Des Togolais sur RFI : « Il va falloir que Faure Gnassingbé écoute son peuple et quitte le pouvoir »

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Dans l’émission « Appels sur l’actualité » sur RFI mardi, des Togolais se sont prononcés sur la répression des manifestations du PNP samedi 19 août dernier et sur la nécessité de faire les réformes avant qu’il ne soit trop tard. Lecture !

Réactions des Togolais dans l’émission de RFI « Appels sur l’actualité »

George : Samedi tôt le matin, nous étions sur la place là-bas. Mais avant notre arrivée, les forces de l’ordre étaient déjà sur place. Le temps de s’approcher, ils ont commencé par tirer les gaz lacrymogènes. On s’est retiré, mais on est revenu. Parce que nous voulons dire quelque chose à nos dirigeants. Il faut qu’ils fassent les réformes pour changer la Constitution, parce qu’on ne peut pas danser et s’apprécier à la fois. Ils sont en train de faire de leur mieux, mais ce n’est pas encore ça. Il faut que ça change ! Au moins si nous savons qu’il va avoir les élections et qu’il y aura une autre personne, on va rester tranquille. Nous ne voulons rien. Ils n’ont qu’à reformer la Constitution. Et quelqu’un d’autre va venir on va voir. Parce que la situation est difficile pour tout le monde. Tous ceux qui sont sortis ne sont pas des politiciens. Mais, ce sont des gens qui sont exaspérés…

Dominique : Permettez que nous nous inclinions devant la dépouille de tous ceux qui sont tombés lors de cette manifestation. Moi, je condamne la violence d’où qu’elle vienne. Mais, je voudrais aussi attirer l’attention de tous mes compatriotes sur la nécessité, autant de l’expression démocratique qui est la marche. Les revendications sont normales, ça fait partie d’une expression démocratique. Mais autant aussi le respect des principes démocratiques surtout lorsqu’on définit l’itinéraire d’une marche. Autant le parti politique voulait exprimer son opinion, autant il y a des citoyens qui vaquent à leurs occupations. Si c’est vrai que les forces de l’ordre ont exercé de la violence sur les manifestants, on va les condamner. Mais nous avons vu également les manifestants qui ont molesté les forces de l’ordre, qui leur avaient arraché les armes et qu’ils l’auraient brandi comme des trophées de guerre. On a vu des forces de l’ordre qu’on a défiguré. Les images circulent toujours sur les réseaux sociaux. Notre pays, c’est vrai, a besoin d’avancer dans le processus démocratique.

George : Quand vous allez pour marcher les mains nues, vous voyez un policier qui vous tire dessus, si vous avez l’occasion de le désarmer, qu’est-ce que vous allez faire ?… Moi je n’étais pas à Sokodé. Je ne sais pas ce qui s’est passé à Sokodé. Mais avant que les manifestants n’aillent au Commissariat et le saccagé, si rien n’était passé, ils n’allaient poser ces actes de vandalisme. Ils n’allaient pas saccager le Commissariat. Ce n’est pas possible. Ceux qui sont partis pour marcher ne sont pas des bêtes. Ce sont des gens qui réfléchissent, sinon ils ne seraient pas sortis. S’il ne s’est rien passé pour que le Commissariat soit saccagé, il ne serait pas saccagé.

