Qui veut saboter la lutte populaire ?

0
311

Depuis le 19 août 2017, le Togo est sous la rampe des projecteurs. A l’initiative du Parti National Panafricain (Pnp), plusieurs milliers de togolais s’expriment dans la rue pour exiger le retour, sans conditions, à la Constitution de 1992 et le droit de vote de la diaspora. Mais seulement voilà ! Au lieu de renforcer la pression sur le pouvoir de Lomé, la coalition des forces démocratiques semble plutôt détourner la mobilisation populaire de son objectif premier.

Lomé… si secoué, si acculé !

Plus que jamais, le pouvoir de Faure Gnassingbé n’a aussi été acculé. De l’intérieur comme de l’extérieur, Lomé vit ces derniers jours, une pression qu’elle ne l’aurait jamais pensé. L’opposition, galvanisée à bloc autour du Parti National Panafricain (Pnp), exige à travers des marches populaires et synchronisées aussi bien à Lomé que dans plusieurs villes de l’intérieur du pays, le rétablissement de la Constitution de 1992. En clair, le Cap 2015, le Groupe des 6, le PNP et le parti Santé du Peuple, appuyés par la Car, le Net et le Mcd exigent l’opérationnalisation immédiate des réformes politiques et institutionnelles qui devront se traduire par le retour d’un scrutin à deux tours et la limitation du mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. Ceci, tel que contenu dans la loi fondamentale de 1992, toilettée en 2002 pour permettre au Général Eyadema de s’offrir un pouvoir à vie.

Après la répression sanglante du 19 août, l’opposition a récidivé les 6 et 7 septembre avec une mobilisation monstre dans les rues de la capitale. Amnesty International parle de 100.000 manifestants pendant que l’opposition évoque près de 1 million. Dans la foulée, la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (Haac) a retiré l’accréditation à Emmanuelle Sodji, la Correspondante de TV5 Monde au Togo pour «traitement tendancieux de l’information».

Avalanches de réactions… La pression est à son comble !

Outre les partis politiques de l’opposition, des voix s’élèvent également partout ailleurs dans le monde pour crier Haro sur le pouvoir de Faure Gnassingbé. Que ce soit à Lagos, à Libreville, à Dakar, à Berlin, à Bruxelles, à Montréal ou encore à Washington, les Togolais de la diaspora n’observent point de répit. Ces fils de l’extérieur épris de démocratie et de changement se joignent à la lutte et battent les pavés pour exiger, eux aussi, le retour à la Constitution de 1992 et le droit de vote à la diaspora. Des avalanches de contestations et protestations qui, somme toute, font désormais du Togo, la curiosité sur le continent.

Ainsi, certaines personnalités influentes du continent à l’instar des anciens présidents ghanéens et nigerians, John Jerry Rwalings et Olusegun Obasandjo et l’artiste béninoise et ambassadrice de l’Unicef, Angélique Kidjo, n’ont pas manqué de s’inviter dans la danse. Tous demandent à Faure d’écouter la voix de son peuple en respectant le droit de manifestation des populations d’où il tire son pouvoir. Dans la foulée, le sommet Israël-Afrique tant vantée par Lomé et prévu pour mi octobre 2017 vient d’être reporté à une date ultérieure.

Autant de désillusions qui contraignent finalement le pouvoir de Lomé à faire profil bas. Le mardi 5 septembre dernier, sur initiative du Chef de l’Etat, le gouvernement togolais a adopté un projet de loi modifiant les articles 52, 59, 60 qui devra faire, dès aujourd’hui si tout se passe bien, objet d’étude au parlement. Maintenant la pression toujours vive, l’opposition a prévu pour hier mardi, un sit-in devant l’Assemblée nationale mais qui n’a pu se tenir et un meeting populaire au bas fond du Collège Saint Joseph de Lomé, le vendredi.

Quant aux manifestations populaires, elles devront continuer les 21 et 22 septembre prochains sur toute l’étendue du territoire national. Somme toute, des approches appréciables qui visent dans leur ensemble à acculer le pouvoir de Lomé afin de le contraindre à céder aux revendications. Malheureusement, tout semble présager déjà quelques grains de sable dans la machine.

Le virus de la démagogie et de la surenchère !

S’il saute aux yeux du monde entier que la mobilisation populaire est vent debout, il faut néanmoins reconnaître que l’opposition togolaise, par son approche toujours approximative et la surenchère, est en passe de griller sa dernière carte. En effet, le 7 septembre dernier, au deuxième jour de la marche populaire pacifique de l’opposition, que ce fut surprenant d’écouter certains leaders des partis politiques, opportunistes et fidèles à la démagogie, changer brusquement de langage. Reléguant au second plan, l’exigence première portée par Tikpi Atchadam, ces derniers ont semblé désormais mettre au centre des exigences, le départ immédiat de Faure Gnassingbé du pouvoir.

Extraordinaire et pathétique! Est-on en droit de s’exclamer. Comment pourrait-on prendre au sérieux des acteurs politiques qui se disant démocrates, profitent d’une situation provoquée par le peuple ai devant duquel, se hisse la jeunesse pour en faire une récupération politique en exigeant, à deux ans de la fin de son mandat, la démission d’un Président légalement investi ?

Rien de cohérent dans cette logique biaisée et erronée que tente d’imposer à la lutte populaire, portée par les jeunes, certains leaders de l’opposition dont le Président de l’ANC, Jean Pierre Fabre, par ailleurs Chef de file de l’opposition qui, aussi paradoxal que cela ne puisse paraître, demande publiquement à négocier avec Faure, les conditions de son départ. Il faut donc s’appeler «opposition togolaise» pour se complaire dans un tel égarement légendaire surtout que, malgré plus de 25 ans de lutte démocratique, elle peine toujours à accéder au pouvoir.

Au rendez-vous de l’histoire !

L’histoire retiendra donc que la démagogie et la surenchère de certains acteurs politiques de l’opposition auront été les maux qui ont toujours freiné la lutte démocratique au Togo. Et c’est à se demander si cela n’est fait à dessein pour saboter la lutte et l’espoir de tout un peuple. Car, c’est énigmatique de savoir qu’à l’approche d’un résultat probant à une période de la lutte, une frange de cette opposition opportuniste n’a de cesse exagéré dans ses réclamations, braquant de fait, le pouvoir de Lomé qui, se sentant menacé et poussé à bout, n’a toujours mille solutions que de remettre le compteur à zéro pour verrouiller, ensuite, la machine.

Et l’erreur semble se répéter cette fois-ci encore avec la démission de Faure brand ie par certains opposants qui donnent ainsi l’impression d’être en mission pour saboter, pour une ultime fois, la lutte. Le peuple n’a pas été initialement mis dans la rue pour exiger la démission de Faure mais plutôt le retour de la Constitution de 1992. Cela doit être clair pour tout esprit lucide qui doit se réveiller pour reprendre en main sa lutte.

Au rendez-vous ultime avec l’histoire, le peuple doit enfin comprendre que ni la démagogie, ni la surenchère, ni le double langage ou encore l’opportunisme n’ont été un atout majeur pour la réussite de la lutte démocratique au Togo.

www.icilome.com