Start-up : ce que le documentaire « Afropreneur » dit de l’entrepreneuriat en Afrique

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Produit grâce à un financement participatif en 2015, le court-métrage donne la parole à une cinquantaine d’entrepreneurs africains. Il viennent du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Togo, du Cameroun, du Bénin et du Congo-Brazza.

« Je connais des sociétés qui ont ouvert le lundi et fermé le vendredi », témoigne Christian Roland, le directeur d’Alpha Omega Services, un groupe de communication qu’il a fondé en Côte d’Ivoire après une première vie professionnelle sur le web.

Christian Roland est l’un des 50 entrepreneurs africains interrogés par les réalisateurs d’un documentaire paru sur le sujet en fin d’année. Ces « Afropreneurs » ont été interviewés aux quatre coins de l’Afrique de l’Ouest par un groupe de jeunes technophiles regroupés autour de Got’liebe Bataba, ingénieur IT et fondateur de TechOfAfrica, un site Internet créée mi-2013 pour présenter les différentes initiatives des acteurs africains du numérique.

 

 

Les mêmes difficultés

Dans ce documentaire, on retrouve des visages connus. Celui de Rebecca Enonchong par exemple, la directrice d’AppsTech, une société spécialisée dans les logiciels de gestion d’entreprise et présente dans une cinquantaine de pays sur trois continents. Ou ceux de Cina Lawson, la ministre des Postes et de l’Économie numérique du Togo, et d’ Édith Brou, blogueuse ivoirienne.

De Dakar à Brazzaville, tous racontent les mêmes obstacles sur leur route. Les vicissitudes ne sont pas neuves, bien au contraire : le manque de compétences disponibles − par exemple celles très coûteuses des développeurs informatiques −, l’accès au crédit, le déficit d’infrastructures et d’énergie, la lourdeur des administrations…

L’optimisme et le sens des responsabilités dont témoignent néanmoins les « Afropreneurs » est visible tout au long du film, présenté en avant-première à Paris fin novembre. Tous croient dur comme aux vertus sociales de l’entrepreneuriat et à la possibilité de répliquer les booms nigérian et kényan en Afrique francophone.

Pari sur le leapfrogging africain

« Plus de personnes pourront se connecter, mieux ce sera », dit par exemple en substance Laurent Liautaud, le fondateur de la plateforme d’e-commerce Niokobok. Sur le financement, la voie du capital-investissement n’est pas la seule à devoir être explorée, appuie Omar Cissé, pourtant le patron d’un des rares véhicules d’investissement existant en Afrique francophone : Teranga Capital. Il cible les jeunes sociétés encore peu développées.

Tous parient sur un leapfrogging africain — théorie économique qui veut que des pays en développement puissent sauter certaines étapes de développement connus par les pays riches — d’ici 2030.

Une projection rapatriée à Paris à la dernière minute

Le meilleur des exemples des obstacles à l’entrepreneuriat est sans doute la mésaventure qui est arrivée aux réalisateurs du film eux-mêmes. Ceux-ci ont réussi à produire leur film via un financement participatif bouclé en août 2015 − auquel Jeune Afrique avait apporté son soutien −. La première projection, qui devait initialement avoir lieu à Abidjan, a été rapatriée en dernière minute dans la capitale française, ce qui n’a pas manqué de susciter quelques critiques des spectateurs venus nombreux pour l’occasion. Le jour de la projection initiale, dans la capitale ivoirienne, la salle qui devait accueillir la séance n’avait pas été réservée et rien n’était prêt. La faute à un contact local peu fiable. 

Jeune Afrique