Start-up africaine de la semaine : Paps, l’appli de livraison sénégalaise qui veut aller vite

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Design agréable et ergonomie travaillée, Paps se présente comme la première application de livraison à la demande géolocalisée en Afrique francophone. Quatre mois après son lancement au Sénégal, son fondateur rêve déjà de s’implanter à l’étranger.

Bouquets de fleurs accompagnés d’un petit mot, clefs oubliées dans le vestiaire d’une salle de sport, gâteaux pour des anniversaires surprises… Pour les livreurs de Paps, les demandes se suivent et ne se ressemblent pas. “La dernière fois, un de nos clients s’est retrouvé à l’aéroport sans son billet. On avait seulement une heure pour aller le récupérer et lui ramener”, se souvient Bamba Lo, le fondateur de l’appli.

Le principe de Paps est simple : après s’être inscrit en quelques secondes, l’utilisateur fait appel à l’algorithme de l’application pour trouver le coursier le plus proche. Une vingtaine d’entre eux sillonnent la capitale en scooter ou en vélo afin de répondre aux desiderata des particuliers et des entreprises. Temps de livraison maximum assuré : 45 minutes pour toute livraison à Dakar où l’entreprise se cantonne pour l’heure.

À l’image de ses livreurs, Bamba Lo est du genre à aller vite. Quatre mois seulement après avoir lancé l’application, le jeune homme de 31 ans est en lice pour le prix Hub Africa, initiative marocaine qui récompense les start-up les plus prometteuses du continent. Un beau parcours pour cet entrepreneur volontaire, qui a créé un centre d’appels après une première vie professionnelle dans le conseil et des études à Paris et au Québec.

Un potentiel énorme

C’est d’ailleurs dans sa précédente entreprise que lui est venue l’idée de créer Paps. “Nous vendions à l’époque des abonnements téléphoniques, se rappelle-t-il. Mais cela nous rapportait assez peu. On a voulu aller au bout de la démarche et livrer nous-mêmes les puces des téléphones. Les gens nous ont alors demandé de livrer tout un tas de choses. Et j’ai très rapidement pensé à créer une appli mobile de livraison en Afrique, où le service postale est souvent défaillant.”

Au Sénégal, l’immense majorité des gens (96,5% selon le régulateur des télécoms) se connectent à Internet grâce au mobile. Un potentiel énorme qui n’a pas échappé à Bamba Lo. Ni une ni deux, le jeune homme retourne au pays. Avec ses 2 000 euros d’économies, il se lance dans la conception d’une version bêta de l’appli, qui sort en septembre 2016.

Un mois plus tard, Paps remporte le prix Orange Innovation challenge. À la clef : un chèque de 2 millions de francs CFA (3 000 euros) et un accès privilégié aux services du géant des télécoms. Sur les réseaux de communication interne à Orange, les employés dakarois sont également invités à se servir de l’appli pour se faire livrer des repas le midi. Une stratégie qui sera également dupliquée à l’ambassade des États-Unis au Sénégal. “L’idée, c’est de multiplier les partenariats avec des administrations ou des entreprises, notamment de e-commerce, pour qu’elles utilisent notre service”, explique le jeune entrepreneur.

Une affaire qui roule

Les revenus de la start-up proviennent d’une petite commission ponctionnée sur chaque course (payée généralement entre 3 et 4 euros). S’y ajoutent les partenariats que l’entrepreneur a tissé avec plusieurs sites d’e-commerce de la place : Paps perçoit 10% sur chacune de leur vente livrée par les soins de son entreprise.

Une affaire qui roule selon Bamba : son bénéfice mensuel dépasse le million de franc CFA. En l’espace de quatre mois, l’équipe de Paps s’est rapidement étoffée et compte désormais deux développeurs, un graphiste, deux commerciaux et un responsable communication.

Du côté des livreurs, Bamba puise son vivier parmi les jeunes étudiants. “Au Sénégal, c’est très difficile pour les jeunes de trouver un emploi, même lorsqu’ils sortent de l’université”, dit-il. D’où son idée : lancer des partenariats avec des écoles de commerce, afin de faire connaître Paps auprès des étudiants.

Le job peut s’avérer vite rentable, avec des gains espérés de 200 000 francs CFA par mois et par coursier — soit quatre fois plus que le salaire minimum au Sénégal. Des revenus dont il faut néanmoins déduire le prix du véhicule, que ce soit un vélo ou un scooter, revendu aux livreurs par petites mensualités d’environ 30 000 francs CFA.

Menus services offerts aux clients

“Nous sommes très soucieux du retour du client”, plaide le fondateur. Afin de sécuriser les utilisateurs, l’application leur offre par exemple la possibilité d’analyser la course en temps réel et de noter les livreurs.

La croissance de son activité encourage l’entrepreneur à voir au-delà du Sénégal. Le jeune homme prospecte déjà en Côte d’Ivoire, afin de pouvoir s’y implanter avant la fin de l’année. Il est également en discussions avec le fonds de l’entrepreneur français Xavier Niel (Kima Ventures).

Jeune Afrique