Ecobank sollicitera l’accord de ses actionnaires pour une émission d’obligations convertibles de 400 millions $

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Ecobank Transnational Incorporated, qui est cotée sur les marchés financiers d’Abidjan, Lagos et Accra, cherchera à obtenir l’accord de ses actionnaires pour la mobilisation de 400 millions $ via l’émission de nouvelles obligations convertibles, au cours d’une assemblée générale extraordinaire prévue le 16 juin à Lomé au Togo.

Mieux lutter contre les créances douteuses et renforcer l’efficience opérationnelle

200 millions $ sur la ressource mobilisée, seront affectés au financement du comité ad-hoc, annoncé le 18 avril dernier par la banque, pour la prise en charge des créances douteuses, notamment celles provenant des acquisitions d’Ecobank sur son principal marché qu’est le Nigéria. Les autres 200 millions $ serviront à refinancer diverses dettes dues sur le court terme.

Ainsi, la holding parente du groupe qui est présent dans 38 pays africains, confirme sa volonté d’introduire plus d’efficience dans la gestion de ses créances douteuses au Nigéria, à travers l’octroi des moyens à l’entité spécifique qu’elle a créée à ce propos. Elle espère aussi améliorer la transparence dans la gestion de cette situation et provoquer un revers positif sur les activités dans son premier marché.

300 millions $ d’obligations seront proposés aux actionnaires existants, dont le groupe bancaire sud-africain Nedbank. Ce dernier est devenu premier actionnaire d’ETI avec 20% de participation à son capital, suite à l’exercice d’un droit d’option sur de précédentes obligations convertibles qu’il avait acquises.

Après ce placement préférentiel, les offres de souscription seront ouvertes à un panier plus large d’investisseurs. ETI propose pour cela un taux fixe de 6,46% au-dessus de la moyenne des taux sur trois mois, au niveau du marché interbancaire de Londres (LIBOR). L’emprunt aura une maturité de cinq ans.

Oublier une année 2016 difficile

L’année 2016 a été particulièrement complexe, pour le groupe qui a connu sa première perte depuis très longtemps, après avoir constitué volontairement des provisions importantes, pour faire face à l’encours de ses créances douteuses.

Plus globalement, les performances opérationnelles du groupe financier (qui inclut aussi les activités de banque d’investissement) n’ont pas été bonnes. Son directeur Général, Ade Ayeyemi, a blâmé les conditions difficiles d’exploitation au Nigéria, et l’appréciation du dollar américain (sa monnaie de référence) qui ont affecté la rentabilité sur l’ensemble de ses opérations en Afrique.

Mais les chiffres ont raconté une histoire légèrement différente. La marge nette des intérêts (différence entre les intérêts perçus et ceux payés à la clientèle) est restée quasiment stable à 1,1 milliard $ à la fin 2016, contre 1,14 milliard $ pour la même période en 2015. Malgré la poursuite de lourds investissements et l’amélioration des services, les revenus hors intérêts (frais et commissions) ont baissé à 865,8 millions $, contre 960,4 millions $ en 2015.

Les choses ne semblent pas s’être améliorées pour cette année 2017. Le premier trimestre aura été marqué par une baisse des revenus d’intérêts et des commissions, et une hausse des provisions pour cas financiers critiques. Le bénéfice net de la période recule de 28%, pris en dollars US. Mais pris en nairas, il progresse de 11%, pas assez cependant pour contrer la dévaluation de près de 45% du naira depuis juin 2016.

Le marché semble satisfait

Sur la BRVM d’Abidjan, l’action ETI est repartie à la hausse de 5,88% le 24 mai 2017, Les investisseurs ont certainement été séduits par l’offre de reconversion des obligations dont l’émission est soumise à l’adoption de l’AG extraordinaire. Elle propose des actions à 0,06$ contre seulement 0,025 $ actuellement.

Au-delà des défis structurels et conjoncturels que traverse la holding, ETI reste assis sur de bon fondamentaux. La base de son top 10 des actionnaires lui accorde encore sa confiance. On y retrouve des gros institutionnels, comme Qatar National Bank, Nedbank et des fonds gérés par la Société Financière Internationale (groupe Banque mondiale).

Enfin, le groupe a terminé l’exercice 2016, avec une trésorerie qui est demeurée positive à 2 milliards $. Le concours de ses actionnaires devrait lui permettre de faire encore reculer son endettement. Par ailleurs, en plus de la forte progression sur ses marchés francophones, ETI a investi sur des titres financiers et pourrait en tirer une certaine rentabilité en termes de plus-values.

Idriss Linge

Agence Ecofin