Les insolites de la gouvernance Faure Gnassingbé : Une recette « made in Togo » pour lutter contre le terrorisme !

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Les insolites de la gouvernance Faure Gnassingbé : Une recette « made in Togo » pour lutter contre le terrorisme !

Mandat social, voilà le sceau sous lequel est dit placé le quinquennat additionnel 2015-2020 de Faure Gnassingbé. En plus d’ambitionner de satisfaire les besoins de son bétail électoral et lui assurer le bien-être total –hum-, le mandat social a une vertu spéciale que le commun des Togolais ignorait sans doute : lutter contre le terrorisme. C’est en tout cas le scoop donné par l’un des collaborateurs de premier plan de Faure Gnassingbé, au cours d’une réunion de la Communauté des Etats Sahélo-Sahariens (CENSAD)à Abidjan en Côte d’Ivoire.

Une solution originale contre le terrorisme

Les 4 et 5 mai derniers, les responsables de la Défense des pays membres de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (CEN-SAD) dont le Togo fait partie, se sont réunis à Abidjan en Côte d’Ivoire. Au centre des échanges, la lutte contre le terrorisme. Il s’agit de la 6e réunion du genre de cette organisation créée en 1998 à Tripoli en Libye par feu Muammar Kadhafi et qui s’est donné pour défis la consolidation de la paix, la sécurité et la stabilité, la promotion du dialogue politique et la lutte contre la criminalité transfrontalière. Le Togo y était représenté par une délégation de trois personnes conduite par le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le Col Yark Damehame.

Dans la déclaration finale dite « Déclaration de Cocody » ayant sanctionné les travaux, vivement préoccupés par la résurgence et la prolifération d’organisations terroristes dans l’espace sahélo-saharien et la persistance des attaques entrainant des pertes en vies humaines, les Etats membres ont réaffirmé leur engagement à renforcer leur coopération militaire et sécuritaire, intensifier la coopération régionale et internationale en vue de déceler et tarir les sources de revenus des organisations terroristes, mettre en place une coopération plus efficace entre les cellules de renseignement militaire, mais aussi et surtout prendre en compte les dimensions politiques, économiques et sociales du fléau du terrorisme, l’une des nombreuses pistes de solutions recommandées aujourd’hui.

En effet, les participants ont convenu que le chômage des jeunes, l’inadéquation entre la formation et l’emploi, le retard de développement dans les zones rurales lié notamment au manque d’infrastructures de base, à l’insécurité alimentaire et à la faiblesse des revenus, entre autres fléaux sociaux,sont des terreaux fertiles à la prolifération du terrorisme, et donc qu’« une bonne stratégie de lutte contre le terrorisme doit aller au-delà de l’action militaire pour prendre en compte les dimensions politiques, économiques et sociales ». C’est à ce niveau que le Col Yark Damehame s’est produit, parlant de la fameuse refondation des forces de défense et de sécurité, mais aussi d’une solution originale, le mandat social de Faure Gnassingbé pour éradiquer le terrorisme.

« Dans son intervention, le Colonel Yark Damehane, ministre togolais de la Sécurité, a indiqué que son pays, conscient de cet état de chose, sous la houlette de son Président Faure Gnassingbé, travaillait déjà dans ce sens. Il a notamment parlé du nouveau mandat du chef de l’Etat axé sur le social avec la mise en œuvre du dernier Programme d’Urgence de Développement Communautaire (PUDC) pour combattre plus efficacement la pauvreté, un des facteurs du terrorisme », rapporte le (nouveau) site de la République, republiquetogolaise.com, sous le titre « 6ème réunion de la CEN-SAD : le Togo table sur le mandat social pour éloigner le spectre du terrorisme ».

Un mandat social sur le papier

« Est-ce de la plaisanterie ? », peste un compatriote devant cette solution assez originale au terrorisme. « Solution made in Togo », « recette made by Faure », voilà d’autres commentaires. Le mandat social pour éloigner le spectre du terrorisme, faut-il rire ou pleurer ?

On a en tout cas toutes les raisons de tiquer devant cette sortie de l’officiel togolais à Abidjan. Elle a tout de même le mérite de prouver que le mandat social chanté par Faure Gnassingbé a une vertu autre que celle générique que l’on lui connait, permettre de satisfaire les besoins des populations togolaises et leur faire jouir du bien-être. « L’autre vertu thérapeutique du mandat social »,glose un confrère pour apprécier la sortie du ministre et la solution originale et inédite, sous un air moqueur.

S’il est constant que dans la recherche des pistes de solutions à la prolifération du terrorisme, il est conseillé aux Etats de s’occuper des questions sociales, satisfaire les besoins des populations, lutter contre le chômage des jeunes qui les pousse vers des solutions extrêmes et dans les bras des jihadistes qui leur font miroiter des choses, tout a en effet l’air d’une plaisanterie. Car le fameux social est plus une incantation et une promesse électorale qu’un véritable projet social. Sur le terrain, c’est un euphémisme de dire qu’il est inexistant. On est presqu’à mi-quinquennat 2015-2020 que Faure Gnassingbé a déclamé avoir placé sous le sceau du social, mais difficile d’en trouver trace dans le vécu quotidien des populations togolaises. Au contraire, ce mandat social se fait à coup de saignement des populations. Hausses intempestives des prix des produits pétroliers, flambée des prix des produits de grande consommation, harcèlement des opérateurs économiques et étouffement des initiatives privées chez les jeunes par l’arme OTR, traque sans merci contre la vente du carburant de contrebande qui nourrit tout de même ses acteurs…en voilà plutôt les caractéristiques.

Au cours de ce mandat qui se veut social, les gouvernants sont restés opaques aux cris des enseignants qui ont dû débrayer durant de longs mois depuis la rentrée, mettant en péril l’année scolaire et l’avenir de la jeunesse, les hôpitaux sont tout autant dégarnis…Pendant que les populations attendent la prise en compte de leurs besoins et qu’on leur oppose l’alibi de manque d’argent, on en trouve suffisamment pour organiser des sommets dont l’utilité pour le citoyen lambda est inexistante. Après avoir gaspillé 5,5 milliards de FCFA dans la tenue du fameux sommet sur la sécurité maritime en octobre 2016, Faure Gnassingbé s’apprête à casser à nouveau la tirelire pour organiser le sommet Israël-Afrique en octobre prochain.

Quant au Programme d’urgence de développement communautaire vanté à Abidjan par le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, ses objectifs proclamés sont assez clinquants. Le PUDC ambitionne de contribuer à l’amélioration significative des conditions de vie des populations vivant dans les zones peu ou mal desservies par les infrastructures et services sociaux et économiques de base et à la réduction des inégalités sociales au Togo, bref lutter contre la pauvreté. Mais à l’instar des autres projets, programmes et initiatives criés sur tous les toits, il n’aura aucune prise sur la pauvreté et la misère de la plèbe. Pendant ce temps, au sommet de l’Etat, la minorité continue d’accaparer les ressources nationales à son profit et laisse les populations dans l’indigence.

Il est plus que clair aujourd’hui que le mandat social n’était qu’une simple promesse électorale pour embobiner les électeurs, une escroquerie intellectuelle en règle des populations…Aucune matérialisation sur le terrain. En faire une soi-disant recette pour lutter contre le terrorisme a de grandes allures de…plaisanterie.

Source : Tino Kossi, Liberté

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