Fabrice : Les revendications de l’opposition sont connues de tous, notamment en ce qui concerne les réformes Institutionnelles et Constitutionnelles. D’ailleurs, ce n’est pas seulement l’opposition qui réclame ces réformes-là. Le pouvoir a également ces réformes dans ses agendas. Sauf qu’on ne s’entend pas sur la manière dont il faut y arriver. Du côté de l’opposition, on estime que ça tarde trop. Mais aujourd’hui, il faut dire qu’en ce qui concerne les objectifs de la marche du samedi dernier, on est d’accord pour dire qu’il faut faire les réformes. C’est vrai que le PNP parle du retour à la Constitution de 1992 avec le vote de la diaspora. Quand vous prenez les autres partis de l’opposition, notamment le CAR, lui, parle des réformes prescrites par l’APG. Du côté de l’opposition, ça prend du temps. Mais du côté du pouvoir, ils ont mis en place une Commission qui travaille. Et là, à ce niveau, il faut dire qu’on a l’impression que ça piétine un peu. Parce qu’actuellement, cette commission est en tournée dans le pays pour recueillir l’avis des Togolais. Il faut dire qu’en ce qui concerne cette Commission, l’idée n’est pas mauvaise dans la mesure où à chaque fois qu’on se retrouve, les acteurs politiques pour discuter des réformes, chacun prêchait pour sa chapelle. Raison pour laquelle, il a fallu mettre sur pied, une Commission censée être neutre. Et je crois qu’aujourd’hui tous les Togolais attendent que cette Commission fasse une toute première proposition, ne serait-ce qu’alimenter le débat au sein de la classe politique pour qu’on sache en réalité qu’est-ce que cette Commission propose quand on parle de réformes en profondeur, puisqu’en réalité, c’est ce qui tient à cœur au chef de l’Etat, parce que pour les autres partis de l’opposition, on brandit beaucoup plus la limitation des mandats et les scrutins à deux tours. Et c’est ce qui était contenu dans la Constitution de 1992. Donc aujourd’hui, il faut aller à des réformes en profondeur. Elles sont nombreuses, et il y a beaucoup de problèmes à régler. Mais, j’avoue qu’aujourd’hui la Commission serait allée un peu plus vite qu’on aurait évité les marches du samedi dernier qui ne réclamait rien que les réformes. Même si sur le terrain, on a regretté un peu le caractère violent des manifestations, surtout à Sokodé.

Abel : Nous avons l’impression que le parti au pouvoir cherche à gagner du temps à chaque fois en multipliant des Commissions sur Commissions, alors qu’ils sont majoritaires à l’Assemblée Nationale, et avec une initiative prise, ne serait-ce que par leurs propres députés de concert avec les députés de l’opposition, ces réformes pourraient être opérées dans un bref délai. On nous fait savoir que ce sont les intellectuels qui devront réfléchir sur ces questions de réformes. Or, nous savons très bien que la Commission qui a été mise en place est constituée d’intellectuels, mais nous connaissons très bien ces intellectuels qui ne cachent jamais leur envie de soutenir le régime en place, et donc toute la population est vraiment dubitative sur les travaux de cette commission, c’est ce qui, d’ailleurs, à pousser les milliers de Togolais à descendre dans les rues le samedi dernier avec tout ce qui s’en est suivi. Dire que les Togolais ont confiance en cette commission, c’est trop vite allé en besogne. La question n’est pas que l’opposition participe ou non, mais la question est que la proposition que doit faire cette commission puissent aller dans le sens de ce que demande la majorité de la population, qui est d’ailleurs la transparence au niveau des élections et des réformes au niveau des institutions du pays, à savoir la Cours constitutionnelle, la CENI et pourquoi pas l’armée. Et donc si cette commission ne va pas en profondeur en proposant des trucs concrets à la population, vous voyez que ce serait difficile que les populations puissent accepter les travaux de cette commission qui, d’ores et déjà, est en train d’aller à l’encontre des propositions de la population sur le scrutin uninominal à deux tours. Toute la population est totalement dans le doute. Nous attendons les résultats pour voir si ce que cette commission va nous proposer sera une meilleure chose.

Commentaire d’Ibrahim sur Facebook : la Commission créée par le président de la République togolaise n’a pas sa raison d’être. Lors de sa tournée dans tout le pays, cette Commission n’a pas reçu l’approbation de la population.

