours de Tikpi Atchadam n’a pas changé. Cette constance qui témoigne du sérieux politique de l’homme en dépit de nombreux faits nouveaux qui endeuillent la politique togolaise. Il aurait, de ce fait, pu troquer son chasuble d’homme de paix en un gourou friand du sang et transformer son combat politique en une insurrection violente, très violente. « Le mot insurrection, je le connais, mais je l’ai jamais utilisé…il est dans le vocabulaire depuis longtemps, mais je l’ai jamais utilisé », car pour lui, « les moyens pour faire partir un dictateur, c’est la rue, c’est les manifestations publiques pacifiques », soutient-il.
 
Le pacifisme, le président du PNP, Tikpi Atchadam l’a toujours rappelé dans ses différentes sorties si bien qu’il en est presque devenu le chantre. Le 02 juillet 2017, au grand meeting d’Agoè, il dit à ses militants : « Le Jour-J, sortez dans une tenue correcte et responsable, les mains nues. Nous allons nous livrer à une véritable procession de pacifistes. Chacun de nous a mille et une raison pour prendre part à la marche pacifique du siècle devant ouvrir la voie à la reconnexion du Togo à la seconde près, seconde à laquelle Sylvanus Olympio fut assassiné ».
 
Malgré la brutalité et la barbarie de la branche militaire au pouvoir; la fréquence de leurs répressions et la multiplication des blessés et des morts, Tikpi Atchadam n’a jamais appelé à la violence. « Le RPT/UNIR veut avoir des ennemis en face. Quand ils regardent le PNP, ils trouvent en face des adversaires politiques qui les attendent sur le terrain du débat intellectuel et ça les met mal à l’aise. Ils veulent coûte que coûte un ennemi à abattre. Voilà pourquoi, ils passent par tous les moyens pour nous armer. Ils nous remettent des armes, mais nous n’en voulons pas. Le RPT/UNIR veut armer le PNP, et c’est pour cela qu’ils brandissent les armes, soi-disant armes arrêtées, armes récupérées etc. nous avons croisé les bras pour une lutte pacifique et ils veulent nous tendre une arme que nous n’accepterons pas. Nous avons mis deux ans et plus pour former nos militants au pacifisme ».
 
Quelles que soient les situations, le président du PNP, Tikpi Atchadam ne s’est jamais détourné de son principal objectif qui est d’œuvrer pour l’alternance et le changement, mais de manière pacifique. Une constance qui fait la réputation et surtout, la grandeur de l’homme ce qui le différencie de ses adversaires politiques abonnés à la violence comme réponse aux revendications légitimes d’un peuple.
 
Tikpi ou la fin d’un canular
 
« Je vous l’avoue, depuis un moment, la mobilisation est tombée chez nous. Il a fallu les évènements du 19 août pour que toute l’opposition se remobilise. Ce que nous faisons aujourd’hui n’aurait pas pu se produire avec une telle ampleur s’il n’y a pas eu le 19 août. Donc, c’est pour ça que je dis qu’il a apporté quelque chose de nouveau dans la lutte que nous menons contre le système actuel. Il a surfé sur le ras-le-bol des togolais aujourd’hui, il a surfé sur son ethnie qui s’est mobilisée vraiment en bloc derrière lui, je crois que c’est tous ces évènements qui ont fait le système qu’il a connu… pendant longtemps, depuis le début de notre processus démocratique, on a toujours cherché à opposer le nord au sud ».
 
Cette lucidité d’esprit du président des FDR, Me Paul Dodji Apévon, une lecture parfaite du gros canular, cette farce des temps antiques qu’a entretenue le système RPT/UNIR des années durant et qui lui a permis de régenter le Togo, eh bien ce mur fictif dressé à dessein par le régime Gnassingbé entre le nord et le sud est aujourd’hui tombé avec l’avènement du PNP de Tikpi Atchadam sur la scène politique togolaise. C’est la nouveauté dont parle Me Apévon. Alors le président du PNP ne peut que drainer une fourmilière humaine derrière lui, un peuple uni et indivisible, une population sans étiquette d’ethnie ni barrière de langues, de classes ou de couches sociales. « Il n’y en a qui continuent de fonctionner dans les catégories créées par Eyadéma. C’est ce que nous avons appelé le cercle de la division de la famille Gnassingbé. C’est une stratégie du régime. Eyadéma a divisé le pays en nord-sud. Et quand il se retrouve avec des gens qu’il appelle les gens du nord, il leur dit : les gens du sud sont mauvais. C’est vous, les gens du nord qui tenez le pouvoir, il ne faut jamais le laisser vous filer entre les mains, il ne faut jamais permettre aux gens du sud de prendre le pouvoir. Or, pendant que Eyadéma le dit, la majorité des ministres des gouvernements d’Eyadéma sont du sud, la majorité de ses conseillers sont du sud, trois épouses sur cinq d’Eyadéma sont du sud. Donc c’est juste pour tromper la vigilance des togolais », a fait remarquer le leader du PNP et c’est normal que sa politique attire les togolais de tous bords.
 
En se proposant de mettre fin aux « privilèges insolents de la minorité (pour) un soleil radieux d’Afrique qui brillera sur un Togo digne et respecté, un Togo réconcilié à jamais avec lui-même loin de la division territoriale, ethnique, professionnelle, religieuse », la dimension intellectuelle de Tikpi Atchadam et le réalisme politique qu’il professe ne peut que susciter admirations et remplir les stades et les cœurs des togolais qui trouvent en lui, l’homme idéal pour conclure la lutte démocratique qui a trop duré au Togo.

 
 
Sylvestre K. BENI
 

TogoActualité.com