Exploitation des mines au Togo : La malédiction d’être un autochtone

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Exploitation des mines au Togo : La malédiction d’être un autochtone

Etre autochtone dans une localité minière au Togo rime irrémédiablement avec la pauvreté. Cette situation est observée également dans plusieurs pays africains. Malgré une politique minière âprement définie, les populations ne voient pas les conséquences de la « bénédiction » dans leur vie. Pire, cette « bénédiction », au fil des années, se transforme en malédiction.

L’exploitation d’une ressource à grande échelle telle qu’elle soit, conduite de manière responsable est un puissant moteur de croissance durable. Par-delà ses répercussions en cascade sur l’emploi, les moyens d’existence et l’économie nationale, n’oublions pas que de sa pérennité et de sa croissance dépend directement et souvent exclusivement la survie de communautés entières. Mais pour parvenir à cette croissance, tous les acteurs concernés doivent établir entre eux des relations sur le long terme, empreintes de respect mutuel.

Une exploitation minière doit profiter économiquement et socialement à toutes les parties prenantes. Les travailleurs et la population locale comptent sur une offre d’emplois, de marchés locaux et de projets communautaires. Les autorités régionales et nationales sur les impôts et des investissements. Les investisseurs de capitaux sur des intérêts et des retours sur investissements proportionnels à leur prise de risque. Il suffit qu’un de ces acteurs retire son appui à ce type d’opération, pour que toutes les parties prenantes en subissent les conséquences. Mais tout cela demeure un rêve au Togo. Les populations autochtones des villages ou des villes dans lesquels les exploitations minières s’effectuent baignent dans la pauvreté.

Aujourd’hui au Togo, comme c’est d’ailleurs le cas dans plusieurs pays africains, les populations riveraines ne voient jamais la couleur de l’argent gé- néré par leurs terres. Alors que ce sont eux qui doivent bénéficier premièrement des retombées de leurs terres. Les cas des populations d’Abobo-Zéglé, qui n’ont même pas d’eau potable est un exemple concret. Pourtant, une bonne partie du phosphate togolais vient de chez eux. Ces populations restent dans la précarité et les infrastructures de bases à savoir les hôpitaux, école et les routes sont quasi inexistants ou dans un état de délabrement avancé. Au lieu que les populations se réjouissent des mines , elles se sentent plutôt maudites par l’existence sur leur sol d cette richesse. Privées de terre, ces populations locales ont toutes les peines du monde pour joindre les deux bouts et leur localité s’enlise dans la pauvreté. Pourtant l’extraction des richesses de cette terre permettent à d’autres personnes de s’enrichir et à l’Etat de renflouer ses caisses.

L’Etat essaie certes depuis un temps de solutionner le problème mais la situation reste pré- occupante.

Que dit la loi…?

La loi no2011-008 du 05 mai 2011 relative à la contribution des entreprises minières au développement local et régional a été votée il y a 5 ans. Les modalités d’application ont été également définies par un décret pris en Conseil des ministres, il y a quelques mois. Le décret en question détermine la nature et le montant de la contribution financière ainsi que la composition et le fonctionnent du comité de gestion de cette contribution. Ceci dans le respect des dispositions de la loi. En effet, l’article premier de la loi stipule : « Tout exploitant de ressources minières, titulaire de permis d’exploitation a grande ou à petite échelle ou titulaire d’une autorisation d’exploitation artisanale tel que défini par le code minier, est tenu de contribuer au développement local et régional ». Au sens de la présente loi, le terme «local» se rapporte au Village ou au canton concerné par l’exploitation et le terme «régional» se rapporte à la préfecture concernée par l’exploitation. La contribution consiste en une participation financière et en la réalisation d’œuvres socio-économiques et communautaires par l’exploitant dans la préfecture concernée par l’exploitation.

Il faut souligner que l’expropriation des terres pour des fins minières engendre des frustrations au sein des communautés. Cette frustration est quelques fois à la base des revendications violentes. Dans certains pays, elles deviennent des rébellions. Si la loi à la contribution des entreprises minières au développement local et régional est effectivement appliquée elle permettra surement au Togo de ne pas en arriver là.

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