Paul : Depuis l’Accord Politique Global en 2006, les grandes lignes de toutes les réformes sont tracées. Toutes les Commissions et les rencontres qui ont suivi, vous prenez les conclusions de ces commissions, vous verrez que toutes les grandes lignes sont tracées. Le Togolais demande seulement au pouvoir en place, et ce depuis 12 ans, de réunir une Commission constituante qui va écrire la nouvelle Constitution et faire toutes les réformes Constitutionnelles et Institutionnelles…

Est-ce que la rue est leseul moyen pour avancer les choses? En tout cas, quand on arrive là, c’est un constat d’échec pour le pouvoir en place. Faut-il rappeler ou que le peuple se souvient des massacres de 2005 qui ont conduit Faure au pouvoir, en faisant d’Atakpamé le plus grand bain de sang. Les Togolais se disent que ce pouvoir ne connait que la violence. Tous les arguments, toutes Commissions, toutes les rencontres, excusez-moi l’expression, le pouvoir s’en tape royalement et gagne du temps.

Si le peuple tout entier se mobilise dans la rue, le peuple a souvent moins tort qu’on ne le pense. C’est la classe dirigeante qui a le plus tort. Et donc la vérité du peuple, c’est la vérité de Dieu. Le pouvoir en place devrait écouter le peuple. C’est ma conviction la plus profonde….

Joseph sur Facebook écrit : La démocratie au Togo est nulle, il y a d’abord le découpage électorale qui est inégal, le scrutin à un tour, les mandats sans limite et surtout la confiscation de tous les leviers du pouvoir par le même clan depuis 50 ans. Le président Faure ferait bien d’écouter le peuple. Le Burkina et la CPI ne sont pas loin.

Samuel : Avant de continuer, permettez que je m’incline devant la mémoire des compatriotes qui sont tombés lors des manifestations du 19 août dernier. C’est vrai, il y a une fusion des partis de l’opposition qui s’accordent à manifester encore d’avantage et je crois que si les manifestations ne sont que celles-là pour réclamer les réformes, il n’y a pas de problème. Et si la manifestation est citoyenne et elle s’inscrit dans le respect des dispositions légales qui s’accorde au texte sur les manifestations dans le pays, il n’y aura pas du tout de problème. Mais lorsqu’il y a débordement, il y a des dégâts, il y a perte de vies humaines, je crois qu’on doit s’arrêter pour se poser des questions.

Je voudrais bien respecter les instructions de l’Etat, mais je crois que cette commission a été une Commission de trop. J’ai l’impression qu’il y a de dilatoire autour du chef de l’Etat qui, ma foi, a fait aveuglement confiance à ses collaborateurs qui ne lui disent pas la vérité de ce que le peuple veut aujourd’hui. Il est urgent d’aller très vite aux réformes. Les réformes ne profiteront qu’à ce régime qui est déjà en place, qui est bien installé dans tout le pays et qui n’a rien à perdre …

Cette tournée de la Commission est un moyen, mais j’avoue qu’avec tous les respects que j’ai pour l’autorité, c’est un moyen de trop.

Jacob : Exactement, je suis de même avis que Samuel, cette Commission n’a pas lieu d’être. La présidente de la Commission, Madame Awa Nana a déjà pris position pour le pouvoir en place, parce qu’on a eu à l’entendre. Elle a dit, concernant les élections à deux tours, que le Togo n’a pas les moyens d’organiser les élections à deux tours. Vous voyez déjà, donc cette commission n’a pas lieu d’être. Demander les élections à deux tours ou le vote de la diaspora ainsi que le retour de constitution de 1992, est ce que cela mérite la mort de l’être humain ?

Ce qui se passe au Togo c’est trop. Il faut que ce régime écoute le peuple, il est temps que ce régime cinquantenaire dégage. Nous n’en voulons plus. Le peuple est fatigué. C’est le ras-le-bol total. Il va falloir que Faure Gnassingbé écoute son peuple et quitte le pouvoir.

Transcrit par la Rédaction

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