Nouvelle coopérative pour enseignants : Une poudrière qui risque de créer de nouvelles crises dans l’éducation

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Komi Tchkpele, ministre des Enseignements primaire et secondaire

Le gouvernement togolais avait annoncé depuis plusieurs années déjà la mise sur pied d’une coopérative destinée uniquement aux enseignants pour leur permettre de bénéficier des crédits à faible taux d’intérêt, a-t-on appris. Une équipe a eu à faire le déplacement de Rwanda à cet effet pour s’inspirer de son expérience. Cinq ans après, les choses semblent rentrer dans la phase d’exécution.

En effet, suite au lancement officiel du démarrage des activités relatives à la coopérative des enseignants dénommée COOPEC-ET (Coopérative d’Épargne et de Crédit des Enseignants du Togo), les premiers responsables commis à la tête de ladite coopérative ont entamé depuis la semaine dernière une tournée qui doit couvrir toute l’étendue du territoire. Selon le Directeur de Cabinet du Ministre en charge de l’éducation, M. Kpemessi, Président du Conseil d’Administration de la COOPEC-ET, cette tournée a pour objectif de recueillir l’avis des enseignants sur le taux du prélèvement sur salaire à épargner.

Les sources proches des enseignants révèlent que l’équipe de la tournée a déjà fait le tour de certains établissements scolaires publics de la capitale et de la région maritime. D’après les mêmes sources, il se pose un réel problème de compréhension partout où le Président d’administration et sa suite passent.

Nous apprenons que la question de la liberté d’adhésion et d’épargne constitue l’objet principal du désaccord entre les enseignants et la commission chargée de piloter la COOPC-ET.

À entendre les propos de plusieurs enseignants des Lycées Techniques d’Adidogome et d’Atiégou où l’équipe de la COOPEC-ET est déjà passée, l’autorité serait en train de vouloir imposer une adhésion et une épargne obligatoires par un prélèvement sur les salaires à la source comme c’est le cas avec l’INAM. C’est du moins ce que comprennent les enseignants à travers le message du Directeur de Cabinet Kpemessi, même si celui-ci ne le dit pas de façon explicite. Le message confus qui a retenu l’attention des enseignants est celui-ci: «L’adhésion à la COOPEC-ET est libre, toutefois, une épargne pour la retraite est obligatoire et doit être prélevée à la source. Il reste à présent à fixer le taux de prélèvement sur les salaires qui doit se situer entre 10 et 20% ».

Voici donc l’annonce qui crée la panique et la colère des enseignants qui ont consacré presque tous leurs panels whatsapp à ce débat uniquement depuis plusieurs jours déjà. Parmi ces enseignants, les plus alarmistes pensent que c’est une réédition de l’INAM, qui fait grincer déjà les dents, qu’on veut importer dans le monde éducatif. Ces derniers ne croient pas du tout à une adhésion libre et prévoient déjà une imposition à tout le corps enseignant.

«Nous réclamons des primes pour l’amélioration de nos conditions de vie et on veut nous imposer une épargne pour la retraite alors que nos revenus ne nous permettent pas de vivre décemment et de faire des économies. À quoi sert la Caisse de retraite du Togo si on nous oblige à préparer notre retraite à travers des cotisations à verser dans une coopérative aux contours flous? », s’interroge un enseignants qui s’est confié à notre rédaction.

Pour d’autres, l’idée de cette coopérative n’est pas mauvaise en soi, mais c’est la manière dont les premiers responsables ont été désignés et le mode d’adhésion qui inquiètent. Il est par ailleurs reproché au Président du Conseil d’Administration de vouloir transformer habilement les listes de présence lors de la tournée à des listes d’adhésion, ce qui serait en contradiction avec la liberté d’adhésion et avec les textes en vigueur.

Aux dernières nouvelles, plusieurs syndicats de l’Éducation se préparent à adresser un courrier au gouvernement pour protester contre cette façon de vouloir gérer la COOPEC-ET et il n’est pas exclu que cela aboutisse sur de nouveaux mouvements d’humeur si cette commission et le gouvernement tiennent à leur volonté d’imposer l’adhésion et l’épargne obligatoires à un seuil enseignant.

Nous apprenons également que la commission en tournée, ayant déjà constaté un violent rejet de ce projet par les enseignants qu’elle a eu à rencontrer, choisit à présent de ne rencontrer que les chefs d’établissement entourés de quelques collègues adjoints. Des informations qui ne rassurent tellement pas quant à la sérénité dans nos écoles en ce moment où les examens de fin d’année se préparent déjà.

Il revient alors à l’autorité de revoir sa copie dans cette affaire de COOPEC-ET pour ne pas créer inutilement d’autres crises supplémentaires dans le monde éducatif.

JOACHIN

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