Le Fils de Gnassingbé Eyadéma continue le culte de son père à Kara

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Misère ambiante, manque d’infrastructures essentielles, absence d’eau potable, Centres hospitaliers sous équipés et érigés en mouroirs, précarité ; les maux dont souffre la population de la ville de Kara à 416 km au nord de Lomé, sont énormes et à l’image du pays. C’est dans ce décor, qu’on peut mieux percevoir le monument que Faure Gnassingbé dresse en l’honneur de son feu père sur un interminable chantier de complaisance.

Dans l’Ethique à Nicomaque, Aristote révélait : « Il est aussi dans l’intérêt d’un tyran de garder son peuple pauvre, pour qu’il soit si occupé à ses tâches quotidiennes qu’il n’aie pas de temps pour la rébellion ».

Aujourd’hui, le Togo en est l’ultime illustration. En juillet 2016, lorsque Faure Gnassingbé inaugurait ce qu’il avait appelé la « place Gnassingbé Eyadéma » au Palais des Congrès de Kara, toute l’opinion s’était insurgée contre ce qui était vue comme un mépris pour le peuple. Les uns et les autres s’interrogeaient sur le sens moral de ce président qui érigeait des stèles en marbre avec des millions de F CFA, alors que les femmes accouchaient à même le sol dans les hôpitaux, et qu’on vend à prix d’or le paracétamol ou l’alcool médical dans ces centres de soins délabrés.

Le chien aboie, la caravane passe. Qui aurait cru que c’est bien à ce moment même que Faure Gnassingbé allait lancer cet énorme chantier bien gardé par un civil et des militaires au Palais des Congrès, interdisant photos et accès à tout passant curieux.

Deux grands bassins d’eau alimentés par un forage à haut débit d’eau rythmée par 374 lignes de jets d’eau et 332 lampes qui dessinent des faisceaux lumineux aux couleurs du drapeau togolais sont dressés au pied de l’ouvrage alors qu’un autre bassin et de système de jet d’eau existe déjà tout prêt. Pendant ce temps, les populations se partage les eaux boueuses des rivières environnantes avec les animaux et les déchets.

Au même moment, les militaires de Faure Gnassingbé, lui-même ministre de la Défense, ont tiré à balles réelles sur les populations à Lomé le 28 Février dernier, entrainant un mort et des blessés, des hommes et femmes qui manifestaient mains vides contre une nouvelle flambée des prix de produits pétroliers et la vie chère dans le pays. Le gouvernement se plaignait alors de dépenser 2 milliards pour subventionner les produits pétroliers. Qu’est-ce que cela représente à côté des richesses que pille et amasse la minorité tous les jours ?

Quand il s’agit de dépenser pour le la gloire du feu dictateur Gnassingbé Eyadéma qui a régné pendant 38 ans sur le Togo sans construire d’hôpitaux, Faure Gnassingbé est prêt à débourser des fortunes au grand dam du contribuable. Le chantier de la « place Gnassingbé Eyadéma » à Kara, a été confié à deux entreprises : CENTRO et une société chinoise ; c’est dire que ce n’est pas une petite histoire et que mine de rien, des milliards y seront déjà passés alors que le chantier est loin d’être achevé.

Il faut surement attendre Juillet pour voir à quoi auront servi ces sommes faramineuses. En attendant, les députés touchent tranquillement leurs salaires revus à la hausse il y a plus d’un an et échafaudent des plans pour se faire réélire par le peuple en 2018. Et pourtant, il y a des atrocités et ces hommes et femmes qui se disent élus représentants du peuple, devraient remuer ciel et terre pour que Faure Gnassingbé s’explique sur son insensibilité devant la misère ambiante dans le pays et surtout, ses motivations en donnant ordre de tirer sur les populations en dépit de la loi sur la liberté de manifester au Togo.

A.Lemou

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