Hôpital de Bè : L’autre mouroir de Lomé

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L’hôpital de Bè, l’une des grandes formations sanitaires de la capitale togolaise est en train de devenir un lieu qui fait peur aux malades et à leurs proches. Et pour cause, certains médecins font la pluie et le beau temps dans cet hôpital oubliant même qu’ils ont prêté serment pour sauver des vies.

Créé pour être l’une des grandes formations du district sanitaire No3 à Lomé, l’hôpital de Bè est tombé depuis un temps dans une déliquescence jusqu’à se transformer, aujourd’hui, en pétaudière où les médecins font la loi sous les yeux des premiers responsables qui sont muets comme une carpe. Déjà en 2015, la presse a largement fait écho des dérives qui se produisent quotidiennement dans cet hôpital très fréquenté.

Mais les autorités semblent ne pas porter une attention particulière à la situation.

Gestion approximative…

Dans le district sanitaire No 3, les hôpitaux répondant aux exigences d’hôpital sont rares. A part la clinique Biasa, Autel d’Eli et l’hôpital de Bè, le district ne compte plus aucun centre hospitalier digne de ce nom. Les deux premiers étant des formations sanitaires privées, ils sont donc réservés aux citoyens qui ont une certaine aisance financière. Du coup, c’est vers l’hôpital de Bè que les moins nantis se dirigent. Ainsi, ce centre affiche souvent complet. Ceci étant, les fonds ne devraient pas manquer dans les caisses pour entretenir cet hôpital et le doter des équipements acceptables pour soulager les patients qui y recourent. Mais le constat est plutôt contraire.

En premier lieu, le bâtiment de l’hôpital est dans un état de délabrement total. Les murs sont fissurés par endroits. Le bâtiment de la pédiatrie par exemple, peut quant à lui s’écrouler à tout moment. Dans certaines chambres, on peut voir la dalle fissurée. Des circuits électriques qui sont laissés à l’emporte pièce au-dessus des malades. « Dans cet hôpital… c’est du n’importe quoi. Il n’y a pas de lit, de chaises, des malades se retrouvent trois ou quatre sur un même lit. Au niveau de la maternité, des femmes enceintes et celles qui viennent d’accoucher se regroupent à trois sur un même lit. Les nouveaux nés sont entassés 5 sur un même l it. Nous les accompagnants des malades nous sommes obligés parfois si nous ne trouvons aucune place pour poser nos fesses de rester debout tout le temps. C’est vraiment déplorable », relate une dame dont la fille a récemment accouché dans cet hôpital. L’on se demande comment, un hôpital qui accueille autant de monde ne peut pas disposer de simples lits. Les responsables de l’hôpital de Bè ont souvent cherché à se cacher derrière la pléthore de malades qu’ils accueillent. Mais c’est un argument sans fondement en ce sens que, les années de recettes accumulées devraient leurs permettre de pouvoir faire des investissements dans les équipements et la construction d’autres salles. En outre, le bâtiment n’est pas entretenu comme il faut. Si non, comment expliquer les fissures dans les balles. Tout ceci est sans aucun doute le fruit des années de gestion très approximative. Mais ce ne sont pas les seuls problèmes dans cet hôpital où visiblement tout manque.

Des médecins, vendeurs de médicaments

Loin d’être traité confortablement, les patients et leurs accompagnants doivent aussi s’accommoder aux humeurs et bon vouloirs de certains médecins. En effet, certains médecins intervenants dans cet hôpital pensent plutôt à leurs poches, en premier, plutôt qu’au rétablissement des malades. Ces médecins véreux ont instauré des systèmes d’escroquerie et d’arnaque à travers des ventes de médicaments. Le système est décrit ici par un homme dont l’épouse a passé trois semaines dans cet hôpital. « Les médecins vous donnent une ordonnance, ils disent que certains médicaments sont avec eux donc tu n’as qu’à donner l’argent. Soit quand vous avez amené les médicaments, ils gardent certains qu’ils vont par la suite vendre à d’autres patients. Si vous revendiquez ou vous refusez d’acheter les médicaments chez eux, votre malade ne va pas être suivi comme il faut. Pour la moindre chose, ils vont commencer par vous injuriez. Mais si vous payez les médicaments chez eux, c’est l’attente cordiale. C’est dommage que les gens qui sont sensés sauver des vies se comportent de la sorte », a expliqué ce citoyen indigné.

La semaine dernière, selon les témoignages recueillis un enfant est mort par pure négligence des médecins. Alors que l’enfant suffoquait la nuit, sa mère est allée rapidement chercher les médecins qui étaient de garde. Ces derniers lui ont d it qu’ils arrivent. Des minutes ont passé, les médecins ne sont pas arrivés. La dame a dû retourner les appeler. Et c’est seulement après cette énième interpellation que le médecin est venu examiner l’enfant. Puis, il est reparti. Pendant ce temps, la respiration du malade a commencé par faiblir. La dame en larme est retournée appeler le médecin mais ce dernier ne viendra pas immédiatement. Quelques minutes plus tard, ils sont venir à deux voir l’enfant. Mais ce dernier a déjà rendu l’âme. Mal heureusement, ces genres de scènes sont désormais légions à l’hôpital de Bè. Cet enfant aurait pu être sauvé ? Seul Dieu le sait. Mais le comportement des médecins qui étaient de garde ce jour-là, laissent entrevoir de la nonchalance dans la prise en charge de cet enfant. Voilà comment les patients perdent la vie à l’hôpital de Bè.

Aux autorités sanitaires, de venir rapidement aux secours des malades qui recourent à cet hôpital. Au risque de voir les médecins continuer de faire leur business pendant que des malades qui auraient pu être sauvés succombent.

Koffi Miboussomékpo/Fraternité

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